L’Orbe de Renaissance, Chp VIII

11 mins

IX

Alors que le vent s’essoufflait à plier des arbres, Ela et Harold n’étaient plus qu’à une journée du Grand Temple d’Ulif situé à une demi-journée de Sihl dans la région de Tersa. Pour se protéger, les deux voyageurs étaient recroquevillés sur les montures qu’ils avaient obtenu contre monnaie sonnante et trébuchante dans un petit village non loin du chalet. La soirée se passerait dans une auberge pour voyageurs en retard. Les montures furent laissées aux soins du garçon d’écurie, et dans la chaleur de l’auberge, Harold et Ela s’installèrent autour d’une vieille table patinée par des coudes fatigués. Au menu, ragoût à la mode locale : beaucoup de bouillon, peu de viande. Dans la salle du restaurant, une ambiance bonne enfant enveloppait les voyageurs. Dans ce genre d’institution, c’était rare. Après avoir déglutit une rasade de bière, Harold finit par ouvrir la bouche :
– Dit moi, avant que l’on quitte le chalet tu as affirmé à voix haute que tu ne me faisais pas confiance. Une explication ?
Ela posa sa cuillère dans son assiette, inspira et expira :
– J’ai toutes les religions en horreur. Vous profitez de votre pouvoir pour asservir les peuples. Le contrôle par la peur. Prenons par exemple l’Ordre d’Ulif.
– Par hasard j’imagine.
– Non, pas vraiment.
– J’aurais dû m’en douter.
– Vous vous prétendez pour le peuple, vous dites le guider selon les préceptes de la Sainte-Tapisserie, mais vous ne pensez qu’à votre enrichissement, et vous ne servez que les riches. Combien coûte une arme que l’un d’entre vous a tripotée ? Beaucoup trop pour un paysan, voir même pour un petit bourgeois. D’ailleurs si vous êtes aussi proche du peuple que vous le prétendez, pourquoi est-ce que vous ne fabriquez pas des outils enchantés ? Non mais c’est vrai quoi, des armes, toujours des armes. Une fourche enchantée, ou un marteau spécialisé, voilà qui aurait de l’allure !
– Je t’ai fabriqué une dague et tu ne m’as pas l’air de t’en plaindre.
– Je suis très contente de cette acquisition, mais je n’aurais jamais pu me l’offrir.  Pour revenir aux religions, selon moi il y a toujours une raison cachée derrière vos actes, et il y en a donc une cachée derrière le fait que tu veuilles aider Sorn. Mais je n’ai pas encore découvert ce que c’était.
– Ma seule raison est de retrouver ma place. J’ai été banni de mon ordre.
– Oui, et si nous n’avions pas dû nous rendre au Grand Temple de ton ordre, nous n’en saurions toujours rien. Tu nous caches des choses, et il est difficile de te faire confiance dans ce cas.
– Parce que tu ne caches rien, toi ?, ronchonna Harold.
– Si, très certainement. Mais je ne cache rien qui puisse mettre en péril ce voyage.
– Dans ce cas, dis moi pourquoi est-ce que tu aides Sorn ?
– Simple, il m’a sauvé la vie. Aussi étonnant que cela puisse paraître, je le concède.
– Sans doute, mais tu lui a sauvé la vie deux fois. Ta dette est payée, non ?
– En effet, mais aujourd’hui je me sens trop engagée pour partir. J’aurais l’impression de le trahir.
– Tu es loyale, c’est noble. Par contre que tu me fasses confiance où non, il faudra que tu me laisses parler pour que l’on ait une chance de récupérer cette Foutue Clé.
– Tu peux compter sur moi.
– Content de l’apprendre.
– Il se fait tard, la bouffe est immonde, je vais me coucher. N’hésite pas à finir ma part si l’estomac t’en dit.
La chaise émit une plainte sur le plancher, et Ela quitta la table pour se diriger vers son lit d’un soir. Harold resta seul. Il n’allait pas se laisser abattre si facilement. Il attrapa l’écuelle d’Ela qu’il avala avant de se commander une autre choppe qu’il sirota en fumant une pipe.

Le lendemain matin le sale temps avait été mis au coin par un grand soleil touché dans son orgueil. Les deux montures grimpèrent la haute Colline du Sacrement sur laquelle était juchée le Grand Temple d’Ulif. Le chemin était plus piétiné qu’à l’accoutumé. Les doléances avait mis beaucoup de plaignants sur la route. A dos d’équidé, se frayer un chemin demandait souvent de bousculer avec tact. Les collines environnantes avaient été bien arrosées par les récentes intempéries. Le soleil peignait des dégradés verdoyants. A l’entrée du Grand Temple, des stands avaient été montés. Chaque plaideur était invité à décliner sa doléance dans le stand adapté. Pour les doléances concernant l’impôt, se rendre au stand finance ; pour les doléances concernant les récoltes se rendre au stand agriculture ; etc. Un stand pour les doléances sans thème avait même été prévu. Harold pestait contre l’administration. Devoir s’inscrire pour avoir un droit de parole auprès de ceux qui avaient été ses congénères le rendait malade. Son rang social était tombé, et c’était douloureux. Le rendez-vous fût finalement pris pour le lendemain matin. Autour du Grand Temple, un véritable petit village avait poussé. Des tentes de fortunes, comme des champignons, formait un rond de sorcière autour de la bâtisse sacrée. Des marchands sans aucun rapport avec l’Ordre attirait le chaland en étalant leur bric-à-brac sur des étals bancals montés à la va-vite. Dans ce dédale de charlatans de grand chemin, des grigris religieux à l’effigie d’Ulif, des poils de la Sainte-Barbe (Ulif était velu) ou encore de la transpiration qui aurait des affiliations avec le Patron  étaient en vente. Pour rien de moins qu’un bon bout de salaire, il était aussi possible de rentrer en contact avec la divinité. À la suite de ces commerçants, des individus non-soldés promettaient qu’avec eux rien ne serait pareil. Un monde de plaisirs inégalés pour une somme modique. Harold pris l’initiative d’engager la conversation avec l’une de ces personnes, laissant en plan sa compagne qui lui demanda comment il était possible qu’il n’ait pas encore contracté la syphilis. Harold la salua de la main, et disparu dans une maison de toile.

L’intérieur était stérile, à l’image de l’hôtesse qui avait subit le bistouri pour que son activité ne soit jamais mise à mal par un invité surprise. Une couche, une table, et deux tabouret. Depuis les tentes adjacentes émanaient les bruits d’affaires rondement menées. La jeune femme allait aborder les négociations, mais Harold ne la laissa pas aller au bout de son argumentaire. Il lui réclama du papier et de quoi écrire. La jeune femme confuse dans un premier temps, enfila une cape et se laissa absorber par la nuit. Un rien de temps de plus tard, elle réapparut offrant à Harold ce qu’il avait commandé. Elle se versa une coupe de vin, et le prêtre se mit au travail. Il tendit le papier plié à la jeune femme :
– J’imagine que vous avez toujours vos entrées au temple ?
– C’est possible, avec de l’argent on obtient tout ce que l’on désire.
– Ne t’en fait pas j’ai de quoi te payer. Rends toi au temple, et donne ce pli en main propre au Grand-Prêtre Pondivet. Ce pli ne doit arriver qu’à lui et à personne d’autre. Une fois le pli donné tu t’offriras à lui. Voilà de quoi payer tes services.
Harold tendit alors sa bourse. La travailleuse la récupéra sans un mot, direction le temple. Le prêtre n’avait plus qu’à prier pour que son envoi fasse effet, sans quoi le sacrifice de ses dernières économies aura été vain.

Le temple et la Colline du Sacrement étaient des lieux spéciaux pour tout prêtre en devenir. La première fois qu’Harold était venu ici, il avait quatorze ans. C’est à cet âge-ci que les aspirants prêtres sont appelés à débuter leur apprentissage.Tout les ans entre vingt et cinquante adolescents intègrent l’Ordre d’Ulif. Cet Ordre, parmi les plus puissant, est présent au quatre coin de Cognita, le monde connu, et son influence ne fait que croître au fil du temps. Plus jeune Harold ne désirait pas  entrer dans l’Ordre. La forge, où il pouvait laisser libre court à sa création, l’attirait beaucoup plus, mais pour ses parents cette voie n’était pas assez noble. Étant eux-même artisans, ils aspiraient à une autre vie pour leur fils, moins laborieuse et plus grasse de privilèges. Une carrière religieuse tintait comme du cristal à leurs oreilles. Voilà ce qu’il fallait pour leur unique fils : un monde dont les émoluments pourraient sans doute les atteindre, soulageant le fardeau d’une vie qui ne les avait pas toujours gâtée. Pour forcer la main de ses parents Harold avait commencé à apprendre le métier de la forge en cachette. La chaleur de la forge, le bruit du marteau, le rougeoiement de l’acier le mettait en joie. Malheureusement pour lui, monsieur et madame Manhoff en décidèrent autrement. Il eut tout de même le droit de choisir l’Ordre qu’il intégrerait. Un ultimatum d’une semaine lui avait été imposé pour se décider. Il porta son choix sur l’Ordre d’Ulif. Cet ordre spécialisait des armes. D’une certaine manière, il pourrait continuer de forger. Il fêta ses quatorze ans un mois avant son appel, et comme cadeau son père lui offrit un petit automate. Fasciné par l’objet, il le désossa pour en découvrir les mécanismes. Il réitéra l’opération au moins une centaine de fois, usant les pièces au point que les mouvements du mécanisme en furent affectés. Ce jour fût pour lui une révélation, et la cause de son éviction de l’Ordre.

    Ela avait beau railler son compagnon sur ses vices, elle embarqua rapidement pour quelques parties de cartes dont elle ne ressortit pas exactement gagnante. La joueuse cheminait vers l’écurie éphémère où chevaux et maigres bagages patientaient contre gage, lorsqu’une voix connue et redoutée se mît à chanter. Ela connaissait cet air. Les paroles coulaient à flot dans les méandres de son esprit. Dans son dos, le chant prenait de l’ampleur. Elle n’osait pas se retourner de peur de devoir faire face à la brutale réalité. La satisfaction transpirait des notes. La mercenaire n’avait plus de doute :
– Alors comme ça vous m’avez retrouvé ?
– Je dirais que non. La fortune qui te manque tant nous à été d’un grand secours.
– Dois-je en conclure que vous ne me recherchiez pas ?
– Nous n’avions pas abandonné les recherches, mais tu n’étais plus notre priorité. Quand bien même le dossier Pencarn fait partie du haut du panier, certains de tes congénères t’ont dépossédé de ton titre de reine du jeu truqué.
– Si vous ne me pistiez pas, alors j’imagine que vous pouvez me laisser à présent.
– A défaut de me répéter, tu n’es juste pas dans nos priorités. Mais il s’avère que la chance est de notre côté, alors pourquoi lui tourner le dos.
– Et quelle est cette priorité ?
– Rien qui ne te concerne.
– Qu’attends tu de moi ?
– Je suis un usurier. Je te laisse le soin de deviner ce que mes clients attendent de toi.
– Que je les rembourses, d’une manière ou d’une autre.
– Ou que tu meurs.
– Je vois que les usuriers ont su conserver leur humour. On a bien rigolé, mais je dois y aller.
– Pourquoi ? Tu es pressé ? Quelqu’un t’attends ?
– Peut-être.
– Pas le prêtre rachitique en tout cas ! Qu’est-ce que tu fais avec un gars comme ça. Non, en fait je ne veux pas le savoir. Ce qui m’intéresse par contre, c’est de savoir ce que tu comptes offrir à mes clients ? Je suis un homme doué de sentiments, la mort n’est qu’un ultime recours. Dit moi que tu as quelque chose en tête. Une année dans une maison de passe peut-être ? Il paraît que tu es douée pour le job.
Le sang froid d’Ela vacilla :
– Je suis sur la piste d’un artefact magique. L’orbe de Renaissance. Cette orbe permettrait de réveiller le dragon enfouit sous Noroît, déclara Ela d’une traite.
– Ta vie, contre un artefact magique. C’est bien ce que tu me propose ?
– Oui, affirma Ela.
– Comment pourrais-je te faire confiance ? Comment puis-je être convaincu de l’existence d’une telle chose ?
– Promet moi de me laisser en paix après cela, et dans ce cas je te retrouverais à Noroît.
– Hummm…. C’est sans doute un peu stupide de ma part de faire confiance à une menteuse, mais je crois que nous avons un marché. La boule contre ta liberté. Je sais à quel point l’envie de dormir sur ses deux oreilles est un désir puissant lorsque l’on est traqué. Je vais quand même te faire suivre discrètement, histoire de ne pas te perdre de nouveau.
– Très bien.
– Rendez-vous à Noroît alors. Je t’attends déjà. Bien sûr, si l’attente est trop longue…
– Elle ne le sera pas.
Sans rajouter un mot de plus, la mercenaire repris sa route. Un énorme poids s’écrasa sur ses épaules. Elle n’aurait jamais songé tomber sur un usurier ici. Elle n’avait plus d’options disponibles. L’Orbe devait lui revenir, sa vie en dépendait.
    

Le lendemain matin, Harold retrouva Ela au pied du temple. Il gravirent ensemble la longue volée de marche qui menait à l’entrée principale du temple. Un prêtre, derrière un pupitre, tenait le registre des entrées. Il leur demanda la raison de leur visite, et leur indiqua la marche à suivre. Le couple comprenait un ancien prêtre d’Ulif, la requête serait donc examiné par le Grand-Prêtre Pondivet. C’était la règle pour tout les anciens de la maison. Les couloirs du temple était d’un blanc immaculé. Aucune décoration. Ela suivait Harold qui connaissait ce lieu comme sa poche. Ils furent invités à entrer dans la cellule personnel du Grand-Maître. La différence de décoration était fascinante. Les couloirs arboraient une austérité monochrome tandis que la cellule de Pondivet représentait le luxe ; un luxe chaleureux, mais déplacé dans ces lieux. Un homme de main tenait compagnie à la porte. Le Grand-Maître les accueillit sans le moindre geste. Les deux compagnons ne savaient quelle attitude adopter, même Harold pour qui les lieux n’étaient pas inconnus.
– Bonjour. Pour commencer, je vais demander à madame de quitter les lieux.
La surprise priva Ela de toute réponse, verbale ou physique. Elle lança un regard inquisiteur à Harold dont la prunelle exprimait l’incompréhension.
– Pourquoi cela ?, s’enquit Harold.
– Le linge sale se lave en privé. Qu’elle soit raccompagnée. La moindre esclandre et je n’écouterais pas votre compagnon.
Ela était prise de cours. L’homme de la porte la pria de sortir par l’intermédiaire de son corps. Elle ne savait plus ce qu’elle devait faire. Le Grand-Prêtre l’y aida :
– Je n’ai pas que vous à voir aujourd’hui. Merci de sortir.
Docilement, elle suivit l’homme vers la sortie. Une fois dehors elle vocalisa toute sa rage. Les passants sur son chemin s’écartèrent. Il ne lui fallut pas tergiverser longtemps pour soupçonner Harold de cette farce. Que préparait-il ? Telle était la question qui la rongeait à présent.
Ela évincé, le Grand-Prêtre entama la négociation :
– J’ai fait ce que vous me demandiez. J’espère que cela en vaut la peine. C’est notre réputation que je mets en jeu.
– J’en a    i bien conscience. Avez-vous apprécié mon envoi ?
– Docile, et gironde comme je les aime. Mais ce n’est pas le propos. J’ai accepté de vous recevoir alors que vous n’étiez plus censé remettre les pieds ici. Que me voulez-vous ?
– J’ai un marché à proposer à l’Ordre. Il y a de forte probabilité pour que je mette la main sur l’Orbe de Renaissance.
– L’Orbe mythique. Celle dont tout le monde parle mais que personne n’a jamais vue ?
– Celle-là même.
– Comment ?
– La bibliothèque de Colver disposait d’un livre en Semi-Plenus, qui m’a été dérobé malheureusement. Ce livre dit que la clé pour ouvrir le temple est la Foutue Clé, celle-la même qui est entreposée ici.
– Un livre à la bibliothèque détenait ce secret ? Comment cela ce fait-il que personne ne l’ai jamais retrouvé dans ce cas ?
– Excellente question. Les gens sont sans doute persuadé que c’est une fable.
– Soit, mais que nous offrez-vous en échange de notre aide ?
– Si je la découvre, alors l’Orbe reviendra à l’Ordre. L’arme que vous tentez de créer depuis tant d’années sera alors à portée de main.
– Qu’est-ce vous y gagnez ?
– Mon nom dans les livres d’histoire comme étant le héros de cette quête, et surtout je veux retrouver ma place.
– L’immortalité et un retour en grâce.
– Oui.
– Cela me paraît acceptable, à défaut d’être raisonnable. Cette clé n’intéresse personne et reste à croupir au fond du placard des objets magiques sans utilité. Je vais faire réunir le Conseil de l’Ordre immédiatement. Attendez ici.
Il rongea son frein pendant trois bonnes heures. Pondivet était facile à convaincre, mais qu’il réussisse à convaincre les autres prêtes n’était pas une partie gagnée d’avance. Un repas lui fût livré. Son ventre criait famine, mais sa bouche refusait le travail. La nourriture avait un goût d’angoisse. Le tour du bureau était devenu un classique lorsque le Grand-Prêtre réapparut.
– Vous avez notre accord. Vous ne devrez en aucun cas révéler que nous sommes liés à cette opération, suis-je clair ?
– On ne peut plus clair.
– Suivez-moi.
Ce qu’il fît sans attendre. Après avoir foulé de nombreux couloirs et quelques escaliers, la porte du placards aux objets magiques inutiles se dressa face à eux. Elle couina sur ses gonds, et ils pénétrèrent dedans à la leur d’une lampe à huile. Sur les étagère, un grand nombre d’objet cherchait un sens à leur vie sous couvert de poussière ancestrale. Pondivet ne mit pas longtemps à trouver ce pourquoi il était venu. L’étiquetage était une valeur sûre et efficace.
– Sortons d’ici avant d’emplir nos poumons de cette antique poussière. On ne sait jamais, elle pourrait avoir été contaminé par un artefact magique dépressif.
– Je ne savais pas que cela était possible.
– Cela ne l’est pas. C’était un trait d’humour. Vous êtes toujours aussi naïf.
Harold bougonna quelque chose d’incompréhensible pour lui même. Il suivit son ancien supérieur au dehors du placard tout en laissant traîner ses mains qui se refermèrent sur un objet qui ne manquerait sans doute à personne. Pondivet lui tendit la Foutue Clé. Elle était plus légère que sa taille ne le laissait présupposé. Rouillée, rien dans son aspect ne laissait présager un talent magique. De retour à l’air libre, il rejoignit Ela qui n’avait pas décolérée de son éviction matinale. Harold se lança dans un mea-culpa :
– Je suis désolé de ce qui est arrivé, mais j’avais tout prévu. Il fallait que je les embobine.
– En m’envoyant compter fleurette ?
– Il fallait que cela ait l’air le plus réel possible. Le meilleur moyen était de ne rien te dire. En t’évinçant, je donnais l’impression de prendre des risques et de trahir ma compagnie. C’était un argument de plus en ma faveur. Je t’ai demandé de me faire confiance, c’est le moment. J’ai récupéré la clé. Il n’y a plus qu’à aller retrouver Sorn.
Il tendit la clé à Ela qui l’empoigna. Elle la scruta avec intensité :
– Ne me refait plus jamais de coup comme celui-là.
– Je ferais de mon mieux.
– Je ne te fais toujours pas confiance.
– On peut y aller maintenant ?
– Oui, allons rejoindre Sorn à Arguenon.
Les chevaux furent scellés, et montés. La clé prit le chemin qui la mènerait à son temple.

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