Rendez-vous clandestins. Appels discrets. Messages envoyés aussitôt effacés. Une nouvelle page de ma vie était en train de s’écrire. Je n’en étais pas fière, c’est peu de le dire. Ce n’était pas une situation qu’on pouvait comprendre et juger temps qu’on ne l’avait pas vécue.
J’étais l’une des premières à jeter la pierre à mon père qui avait osé aimer une autre femme que celle qui m’avait donné la vie. Et pourtant, je comprenais maintenant. Je n’avais rien calculé, ça m’était tombé dessus. Comme lui certainement. On avait tous les deux agi consciemment, difficile de le nier, mais il y avait tant de choses inconscientes et sous-jacentes dans ce scénario.
C’était désormais le moment de comprendre ce qui avait pu me faire basculer. Je me voilais la face depuis longtemps. Je savais ce qui ne fonctionnait pas dans mon couple. Je savais ce qui m’avait poussé à baisser ma garde devant les yeux de l’inconnu. Je savais ce qu’il me manquait dans cette vie pourtant si parfaite.
« Tu as de la chance de l’avoir ! Il n’y en a pas deux comme lui ! »
Ces paroles je les avais entendues des dizaines et des dizaines de fois. Et elles étaient vraies. Celui qui partage ma vie se comporte de la meilleure des manières. Il est discret au début puis très bavard et intéressant quand on tisse des liens avec lui. Il a une âme d’enfant et un humour parfois limite mais sait débattre sur des sujets sérieux et faire preuve d’une réflexion souvent fine, il est attaché à l’ordre et à la propreté, il veille à ce que tout soit toujours bien à sa place et il ne rechigne pas quand il s’agit de faire la cuisine. Il adore parler cinéma et est toujours partant pour une sortie de ce genre. Il rêve de fonder une famille et aspire à ce que je sois la mère de ses enfants. Il aime voyager, découvrir de nouvelles cultures et visiter des lieux d’Histoire. Il est organisé pour tout et gère les comptes comme un chef. Il supporte ma mauvaise humeur quand je manque de sommeil et aime me faire des petites attentions pour illuminer les noires journées.
Tous avaient raison, j’avais de la chance.
Je savais tout ce qui faisait de lui un homme bon et un homme bien, ce qui ferait de lui un mari honnête et un père affectueux.
Mais ce que les gens ne voyaient pas, parce qu’une fois les portes fermées tout peut changer, c’était que lui et moi on manquait simplement de compatibilité. Il paraît que les contraires s’attirent. Je le croyais au début. Pourtant le temps me prouvait que ce que j’avais à la maison ne m’apportait pas ce que je recherchais sans le savoir. Ce que j’avais à la maison, c’était un ami, un colocataire. Mots brutaux. Mots évocateurs. J’en avais désormais conscience. Ce que je voulais, en romantique extrémiste, c’était la passion. Et elle avait maintenant un nom : Monsieur M.
Avec lui, c’était différent. Je me délectais de chaque moment, même les plus expéditifs, en sa compagnie, parce qu’à chaque fois je ressentais un tourbillon d’émotions.
Plus les semaines, plus les mois passaient, mieux on se sentait l’un dans les bras de l’autre. C’était toujours aussi simple. Comme au tout début. On commençait à s’aimer, pour de vrai. Passage d’un échelon dans la complexité. Tout devenait plus intense mais tout devenait alors plus dangereux. Quand le cœur s’en mêle, tout part à vau-l’eau. Mais impossible d’imaginer le quotidien sans la présence, même virtuelle de l’autre. On devenait des camés. Il était ma drogue.
Moi qui n’aime pas la description je suis servie ! Très agréable à lire, très fluide et frais, j’ai dévoré chacune des parties de ton histoire. J’espère qu’il y aura une suite et si c’est le cas, qu’elle ne tardera pas à venir, car ma curiosité est un vilain défaut !
Bon courage et bonne continuation !