Je ne sais plus quoi penser.
Je ne sais plus quoi faire.
Tout était tellement merveilleux. Tout se passait tellement bien entre nous.
Nous nous sommes rencontrés alors que rien ne le prédestinait.
J’étais célibataire après un divorce qui s’est plutôt bien passé.
Seule, je vivais pour moi. Je sortais souvent. Je vivais l’adolescence que je n’ai pas vécu.
J’étais inscrite sur un site OVS où les gens seuls partagent des moments ensemble : sorties ciné, restaurants, randonnées, sorties à moto, visite de musée …
Un samedi soir, je me suis inscrite à une sortie restaurant japonais organisée par un gars que je connaissais. Quelques autres personnes que je connaissais participaient aussi à cette sortie. Nous étions onze. Quand nous sommes arrivés, l’organisateur nous a présenté un ami à lui. Il n’était pas au courant qu’il allait être entouré de onze inconnus.
Moi, je l’ai tout de suite remarqué. J’ai fait mon possible pour me retrouver en face de lui à table. D’un naturel plutôt timide, je me suis fait violence pour attirer son attention.
La soirée s’est très bien déroulée. Nous sommes allés quelques uns boire un café chez lui avant d’aller en discothèque.
Après quelques danses, il m’a demandé si je voulais venir chez lui.
J’ai accepté.
Je suis restée jusqu’au dimanche soir.
C’était merveilleux.
Je suis tombée amoureuse très vite. Il m’a redonné confiance en l’amour. Il m’a redonné confiance en moi.
On se voyait régulièrement. Soit chez lui, soit chez moi.
Cela a duré un an. Puis, il m’a annoncé qu’il avait une proposition de poste dans une autre région et qu’il allait accepté car il allait être licencié de toute façon.
Je ne pouvais plus concevoir ma vie sans lui.
Alors, pour pouvoir le rejoindre, j’ai cherché du travail et au bout de quatre mois, nous avons pu être réuni et enfin vivre ensemble pour de bon.
C’est là que ça a commencé.
Comment dire ??
C’est venu sournoisement, imperceptiblement.
La première fois, je m’en souviens très bien, je rentrais du travail. Je lui racontais ma journée et une anecdote d’un collègue qui m’avait fait bien rire.
Lui n’a pas ri du tout et c’est mis en colère. Il m’a demandé qui était CE collègue qui me faisait si bien rire. Il m’a questionné sur son physique, son âge. Il m’a demandé si j’étais attiré par lui.
Bien sûr, je me suis offusquée devant son attitude. Je l’ai assuré de mon amour pour lui. Que si j’avais tout quitté pour le suivre, c’est parce que je l’aime.
Il s’est calmé quelque peu mais je voyais bien qu’il était contrarié. J’ai essayé de discuter encore pour essayer de comprendre sa colère soudaine.
Et là, la gifle qu’il m’a infligé m’a fait souffrir physiquement mais émotionnellement aussi.
Je suis restée là, béate, interloquée par ce geste qu’il venait de commettre. Lui, l’homme que j’aimais. L’homme pour lequel j’avais quitté ma famille, mes amis.
Rapidement, il a repris ses esprits. Il m’a pris dans ses bras et me caressais la joue en n’arrêtant pas de s’excuser. Il me disait qu’il était désolé, qu’il était fatigué, qu’il avait des soucis au travail, que ça ne se reproduirait plus.
Nous avons fait l’amour.
Mais ça s’est reproduit une semaine après.
Une collègue fêtait son mariage et avait organisé un pot à la fin du service. Le temps passait vite et je n’ai pas fait attention à l’heure qu’il était.
Quand je suis rentrée à la maison. Il était assis sur une chaise dans l’entrée. Il m’attendait. Je me suis excusée en l’informant de la raison de mon retard et là je n’ai plus rien compris.
Il m’a bondi dessus. Il m’injuriait, me donnais des coups de poings dans le ventre. Puis il m’a attrapé par les cheveux, m’a entraîné dans le salon et jeté dans le canapé.
J’étais recroquevillée, en pleurs, douloureuse, anéantie, complètement abasourdie par ce déchaînement de violence contre moi.
Un long silence s’est installé. Un très long silence.
Puis il s’est approché de moi. J’ai levé les bras devant mon visage pour me protéger. Je me suis enfoncée du plus que je pouvais dans le canapé comme pour me fondre en lui et disparaître.
Il a eu un mouvement de recul comme s’il prenait conscience de la situation, puis il s’est jeté à genoux près de moi en sanglotant. On aurait dit un petit garçon qui portait tout le malheur du monde en lui. Il semblait si vulnérable.
Il m’a porté dans ses bras jusqu’à la salle de bains.
Il m’a déshabillé, m’a placé dans la baignoire puis il m’a lavé avec des gestes d’une telle tendresse, avec un tel amour.
Toujours sanglotant, il m’a demandé pardon. Il ne savait pas ce qu’il lui avait pris. Il était tellement inquiet de ne pas me voir arriver à l’heure habituelle, moi qui ne suis jamais en retard. Il a paniqué et il en était réellement désolé.
Encore sous le choc, je n’ai rien dit. Après le bain, je suis allée me coucher exténuée.
Il m’a rejoint, s’est encore excusé en jurant que cela n’arriverait plus.
Nous avons fait l’amour.
Mais …. c’est encore arrivé. Et puis encore, et encore.
Et … ça arrive encore.
J’aurais dû le quitter dès la première fois. J’aurais dû porter plainte, aller voir un médecin pour faire constater les coups.
Un homme qui tape une fois ne peut pas s’arrêter là. C’est le début d’un engrenage dans lequel on met le bras puis le corps tout entier.
Mais je ne trouve pas le courage. Chaque fois, il me jure que c’est la dernière fois, que ça n’arrivera plus, qu’il m’aime plus que tout.
Je souhaite tellement retrouvé l’homme que j’ai rencontré dans ce restaurant japonais que je lui donne sans cesse une nouvelle chance.
Mais cette chance … c’est à moi que je dois la donner. Je ne mérite pas un tel traitement.
Je vis dans la terreur chaque fois que j’ai un peu de retard. Chaque fois que je raconte un fait, je fais bien attention à ne pas parler de personne masculine.
Je suis terrifiée à l’idée qu’il puisse un jour perdre complètement les pédales et ne pas s’arrêter avant que je ne sois morte.
Ce n’est pas une vie !!
Non, ce n’est pas la vie que je souhaite.
C’est décidé, je sais quoi faire à présent.
Je vais partir sans un regard derrière moi. Je vais reprendre les rênes de ma vie. Je vais retourné dans ma région natale.
Mais, avant de partir … je vais faire en sorte qu’il ne puisse plus jamais nuire.
PS : en soutien à toutes celles et tous ceux qui subissent des violences dans leur vie conjugale. Femme ou homme, personne ne mérite un tel traitement.
Un chien qui a mordu, mord toujours…