SEPT — ALEXANDRE
Je n’aurais pas dû secourir Léane, mais je ne regrettais rien, car je savais que si je n’étais pas intervenu personne ne l’aurait fait et elle aurait risqué sa vie. Mon père était médecin, et ils nous avaient appris les gestes de premiers secours très tôt.
Je suis parti aussitôt par le grillage de derrière qui était très facile à escalader en toute discrétion. Et je suis allé dans le parc où je me suis allongé dans l’herbe.
Il y a du sang sur le sol. Le visage sans vie de Maman me regarde. Papa hurle de douleur, l’homme lui a coupé un doigt. Il s’approche de moi avec le bout de main et dit :
– Regarde, c’est un morceau de ton papa. Garde-le pour te souvenir de moi.
Et il met le doigt dans la poche de mon pyjama.
Finalement il coupe la main de Papa. Je la vois tomber sur le sol, éclaboussant le parquet de sang.
L’homme approche à nouveau son couteau de Papa. Et il lui coupe la gorge. Le sang me gicle au visage. Papa me regarde. Sébastien crie.
Je me réveillai en sursaut. Je m’étais endormi sur l’herbe, et j’avais encore fait un cauchemar. Je pris quelques minutes pour me calmer et regardai ma montre, il était seize heures et quart. Je pouvais rentrer sans que Sébastien ne me pose de question.
Lorsque j’entrai dans l’appartement, il était vide. Il y avait un mot sur la table :
Je suis parti boire un verre, je rentrerai tard, ne m’attends pas. Séb.
Il était encore aller boire.
Alors que j’avais décider de cacher mes émotions pour faire comme si je ne ressentais rien, Sébastien avait préféré tenter d’oublier dans l’alcool. Souvent, il allait au bar pour se saouler. Quatre jours auparavant, je l’avais trouvé au matin sur le pas de la porte taché de vomi. Je lui avais déjà dit que je n’approuvais pas mais il ne m’écoutait pas, selon lui, il était assez mature pour se gérer.
Aujourd’hui, encore, je mangerai seul avec mes sombres pensées.
Je ne dormis presque pas cette nuit. Dès que je fermai les yeux je voyais le sang qui giclait.
Le lendemain matin, j’étais épuisé, mais il fallait que j’aille au collège. J’avais déjà sauté les cours de l’après-midi la veille, je ne pouvais pas me permettre d’être absent.
Les cours de technologie et de musique furent long mais je tint le coup.
L’heure suivante était mathématique. Et la voix envoûtante de M. Bacheux me poussait au sommeil. Je ne résistai pas longtemps, un quart d’heure après le début du cours je dormais déjà.
Les corps de Maman et Papa jonchent le sol. L’homme s’approchent d’une troisième silhouette qui était, jusque là, dans l’ombre. Il l’amène à la lumière et je reconnais Maëlle. Elle pleure et me regarde, suppliante. Mais je ne peux rien faire. L’homme amène le couteau déjà ensanglanté vers sa gorge. Elle gémit. Il donne un coup sec, le sang gicle, et elle s’écroule.
Je me réveille en criant. Je n’avais jamais fait ce rêve. Je me lève et range mon matériel dans mon sac au plus vite. Toute la classe s’est arrêtée mais je m’en fiche. Maëlle me regarde curieusement mais je l’ignore car je sais que si je la regarde, je vais perdre les pédales. Mon sac est fermé, je risque un coup d’œil vers ma voisine, je crois que mon regard pénétrant lui fait peur. Je m’enfuis. La porte claque quand je la ferme et je cours.