Réunion de famille. Ma sœur était remontée pour l’occasion.
« Il faut que je te raconte ce qui m’est arrivé vendredi ! »
Ni une, ni deux, mes paroles n’étaient pas tombées dans l’oreille d’une sourde. Elle me prit par la main et m’emmena à l’extérieur. Comme deux adolescentes, on s’installa dans un coin du parking, accroupies sur le sol rugueux malgré nos belles robes.
Je lui racontai alors tout, dans les moindres détails. Je lui fis part de mes ressentis et de mon questionnement quant à l’issue de cette histoire. J’étais la seule écrivaine de la suite. Je tenais la plume entre les doigts.
Comme toute grande sœur qui se respecte, elle comprit ce que je pouvais ressentir et me conseilla de prendre du recul, d’attendre un peu et voir ce que le temps aurait comme effet sur moi avant de m’engager dans l’écriture du prochain chapitre. Elle avait raison. Je devais prendre le temps de remettre les choses dans leur contexte, prendre le temps de savoir si ce n’était pas qu’une passade. Je ne devais pas me laisser emporter par ces émotions inattendues et toutes nouvelles.
Une semaine passa. La reprise des cours m’occupait beaucoup l’esprit, d’autant plus que cette année j’avais de nouvelles responsabilités dans le rôle de professeur principal, un véritable challenge pour moi. Pour autant, je ne parvenais pas à le sortir de mes pensées. La rose ornait délicieusement mon bureau et chaque fois que mon regard se posait sur elle, les sensations éprouvées en la présence de cet homme me parcouraient encore le corps. Je forçais mon esprit à vagabonder ailleurs. Mais inexorablement, il rebondissait sur le souvenir de son sourire, de son regard et des mots qu’il avait prononcés.
Je finis par prendre une décision : le contacter. Mais, pour lui dire quoi ? Avais-je vraiment envie de me lancer dans une relation adultère ? A ce moment précis, je ne voulais pas cela. Mais paradoxalement, j’éprouvais le besoin de lui écrire. Je ne savais pas ce qui m’attendait ou ce que j’allais enclencher.
Je finis par me jeter à l’eau. Un mail en bonne et due forme. Pour prendre de ses nouvelles, savoir comment se passait son intégration dans ses nouvelles fonctions. Aucune ambiguïté. Enfin, pour rester honnête, c’est ce que je me disais pour me rassurer.
Le week-end se termina et je n’avais toujours aucune réponse. J’avais beau scruter et actualiser ma boîte mail tous les quarts d’heure, pas de nouveau message. Il fallait que je cesse d’angoisser. Après tout, il n’était peut-être pas comme moi à fixer son téléphone sans arrêt. Mais dans quoi est-ce que je m’étais embarquée ? Je me sentais imbécile, idiote, naïve et tout ce qu’on peut ressentir quand on attend des nouvelles qui n’arrivent pas. Il était nécessaire que je cesse de penser à lui et d’attendre une réponse. Après tout, peut-être que de son côté il regrettait et espérait que je ne le recontacte pas. Stop. Trop de questions encore une fois. Il me tourmentait déjà l’esprit !