Il n’y plus rien. Cette falaise est le bout du monde. De nôtre monde.
Le Soleil me brûle la peau, je suis assoiffée… et mortifiée face à cette réalité. Je n’ai pas voulu y croire. Ce n’était pas concevable. Je me souviens encore du bruit des voitures, de la traces du passages des avions dans le ciel, de l’odeur des mélanges de transpiration de fin de journée dans le métro. J’aimais quand on se faisait bousculer dans la foule et que nos corps n’en formaient plus qu’un pour manifester. Je me souviens de se besoin de se battre, de défendre quelque chose de grand. Nos besoins, notre dignité… Je ne sais pas s’il serait bon que tout cela me manque. Ici. Maintenant. Il n’y a plus rien. Tout s’est effondré d’un coup. On était poussière et on redevient poussière.
J’ai traversé le monde avec toi, j’étais animé – ce n’est pas si loin – d’une forme d’espoir. Oui, un espoir de retrouver le monde que j’ai connu. Imparfait mais familier. Mais il n’y a plus rien. Je ne suis pas croyante et je n’ai jamais vraiment chercher de sens à ma vie, mais là, je ne comprends pas le sens à ma non mort. Pourquoi ? J’ai vraiment traverser le monde pour sauter de cette falaise ? J’ai été des plus naïve et c’est cela qui m’a fait vivre plus longtemps ? Mais pourquoi ? Cette conscientisation ne sert à rien, là, maintenant ! Hormis à me rendre folle, toute seule.
Mais c’est faux. Tu es là toi. Et tu ne sembles pas avoir envie de sauter. Il n’y a pas d’espoir non plus. Rien à quoi se raccrocher. Mais tu me souris, doucement.
– On va essayer de chercher un truc à manger ?