Métro boulot dodo…
En ce moment je ressens comme une vague qui me pousse à me questionner sur moi-même, sur le qui je suis et me vois-je faire ce boulot encore 10 ans, 20 ans ou 30 ans ? Me vois je me lever le matin sans ambition, en traînant des pieds pour arriver au bureau, saluer mes collègues, aller prendre un café pour au final retarder ce moment fatidique : me poser face à mon bureau et démarrer ma journée de travail.
9h00…j’entre en scène et débute mon rôle dans ce théâtre social: paraître intelligente en déblatérant systématiquement des inepties sur des sujets qui ne m’intéressent guère, faire de jolis sourires hypocrites aux personnes dites “influentes”, être félicitée pour avoir présenté un joli PowerPoint, être“visible”et prétendre à plus de responsabilités accompagné d’une miraculeuse augmentation annuelle de 3%, qui me fait passer à une tranche supérieure d’imposition donc un salaire qui conserve sa stabilité.
En somme un quotidien démotivant 5 jours sur 7. Et quand arrive le vendredi, ressentir cette liberté, comme si l’on me retirait mes chaines et me disait “profites ce weekend…lundi c’est reparti”. Pour au final consommer et surconsommer chez deliveroo et Uber Eats, sortir tout le weekend sans réellement prendre le temps de faire une introspection. Arrive le dimanche jour de repos, où l’angoisse et l’anxiété monte au fil de la journée juste en repensant aux tâches qui m’attendent au bureau. Et lundi matin rebelotte avec en prime la question des collègues au café “qu’as-tu fais de ton weekend ? …bah… rien de spécial…”
C’est loin d’être l’image que je me faisais d’une jeune cadre dynamique. Mes journées ressemblent plus à métro boulot dodo qu’à la vie new-yorkaise de Carrie Bradshaw.
Démissionner…mais pour faire quoi ?
Comment à 30 ans, j’en arrive à envier ces retraités ou ces heureux gagnants à la loterie ?
Voici à quoi se résume ma vie de jeune cadre depuis maintenant 5 ans. Un quotidien rythmé par de faux semblant en tentant de faire ma place dans cette jungle. Et tous les jours je me demande : tu poses ta dem’ quand ? mais pour quoi faire ? Je ne sais pas qui je suis, je ne sais pas ce que j’aime, je ne sais pas ce qui m’anime…je ne me connais pas.
Cette crise arrive généralement à cette génération que l’on qualifie de Millenials. A l’aube de nos 30 ans on se rend compte qu’on a toujours été en mode pilotage automatique. Sans réellement avoir pris le temps de cultiver et d’exceller dans nos talents, de développer cette singularité qui nous caractérise et fait de nous des êtres uniques.
La société crée des employés uniformes
J’ai obtenu mon diplôme en 2012 dans une école de commerce et j’ai tout de suite intégré une grande pointure dans l’industrie. On me promet évolution dans l’entreprise, un parcours international, un statut cadre…de quoi appâter une jeune diplômée. Et moi m‘imaginant déambuler à la défense sur mes hauts talons, heureuse d’aller à mon bureau et faire des réunions… mais est-ce réellement ce que je souhaite au fond de moi.
La société nous formate dès l’entrée à l’école pour que nous soyons de bons employés destinés à travailler en entreprise et alimenter le merveilleux système social français. On échange notre temps contre de l’argent destiné à être dépensé dans des crédits immobiliers ou nos plaisirs éphémères du week-end. Les écoles de commerce en particulier nous poussent à devenir des cadres devant rentrer dans la case marketing, finance, achats ou pour plus de choix le commerce international. Et quand est-ce que l’on me demande de faire cette introspection pour travailler sur mes talents naturels ? En aucun cas nous ne sommes poussés à travailler sur le qui tu es ? quelles sont tes valeurs ? qu’est ce qui t’animes et te donnes de la joie au quotidien ?
La résultante de ce manquement est le burn-out, le bore-out, le Brown-out…à peine 30 ans et une profonde remise en question.
Comment je sors de la crise ?
Sortir de cette crise m’a demandé une période d’introspection, où mes armes étaient la patience et la bienveillance. Mon bien être devient MA priorité.
Beaucoup de questionnements, de remises en question sur certaines situations ou actions qui diffèrent de ma pensée réelle. Il s’agit pour moi d’affirmer ma propre vérité sans jugement.
Connais-toi… qui suis-je ?
Il me fallait retrouver cette énergie, cette ambition, cette envie de vouloir avancer, cette vision du tout est possible. Il me fallait retrouver ma singularité, ma personnalité et affirmer mes traits de caractères.
Socrate le disait ”connais-toi toi-même”. C’est savoir précisément ce que j’aimais ou ce que je n’aimais pas, ce que je souhaitais, ce qui me rechargeait en énergie. Le meilleur moyen est l’expérimentation. Il faut tester.
J’aime chanter…j’ai testé des cours de chants que j’ai plus ou moins apprécié.
J’aime m’exprimer en public…j’ai donc tenté des cours d’initiations au théâtre. L’objectif premier étant d’expérimenter sans crainte, sans peur et sans jugement.
Je commence à lister ce qui m’anime, me motive et me recharge en énergie. En cas de crise je pioche dans cette liste une activité pour recharger mes batteries. Cette énergie est nécessaire pour poursuivre ma démarche de quête de sens.
Créer mon plan de sortie de crise
Je prends conscience que je suis la seule maitresse à bord pour insuffler les changements souhaités dans ma vie.
Il est temps de préparer un plan de sortie de crise. Mes besoins sont clairement identifiés et je sais qui je suis. Avec ces éléments j’identifie le métier qui permet d’exprimer mes talents. Il est temps de sortir de ce formatage et de créer mon environnement idéal quotidien.
Vivre et expérimenter
Au final j’accepte que rien n’est figé. Aujourd’hui je suis consultante et je me laisse 3 ans pour devenir fondatrice d’une start-up. Je décide de ne me mettre aucune barrière pour expérimenter au maximum, en me dirigeant vers des activités qui me rechargent et me mettent en joie.
Finalement le meilleur indicateur reste le fait d’être à l’écoute de mon corps et de mes émotions.
Et vous quel a été votre cheminement pour retrouver du sens dans votre vie?
Merci Lawrence pour cet avis pertinent !
J’aime beaucoup ce genre de retour et je continuerai à te lire !
Votre texte me parle. J’ai beaucoup aimé. Je vous laisserais un autre commentaire plus tard. ?
Merci pour ce beau partage.. je ressens de la sincérité dans votre texte.. à mon avis pour donner un sens à la vie il faut de temps à autre mettre le point sur les acquis et les espérances et toujours définir un plan d’action où il y a des objectifs, les moyens à mettre en œuvre et le temps pour les atteindre..et ne vous laissez jamais l’occasion d’être emporté par l’oisiveté de l’esprit qui peut vous menez à poser des questions que vous serez incapable de trouver des réponses et par conséquent vous perdez le sens de la vie..
Très belle et pertinente analyse de ce qui nous motive et nous fait aller de l’avant. J’ai particulièrement apprécié votre texte.
Merci d’avoir partagé cette belle prise de conscience avec nous! Tellement trop de personnes foncent tête baissée pendant des années, acceptent "leur sort", se résignent et se détruisent la santé en s’obstinant à faire ce que "la société attend d’eux…". C’est vraiment flippant! La première phase c’est de s’en rendre compte et la suivante c’est d’essayer d’y remédier. Tu es sur la bonne voie, fonce!
Je me reconnais dans vos lignes. Mais le cheminement est long quand on ne trouve pas sa voix et qu’on a des obligations familiales et financières comme tout un chacun. Je vous envie d’avoir trouvé votre voix. Bonne continuation