♤♡ Let’s Play, together ! #1 Jared : Chapitre 1 ♡♤

4 mins

♤  Jared  ♤

18 mai 2018,

À l’hôtel, Paris.

Je ne sais pas quelle heure il est, mais le soleil est levé depuis un moment. De fins rayons de lumière traversent les rideaux de ma suite et réchauffent mon dos. J’ai la flemme de me lever. J’en ai marre de cette putain de vie dans sa globalité. De la musique et de moi, surtout. Je me hais, bordel ! Je me donne envie de gerber, rien qu’en me regardant dans un miroir. Comment est-ce que je peux être le fantasme de milliers de groupies ? Comment peuvent-elles me vénérer ? M’admirer ? Se battre pour passer une nuit avec moi et me donner le bon dieu sans confession ? Je ne mérite pas tout ça. Ni ma vie ni même mon talent, et encore moins d’être aimé. Je suis un subterfuge, un mirage, tant sur la scène qu’au quotidien. Je ne suis qu’une enveloppe charnelle habitée par le néant. 

Non, tu es un connard avec un grand C ! Te morfondre ne changera pas les choses et tu me gonfles à chialer dès le matin. 


Je t’emmerde ! Je fais ce que je veux et si t’es pas content, tu n’as qu’à dégager de mon épaule ! 


Mais c’est qu’elle est hargneuse la Rock Star… et non, je ne partirai pas. Je suis aux premières loges et c’est le pied ! 


Dégage ! 

Le petit diable sur mon épaule détale et me laisse seul avec mes pensées. Quant à l’ange de l’autre côté, il s’est barré depuis un moment. Pourtant, j’aurais bien besoin de ses conseils pour me sortir de cette galère, dans laquelle je suis embourbé jusqu’au cou depuis des mois. Pourquoi me suis-je laissé embarquer là-dedans ? Qu’est-ce qui m’a pris, bon sang ? J’ai eu une panne générale là-haut, ce jour-là ? 

Non. Tu as voulu faire ton malin et tu t’es fait baiser, dans tous les sens du terme. 


Qu’est-ce que tu fous encore là, toi !? Tu ne devais pas te casser !? 


Si. D’ailleurs, ton courrier ne va pas tarder à arriver. 

Énervé, je chasse ma mauvaise conscience de la main et je tourne la tête de l’autre côté. Sauf que la lumière du jour me brûle les yeux et m’oblige à les fermer. En plus, j’ai mal au crâne. J’ai trop picolé hier soir et j’ai à moitié la gueule de bois. Cependant, mon répit est de courte durée, car Elena, la « maman » de la tournée, vient frapper à ma porte. Cette femme est géniale ! Elle est aux petits soins pour nous tous. Même si son côté louve est chiant par moments. Surtout le matin… 

— Jared ! Lève-toi, c’est l’heure ! Ils t’attendent en bas pour le déjeuner, et Shane à quelque chose à vous dire à tous ! 

Qu’est-ce que je disais… Les réveils comme ça, je m’en passerais bien. Elle prendrait un mégaphone pour parler, le résultat serait le même. Et puis je me demande ce que mon paternel va encore nous pondre cette fois. Oui, parce qu’il se trouve que l’agent artistique/manager de notre groupe Virgin Scared, c’est mon père : Shane Green, une légende du rock indétrônable, adulée et respectée. Pourquoi ? Soi-disant pour me protéger. À la réflexion, je crois surtout qu’il voulait surveiller son rejeton instable, dégénéré et rebelle. Bref, ce n’est pas le sujet à l’heure actuelle. 

— Jared ! Ne m’oblige pas à rentrer et à te sortir du lit de force, tu m’entends !? insiste-t-elle. 

— C’est bon, putain ! Je me lève, deux minutes ! 

Je soupire, repousse la couette à contrecœur et me lève. J’enfile le premier jogging que je trouve et je vais ouvrir. 

— Ce n’est pas trop tôt ! 

Puis elle me dévisage longuement sans rien dire. Je dois avoir une sale gueule. Je n’ai quasiment pas dormi, je ne suis pas rasé, je sens l’alcool, le tabac et les vapeurs de ma cuite d’hier m’embrument le cerveau. 

— Tu es rentré tard, cette nuit. Tes sorties nocturnes sont de plus en plus longues, Jared. Tu vas avoir des problèmes, à force. 

Un « je suis déjà dans la merde. Donc, je ne suis plus à un problème près, maintenant » me frôle les lèvres, mais je me retiens. 

— Écoute, je sais que tu t’inquiètes pour moi, mais je t’assure que ça va. Je gère. 

— Non, tu sombres chaque jour qui passe. Fais attention, Jared, parce que tu es au bord du précipice et si tu chutes, tu risques de te perdre. 

— Ce n’est pas que je m’ennuie, mais j’ai une douche à prendre et je dois rejoindre les autres en bas. Donc si on pouvait accélérer le mouvement, ce serait cool. 

— Désolé. Tiens, tes aspirines, ta bouteille d’eau et ton courrier. 

— Merci, lui dis-je en récupérant le tout. À tout à l’heure, Elena. 

Je lui referme la porte au nez et je rejoins mon lit. Je me sers un verre d’eau et mets les aspirines effervescentes dedans, avant de regarder mon courrier, le cœur battant à un rythme effréné. J’ai des sueurs froides dans le dos et je tremble. Je fais le tour et finis par tomber sur cette foutue enveloppe. La même depuis des mois, sauf que le contenu change tous les jours. C’est devenu mon pire cauchemar. Un enfer quotidien que je dois garder sous silence. Endurer et subir pour protéger mes mensonges, mon manque de courage et ma supercherie, jusqu’à la fin. Il a suffi d’une nuit, d’un moment d’égarement et d’honnêteté envers moi-même pour que tout bascule. Pour que ma vie prenne un virage à cent quatre-vingts degrés et s’effondre. 

Putain de karma ! 

Je manipule ce pli scellé entre mes doigts. Je l’observe en long, en large et en travers avant de l’ouvrir. Fichu pour fichu de toute façon, autant que le couperet journalier tombe. Je sors la carte de la Dame de Cœur et les instructions habituelles. Je récupère aussi une clé USB contenant un extrait du film original qui a scellé mon destin et m’a amené à cette situation. 

J’inspire et expire profondément. J’essaie de faire taire les battements de mon cœur qui résonnent trop fort dans mes oreilles et ravale ma nausée. Puis, je me jette à l’eau. Je déplie la feuille rédigée et la lis : 

« Ce soir, 23 h. 


88 rue Saint-Roger 

Suite infernale 

Tenue du diable exigée. 


Mot de passe : Enfer » 

Connard ! Il fait de l’humour, maintenant. 


Au moins, il est cohérent et il s’est inspiré de ton univers. Tu devrais être content ? 


Bordel ! Mais quand est-ce que tu vas me foutre la paix !? 


Quand tu arrêteras de te voiler la face et que tu t’attaqueras au problème de fond. 


Je ne vois pas à quoi ça servirait… C’est trop tard ! 


Dixit le mec qui ne supporte plus le poids de ses mensonges et se plaint de la situation. 


Va te faire ! 

Une fois qu’il a disparu, je range tout dans mon sac sous le lit. J’avale mon remède contre la gueule de bois et je me traîne jusqu’à la salle de bain. 

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2 Commentaires
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Priscille Vanessa OFAKEM
4 années il y a

Merci pour le joli Rock Tempo.

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