Je viens de me réveiller je regarde la place à coté, cela fait des années que je ne dors plus au milieu et mon chat doit croire que c’est devenu pour lui au moment du lever, il vient me signifier que c’est l’heure de son repas, d’autre temps d’autres heures il avait sa panière, les animaux ne viennent pas dans la chambre, elle n’aurait pas aimé. Mon rêve s’est déroulé comme presque tous les soirs, chaque nuit je revis un moment quelques heures de mémoire du temps ou elle était avec moi et le félin en profite, il a pris la place vide je me suis laissé faire ces dernières années. Je me lève pour aller lui remplir son écuelle et je vais déjeuner juste après, mes journées sont rythmées par la lecture des nouvelles projetées sur le mur du salon, je n’ai pas envie de lire ce matin, je commande l’écran pour un fond de campagne, mais sans bruits, je vais sans doute prendre un des livres qui me restent, surtout pas une tablette je n’arrive pas à me faire à caresser l’écran plutôt que tourner les pages encore une de mes habitudes qui ferait sourire mes enfants, ce serait gagner de la place d’après eux, mais entre le chat et moi il n’y pas besoin de plus.
L’attente jusqu’à ce soir va me paraitre longue, comme hier et tous les autres jours, je n’attends que la nuit pour pouvoir revenir en arrière, ce n’était pas évident il y a près de deux ans, beaucoup avaient crû comme moi qu’il suffisait d’avaler les pilules pour remonter le temps, j’ai voulu comme certains éviter les stages de retour, mais il a fallu y passer comme tout le monde pour que l’on nous explique qu’il y a certaines contraintes, qu’il ne suffit pas de penser au moment que l’on veut retrouver. J’ai mis un certain temps à visualiser correctement, on nous a expliqué qu’il n’y a pas que l’instant que l’on veut retrouver, il faut être progressif, reculer par paliers, quelques rares personnes y arrivent du premier coup, mais moi il m’a fallu des mois pour provoquer mes cellules, d’abord une journée en arrière, une semaine, un mois, pour que la reminiscence s’habitue et retrouve ce qui a été fait, poser un souvenir récent, non pas un visage ou un endroit, mais une chose particulière qui habille un moment, tout un environnement, ce que je n’avais pas bien saisi au début, en avançant dans le temps, on embellit tellement le passé qu’on croyait, qu’il nous manque des détails et les cellules ne peuvent pas retrouver ce qui n’a jamais existé, et je me dois d’avouer que Ricard m’a aidé, il m’a servi de fil conducteur au début, quand je lui servais un demi repas, il se mettait à miauler il avait encore faim, quand je ne servais rien il se mettait à chercher ou était son repas, ou quelque chose qu’il n’aimait pas, ça m’a beaucoup amusé, lui un peu moins, et ensuite d’autres souvenirs marquants, les passages de ma fille ou mon fils des mois auparavant, un objet qui tombe et plein d’autres choses remarquables. Petit à petit j’ai ainsi peaufiné mes souvenirs, quand je suis projeté en arrière je retrouve les souvenirs des autres jours précédents, bien sur il y a une limite c’est celle de la pensée consciente, on pourra jamais revenir aux très jeunes années ou au moment de la naissance certains disent qu’ils l’ont fait, ils le disent après il faut le prouver.