• Katarina Strauss #1 La traque : Chapitre I •

4 mins

Il est neuf heures, une limousine s’arrête devant le bâtiment de Strauss Industries. Une tour de verre moderne, sophistiquée et luxueuse. À cette heure, certains employés sont déjà présents, tandis que d’autres arrivent. C’est un défilé de tailleurs et de costumes à l’image de cette entreprise. Les rues de New York à l’heure de pointe paraissent bien vides devant l’affluence aux portes de cet empire, où la concurrence est inexistante. Le chauffeur descend et ouvre la portière à la Présidente Directrice Générale du groupe. Deux agents de la sécurité rejoignent les abords de la voiture tandis qu’elle descend. Elle est suivie de son bras droit et de son garde du corps.

— Bonjour, Katarina, la salue un des agents de sécurité.

— Bonjour, Sergei. Y-a-t-il eu d’autres incidents cette nuit ?

— Non. Il n’y a rien eu à signaler.

— Est-ce qu’Irina est arrivée au bureau ?

— Oui, il y a une demi-heure. Elle vous attend.

— Espérons que cette petite sotte ait appris à différencier les cafés et à être organisée durant la nuit.

Le collègue de Sergei lui ouvre la porte et elle pénètre à l’intérieur avec son garde du corps et son alter ego. Tel le prophète Moïse qui a ouvert la mer Rouge, Katarina est la déesse des lieux. Les employés s’écartent à son passage et la saluent. Elle rejoint l’ascenseur et monte dedans pour regagner l’étage, où se trouve son bureau.

À peine a-t-elle mis le pied en dehors de la cabine qu’Irina, son assistante fraîchement engagée, est au taquet.

— Voici votre café, votre courrier, les derniers contrats à signer et les prochains à étudier, lui énumère-t-elle, énergique.

Elle lui donne tout, un par un. Sa supérieure garde son café et son courrier, avant de se décharger du reste dans les bras de son associé.

— Les Japonais et le Conseil d’administration sont-ils arrivés ? s’enquiert Katarina.

— Pas encore, mais ils ne devraient pas tarder.

— Est-ce que j’ai eu des appels durant mon absence ?

— Oui. Il y a eu votre fille, votre teinturier, votre traiteur, votre avocat, votre conseiller et… le PDG des industries Spencer, il me semble.

— M’ont-ils laissé un message ?

— Aussi. J’ai noté tout ça, attendez…

La jeune femme cherche dans la pile qu’elle a dans les mains. Elle la met en vrac, sous le regard désappointé de Katarina.

— Votre organisation est consternante, Irina. Je ne sais pas ce qui m’a pris de vous engager.

— Je suis désolé, Katarina. J’étais pourtant certaine de les avoir pris avec moi, s’excuse-t-elle en continuant de fouiller.

— De toute évidence, ce n’est pas le cas. Lorsque vous les aurez trouvés, rejoignez-moi dans mon bureau.

— Bien, madame.

— Et apportez-moi, un autre café. Vous vous êtes encore trompé.

Elle met son gobelet à la poubelle et se rend dans son bureau. Son garde du corps et les agents de sécurité restent derrière la porte, tandis que son bras droit entre avec elle. La dirigeante s’installe dans son fauteuil, après s’être servi un verre d’eau, et regarde son associé.

— Qu’est-ce qu’il y a, Vitali ? l’interroge-t-elle.

— Je te trouve exécrable et antipathique avec Irina. Elle n’est ici que depuis quelques semaines, elle n’a pas encore trouvé ses marques. Essaie d’être plus conciliante et patiente avec elle.

— Je ne suis pas là pour materner mes employés. J’ai déjà ce rôle auprès de Saskia et c’est amplement suffisant, surtout en ce moment. Si Irina n’est pas capable d’encaisser mes brimades, c’est qu’elle n’est pas faite pour travailler ici. Je n’engage et ne m’entoure que des meilleurs, tu le sais. Donc si elle doit rester, elle le fera. En attendant, arrête de te soucier d’elle et ne me dis pas ce que j’ai à faire ou comment je dois me comporter, c’est clair ?

— Oui. Je suis désolé.

Irina ne tarde pas à frapper à la porte, et Katarina lui dit d’entrer. Elle s’avance jusqu’à son bureau et lui remet ses messages, ainsi que son café.

— Les Japonais viennent d’arriver. Je les ai installés dans la deuxième salle de réunion et ils sont en train de patienter avec du café et des viennoiseries. Je vous ai aussi rapporté le contrat les concernant, avec les modifications que vous m’avez demandées hier. Et les premiers membres du Conseil d’administration sont en train de patienter dans la première salle.

Elle lui remet la nouvelle version du contrat, que Katarina lit dans les grandes lignes.

— Vous voyez quand vous voulez Irina, vous n’êtes pas qu’une incapable. Ce contrat est parfait et la retranscription de vos messages aussi. Pour une fois, votre écriture est fluide et lisible. Elle ne ressemble pas à vos pattes de mouche, auxquelles vous m’avez habituée. C’est de l’excellent travail.

— Merci, Katarina, la remercie-t-elle en s’inclinant devant elle.

— Vous pouvez disposer et prévenez les Japonais que je serais là dans une dizaine de minutes.

Irina acquiesce d’un signe de tête et se retire. Katarina demande à Vitali de rejoindre leurs visiteurs et de lui laisser les contrats à étudier et à signer. Son associé accepte et une fois seule, elle appelle sa fille, Saskia, qui décroche au bout de trois sonneries.

— Oui, ma chérie, comment vas-tu ? demande-t-elle.

— Je vais bien et toi, maman ?

— C’est comme d’habitude ici. Irina a encore des difficultés à différencier les cafés et elle n’est pas organisée, mais elle fait des progrès. Tu m’as appelée ce matin, tu voulais quelque chose en particulier ?

— Je suis sûr qu’Irina sera irréprochable et parfaite dans quelque temps. C’est ton assistante après tout. Si tu l’as engagée, ce n’est pas pour rien. Je voulais déjeuner avec toi ce midi. Est-ce que tu serais d’accord et disponible ?

— Je suis toujours disponible pour toi, trésor. Tu le sais bien.

— Super ! Dans ce cas, on se voit chez Gino à 13 heures ? À tout à l’heure, je t’aime.

— D’accord. Je t’aime aussi.

Katarina raccroche. Elle se retourne vers son bureau et réétudie le dossier des Japonais ainsi que le nouveau contrat, en buvant son café. Lorsqu’elle est prête, elle quitte son bureau et va rejoindre la salle de réunion où elle est attendue, accompagnée de son garde du corps et de deux agents de sécurité.

Les débats, les questions-réponses et les derniers accords sont engagés depuis un moment. Katarina préside cette assemblée d’une main de maître. Les yeux de certains Japonais lorgnent sur ses courbes et ses formes généreuses, ce à quoi elle est habituée, car il faut bien le dire, Katarina Strauss est une très belle femme. Une femme fatale, avec une main de fer dans un gant de velours. La liste de ses prétendants est aussi importante que celle de ses ennemis. En plein argumentaire, elle ne remarque pas le point rouge qui apparaît sur son front. L’instant d’après, un coup de feu retentit.

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