DIX-NEUF — ALEXANDRE
Maëlle m’avait empêcher de mourir. Elle m’avait convaincu de vivre. Je savais maintenant que Maëlle était une déesse tentatrice et que je ne pourrai jamais lui résister.
Lorsque j’étais entré dans la chambre 315, et que j’avais vu mon frère allongé sur ce lit, tout propre. J’aurais pu croire qu’il était simplement endormi, qu’il allait se réveiller comme il y a deux semaines. Mais je n’entendais pas le bip-bip rassurant des battements de son cœur. Il était parti, il m’avait abandonné. Et j’avais décidé de vivre, de lui pardonner.
Je caressai tendrement sa joue froide, ses yeux étaient fermés. Et je pouvais presque l’entendre dire : « Je suis désolé. Je t’aime ».
– Je te pardonne Séb, dis-je tout bas. Et je t’aimerai toujours. Fais bon voyage.
Et je l’embrassai sur le front.
Je sortis brusquement de la chambre, mon ange gardien sur les talons. J’avais dit adieu à mon frère, je devais maintenant le laisser partir.
Cela faisait trois jours que mon frère était mort, l’enterrement avait eu lieu la veille. Ç’avait été très simple, juste le prêtre, Maëlle et moi. Nous avions fait le voyage aller-retour d’Ivry-sur-Seine jusqu’à Annecy dans la journée pour qu’il repose auprès de mes parents.
Nous étions maintenant dans l’appartement, dans la chambre. Je fouillai sous le lit de mon frère, mais il était vide.
– Tu es sûr qu’il a laissé un testament ? me demanda doucement Maëlle.
– Oui.
Quand il m’avait dit ses dernières paroles, j’avais lu dans ses yeux qu’il savait que cela arriverait. Alors, il avait certainement laissé ses dernières volontés quelque part. Mais je ne trouvais rien. Énervé, je donnai un coup dans l’oreiller qui tomba au sol. Mais… il y avait un bout de papier plié en quatre sur le lit. Sébastien avait caché son testament sous son oreiller !
Je me saisi du papier et l’ouvrit.
Cher Alexandre,
Si tu lis ces mots c’est que je ne pourrai pas te les dire de vive voix.
Petit frère, je t’aime tellement. Le jour où Papa et Maman sont morts, je me suis promis de prendre soin de toi. Mais, manifestement, j’ai échoué. Je suis vraiment désolé de t’abandonner, mais je ne suis pas assez fort.
Je m’interrompis dans ma lecture. « Je suis désolé. Je t’aime ».
Tu es vraiment un garçon incroyable. Et tu mérites mieux, bien mieux. Mais je ne suis pas à la hauteur, je ne suis pas à ta hauteur. Tu sais, j’ai toujours su que tu réussirai mieux que moi et je suis heureux de t’avoir eu comme petit frère.
Bon, un testament, normalement, ça sert à deux choses : à dire ce qu’il y a en héritage et à faire savoir une dernière volonté. Et tu n’as pas de chance car je ne t’ai pas laissé grand-chose et ma dernière volonté est très compliqué à réaliser. Mais je te fais confiance, je sais que tu y parviendras.
Premièrement, je te laisse de l’argent, j’ai un peu de fric sur mon compte (tu trouveras le code dans mes chaussettes porte-bonheur).
Sébastien était bien la seule personne au monde à avoir des chaussettes porte-bonheur et à y cacher le code de son compte bancaire. Je ris doucement, et une larmes coula sur ma joue.
Je te laisse ma collection de disques (je t’autorise même à les vendre si tu veux). Et je te laisse aussi la voiture, même si elle n’est pas vraiment à moi puisqu’elle est à Papa.
Je n’allais certainement pas vendre ses CD. Non, j’allais les écouter chaque jour pour penser à lui. Et, malheureusement, je n’allais pas pouvoir récupérer la voiture qui était déjà à la casse.
Voilà c’est tout ce que je te laisse, je sais ce n’est pas beaucoup, mais c’est tout ce que j’ai.
Maintenant, j’aimerais que tu fasses quelque chose pour moi, et pour Papa et Maman. Tu vois, je me suis toujours demandé pourquoi cinq hommes étaient venu tuer un couple. Ça paraît absurde, non ? Eh bien, je sais pourquoi. Il se trouve que le chef de la bande était le frère de Papa, celui qu’on croyait mort. Quand ils étaient jeunes, ils se détestaient, et quand il a eu dix-huit ans, et qu’il est parti, Paul (c’est le nom du frère) avait dit à Papa que s’il le revoyait une fois, il viendrait le tuer. Papa avait répondu que cela ne risquait pas d’arriver. Mais ils se sont recroisés, au magasin de voiture. C’est pour ça que Papa et Maman sont morts, à cause d’une dispute entre deux frères !
J’ai trouvé ces informations dans le journal de Papa qui était dans sa chambre (je l’ai récupéré peu après leur décès). Il est entre le sommier et le matelas de mon lit.
Je lâchai la lettre et soulevai le matelas. Il y avait bien un petit cahier rempli d’une belle écriture. Je repris la lettre.
Ta mission, si tu veux bien l’accepter, consiste à retrouver ce Paul et à le mettre derrière les barreaux.
Je t’aime.
Ton grand frère,
Séb.
PS : Ce message s’autodétruira dans cinq secondes.
Je ris. Sébastien était un grand fan de Mission Impossible et des agents secrets.
Mais la tâche qu’il me confiait n’allait pas être facile à réaliser. Et j’avais des problèmes plus urgents pour le moments. Je n’arrivai pas à croire que mon oncle ait tué mon père et ma mère.