X-Files, ce qui a changé grâce à elle.

4 mins

2016 a vu revenir la série emblématique (bien qu’oubliée et parfois même non connue des “millenials”) sur nos écrans. 

Mais plutôt que de venir faire une critique des 2 dernières saisons (plutôt facile, je vous la fais en quelques mots : saison 10 < saison 11, épisodes mythologiques : à oublier, épisodes loners : du bon et du très bon), je vais plutôt évoquer ici ce qui a rendu cette série si spéciale.

La source

Revenons aux basiques : X-Files est née de Chris Carter, en 1993, sur la chaîne FOX. 

Carter a dit s’être inspiré, entre autres de la série Kolchak : the night stalker. 

A l’époque, le genre fantastique était considéré comme un sous-genre. Peu estimé, le fantastique (et la SF aussi d’ailleurs) ne récoltait que très rarement des prix prestigieux voire même des critiques positives. 

X-Files est arrivé et a bousculé ces codes de série Z associés au genre. Carter voulait une série fantastique ancrée dans la réalité et sans bimbo ni histoire d’amour pour gâcher la matière principale de sa série : les extra-terrestres et le complot gouvernemental pour en cacher leur existence

Gillian Anderson, l’actrice choisie par Carter pour incarner Scully n’était pas la favorite de la Fox. Petite, pas blonde, pas de grosse poitrine. Bref, là où la Fox voulait un sosie de Pamela Anderson dans Alerte à Malibu, Carter a tenu bon et a imposé Gillian Anderson, petit bout de femme encore peu connue mais qui allait devenir un symbole pour beaucoup de femmes.

David Duchovny, lui, était un peu plus connu (du moins aux USA) et n’a pas posé de problème particulier à la Fox. 

Le duo de choc été né. 

Le coup de génie

Des coups de génie, Carter en a enchaîné beaucoup. D’abord, son idée de départ qui, admettons-le, était plutôt cool au premier abord, si on aime le genre fantastique : un duo d’agents du FBI qui enquêtent sur des phénomènes paranormaux. Là où d’autres se seraient arrêtés là, Carter a ajouté ce qui a fait tout le piment de la série, et permis de compléter l’histoire avec un “couple” emblématique : le héros est un “believer” convaincu, tandis que l’héroïne est une sceptique pur jus !

Ainsi, les enquêtes ne sont pas qu’un défilé de monstres, mais un véritable questionnement, des points de vue diamétralement opposés qui finissent toujours par trouver une sorte de compromis intelligent qui permet de résoudre l’enquête (ou de la laisser ouverte).

L’autre coup de génie, c’est d’avoir été capable de s’entourer de gens très compétents, à qui il laissait parfois carte blanche. Il restait le maître de son fil rouge (le showrunner), mais n’empêchait jamais la créativité d’un Darin Morgan ou d’un Kim Manners ou encore d’un Rob Bowman.

Rien n’était laissé au hasard : le montage, la photographie, la réalisation, la musique, chaque élément d’un épisode était conçu comme un petit film. Cela paraît presque naturel aujourd’hui, avec des séries comme Game of Thrones ou True Detectives, mais à l’époque, les séries étaient plutôt bâclées, par manque de temps, d’argent ou de motivation. 

X-Files, c’était aussi une série qui ne nous prenait pas pour des imbéciles. Les créateurs ont toujours considéré leurs spectateurs comme suffisamment intelligents pour comprendre les rouages de la mythologie (le fil rouge de la série sur le complot extra-terrestre), à travers des non-dits, des indices laissés au fil des épisodes qui reviendraient quelques années plus tard, des vérités entre 2 mensonges. La mythologie a fait couler beaucoup d’encre virtuelle (on était dans les débuts des forums sur internet, à l’époque) et aujourd’hui encore, est débattue et questionnée à chaque revisionnage des fans. 

La grosse différence

Il existe une grosse différence avec les séries actuelles, une différence que les gens ne peuvent a priori pas discerner tellement le paysage sérielle a totalement changé. Les fans d’X-Files sont parfaitement capables de citer plusieurs membres de l’équipe technique qui ont participé à la série (scénaristes, musicien, réalisateurs, etc). 

La plupart des séries actuelles ont un showrunner, qui est le véritable maître de sa série, et à part le nom des acteurs et/ou actrices principaux, il est difficile de trouver les noms des gens derrière nos séries préférées actuelles. Qui peut dire le nom de scénaristes de Game of Thrones ? Qui peut dire le nom du compositeur de Orange is the New Black ? Les réalisateurs de 13 Reasons Why ?

Cette grosse différence, apparemment sans conséquence de prime abord est ce qui a fait la force absolue de la série : 

X-Files n’est pas le génie que d’une seule personne, mais de beaucoup de personnes ! Là où on ne voit que Steve Moffat derrière Doctor Who, “les créateurs de Game of Thrones” derrière Westworld, on a un très grand nombre d’artisans autour d’X-Files !

La série est une création collégiale ! Chris Carter n’en est que la partie émergée. Kim Manners, Rob Bowman, Vince Gilligan, Mark Snow, Glen Morgan & James Wong, Gillian Anderson, David Duchovny, Darin Morgan, sont quelques-uns des noms que les fans d’X-Files connaissent tous forcément.

Même s’il existe d’autres séries qui ont permis l’ascension d’une nouvelle ère des séries (Twin Peaks, pour ne citer qu’elle), X-Files en est un grand pan. Grâce à elle, le genre fantastique est devenu plus fréquentable, la série est devenue un genre estimé, et la profusion actuelles des séries en est une résultante flagrante.

C’est ce qui fait qu’après 15 ans de diète sans X-Files (les choses de la vie faisant que…), revoir la série dans son intégralité est un moment jouissif comme je n’en avais pas vécu depuis longtemps, concernant une série ! 25 ans après, c’est toujours aussi bien écrit, aussi bien réalisé, aussi intelligent, toujours un joyau dans le monde des séries !

Alors même si la mythologie n’est plus que l’ombre d’elle-même depuis au moins la saison 8, même si la saison 10 était un retour plutôt médiocre au vu des standards auxquels ils nous avaient habitués, même si la fin de la saison 11 (et très probablement la fin de la série) avait un arrière goût de shipper mal digéré, je ne remercierai jamais assez Chris Carter pour avoir entrouvert ce nouveau monde des séries, celles qui réfléchissent et qui font réfléchir, celles qui font vibrer et rire, celles qui élèvent le genre à un niveau supérieur. 

Merci, Chris Carter.


(crédit photo : Iris Siri)

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4 Commentaires
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Mathieu Jaye
5 années il y a

Bonjour Iris, où peut-on visionner cette série ?

Mathieu Jaye
5 années il y a

Merci !

ALcest ALcest
3 années il y a

Salut,
Je revois aussi toute la série et elle a plutôt bien vieilli avec cette mâtine particulière aux années 90 qui ajoute un certain intérêt.
Au cas où, il existe 2 séries dérivées: The Lone Gunmen que je n’ai pas encore vue mais qui m’intéresse et Millenium que j’ai en partie vue et qui ne m’a pas plu.
A+.

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