Nuits avec lune
Il faisait nuit, oui noire, comme il pouvait le faire dans les années 70, dans la campagne commingeoise, les lumières se faisaient rares, la route nationale, que nous avions l’honneur d’emprunter, serpentait au gré des tracés des propriétés.
La ligne blanche n’existait pas encore, c’était le jaune, mais sur ce type de route il n’y en avait aucune.
Il est 4 ou 5 heures du matin, nous roulions à vive allure mes camarades et moi, tous feux éteints, c’était notre jeu habituel, il s’agissait de négocier tous les virages à la lueur de la lune, nous étions passablement ivres, mais heureux. Nous offrions joyeusement nos jeunes vies au hasard et à la bonne fortune ! Nous avions bu et dansé dans une boîte de nuit locale, sinon miteuse qui pourtant nous paraissait Palace ! Nous y trouvions l’amour ou un semblant pour la nuit.
Au moment de rentrer rincés de plaisir et de bons souvenirs, là maintenant sur la route traversant les campagnes, il s’agissait de remercier Dieu ou qui vous voudrez en mettant nos vies dans la balance crânement, nous étions jeunes, idiots et inconscients, nous croyant beaux et immortels !
Je me souviens encore de l’odeur de la campagne empreinte de rosée, les odeurs de la nuit nous étaient délicieuses malgré la température très basse car nous roulions toujours les vitres ouvertes, ce soir-là, mon ami Marc, qui sera plus tard le parrain de mon fils et dont la future mère se blottissait sur mon épaule, conduisait l’Autobianchi jaune moutarde, voiture sportive italienne.
Voiture mythique souvent antichambre de l’au-delà ! Si je peux vous en parler aujourd’hui, c’est que notre offre à l’Éternel ou à l’éternité, a été déclinée ! Allez savoir pourquoi ?
Je dois avouer qu’il m’arrive parfois aujourd’hui, presque 40 ans après, de le regretter. Je serai parti cette nuit-là sans même m’en rendre compte, finalement l’enfer c’est l’attente !
13 juillet 2019
Hé oui, la jeunesse à cette inconscience qui donnes de bons moments et souvenirs, en vieillissant on devient beaucoup plus rationnel !! ;