La baie vitrée vole en éclats et Katarina est plaquée au sol par son garde du corps. Sergei et son collègue Vassily font allonger les Japonais au sol, tandis que la balle termine sa course folle dans l’écran géant de la pièce. Chacun retient sa respiration et les cœurs tambourinent dans les poitrines, avec la crainte d’un nouveau tir, mais rien ne se produit.Le silence règne dans la pièce encore quelques instants, avant que la voix grave et l’accent russe prononcé de Vadim, l’homme chargé de la protection rapprochée de Katarina, s’élève dans la pièce.
— Est-ce que tout le monde va bien ? s’enquiert-il.
Sergei scrute les Japonais avec attention pour voir s’ils sont blessés, mais aucun d’eux ne semble être touché. Ils sont surtout choqués et paniqués.
— Oui, le rassure Sergei.
— Et vous, Katarina ?
— J’irais mieux si vous n’étiez pas au-dessus de moi…
— Désolé !
Vadim se redresse et s’apprête à se relever lorsqu’une nouvelle balle est tirée. Elle fait éclater le verre d’eau posé sur la table, celle derrière laquelle ils se sont réfugiés. Il se rabaisse et donne la position du tireur à son équipe. Mais Vadim n’a pas vu que Katarina lui a subtilisé son arme et en a défait le cran de sûreté. D’un geste, elle repousse son garde du corps, vise en direction de son assaillant et tire.
— Non mais tu es folle !? s’insurge Vadim. Qu’est-ce qui t’a pris de tirer !? Stanislav et Boris étaient sur le point de régler ça ! *
— Eh bien, maintenant ça l’est. Ils n’ont plus qu’à nettoyer.
Katarina redonne l’arme à son garde du corps et se remet debout. Elle frotte et réajuste ses vêtements avant de s’adresser aux Japonais.
— Je suis navrée de cet incident. Je vous propose de vous remettre de vos émotions et de reporter la réunion à quatorze heures. D’ici là, la salle sera remise en état et nous pourrons reprendre la réunion, là où elle a été interrompue.
Les Japonais dévisagent la PDG, déconcertés et ahuris. Celle-ci ne semble pas ébranlée par sa tentative de meurtre, ni même de s’en inquiéter. C’est comme s’il ne s’était rien passé. Ils ne savent pas s’ils doivent être fascinés par cette femme imperméable aux émotions, ou s’ils doivent la fuir au plus vite. Certes, Katarina Strauss est réputée pour être imperturbable, consciencieuse et d’une grande froideur dans le monde des affaires, mais pour eux, il ne s’agissait que de rumeurs. Maintenant, ils savent que ces rumeurs sont bel et bien fondées.
— Sur ce, je vais vous laisser, j’ai une autre réunion dans quelques minutes. Vitali et Irina vont s’occuper de vous. Nous nous revoyons cet après-midi.
Ceci dit, Katarina quitte la salle de réunion avec son garde du corps sur les talons, lorsque Vitali l’interpelle à la sortie.
— Katarina !
— Pas maintenant, Vitali. Le Conseil d’Administration m’attend.
— Mais…
— Non !
Son associé lance alors un regard désespéré à Vadim. Il acquiesce d’un signe de tête et suit Katarina. La PDG fait un détour par son bureau pour récupérer le dossier dont elle a besoin pour sa prochaine assemblée et donne quelques directives à Irina concernant la première salle. Puis elle disparait dans le couloir pour rejoindre la seconde réunion, toujours accompagnée de Vadim. Elle pousse la porte et les premières réactions à chaud se font entendre. C’est un homme d’une cinquantaine d’années aux cheveux gris qui ouvre les hostilités.
— Katarina, vous nous aviez assurés que la sécurité avait été renforcée. Alors comment expliquez-vous que cet incident ?
— Inutile de vous mettre dans cet état, Hopkins, l’incident est clos.
— Il est clos ? Non mais vous vous fichez de nous !? C’est la dixième tentative de meurtre à votre égard en trois semaines, Katarina ! Sans oublier les autres incidents qu’il y a eu à côté, eux aussi préjudiciables pour l’entreprise.Vous êtes un poison et vous mettez en danger tout le monde, mais cela va s’arrêter. Nous avons décidé de vous limoger du poste de PDG, pour nommer quelqu’un d’autre à votre place et avec qui nous ne risquons pas de nous faire tuer à n’importe quel moment.
— Vous semblez oublier que depuis ma nomination, notre chiffre d’affaires a triplé et que la concurrence est devenue inexistante. De ce fait, vos dividendes on ne peut plus généreux ont fait de vous et de votre famille des élitistes. Vous êtes vraiment prêt à renoncer à tout cela ? Et cela dans le seul but de m’évincer, voire de m’éliminer, uniquement parce que vous ne pouvez pas accepter que je sois une femme et que je réussisse, là où vous et feu mon mari avez échoué ?
Les membres du Conseil d’Administration sont soudain atteints du mutisme. Ils la regardent, médusés et coupables. Katarina les fixe un moment, avant d’esquisser un sourire et de reprendre.
— Bien. Puisque ce point réglé, nous passons donc à l’ordre du jour.
Katarina invite les membres du Conseil d’Administration à prendre place autour de la table et ils s’installent en silence. La réunion débute quelques instants plus tard et dure une bonne heure, avant de se terminer. La PDG retourne dans son bureau après le départ des participants à la réunion et demande un second café à Irina en passant.
Lorsque Vitali a terminé de convaincre les Japonais de revenir dans l’après-midi, il retrouve Katarina dans son bureau. Il est remonté contre sa supérieure et amie de longue date.
— Cela ne peut plus continuer, Katarina ! Tu vas renforcer ta sécurité et tout de suite, tu m’entends ?
— C’est bon ? Tu as terminé ?
— Non ! Est-ce que tu pourrais m’expliquer ce que t’as pris de prendre l’arme de Vadim et de tirer ? Tu n’es pas censé savoir manier une arme, je te rappelle ! Tu aurais fait quoi si les Japonais ou quelqu’un de l’entreprise t’avaient vu ?
— Ce n’est pas le cas, il me semble ? Donc calme-toi, et n’oublie pas qui je suis.
Un blanc s’installe entre eux et ils se fixent un moment, avant que Vitali rompe cet échange silencieux et abandonne.
— Est-ce que tu vas faire ce que je t’ai demandé ? l’interroge-t-il.
— Vadim s’en charge. Satisfait ?
— Oui.
— Parfait. Au travail, maintenant.
Katarina lui confie la moitié des contrats à étudier et appelle Irina afin qu’elle apporte un café à Vitali. Puis, Katarina se concentre sur ceux à signer. Elle les lit, les annote pour des modifications ou les valide avec sa signature.
***
* Les dialogues sont en Russe.
Salut Kayla, tu as une belle main d’écriture (j’espère faire pareil lol). Et Katarina Strauss, wow quelle personnalité. Je pense bien qu’elle a sa place au cinéma. Elle est inoubliable. As tu fait une fiche de personnage pour créer sa personnalité?
@Priscille Vanessa OFAKEM
Wow ! Merci pour ce joli commentaire qui me touche beaucoup ^^ Sans doute, je ne sais pas ^^" C’était le but recherché ^^
Non. Je voulais une femme forte, de caractère, qui n’a pas froid aux yeux et plein de mystère et à partir de ces quatre éléments, Katarina est née dans mon esprit tout simplement ^^