Quelque part dans le sud de la France, Part 1 : Chap 3

6 mins



PARTIE 1

Chapitre 3


   Yann était très bavard de nature, alors quand il avait un coup dans le nez n’en parlons pas. L’alcool lui donnait un élan de confiance. Il n’arrêtait jamais de causer, de gonfler son égo, de se vanter sur ses probables fausses conquêtes ou alors de gueuler sur un tas de choses qui l’offusqué. Une grande gueule qui dissimulait sans doute un manque de confiance. Lorsqu’il était trop torché, il passait par différente «phase» dépendante de son humeur. Une trop pleine de haine ou une trop pleine d’amour. C’était au choix, mais quelque soit laquelle, ça finissait souvent dans le pathétique. Au contraire de Jeff, Yann travaillait. Il était maçon pour un patron qui l’exploité. Il en avait ras le cul de son boulot de merde et la seule chose qui lui tardait été le week-end pour se murger. Il était retourné vivre chez sa mère, et ça depuis que sa copine s’était barré avec un de ses meilleurs potes, il y a environ 3 ans. Cette rupture avait été un vrai coup dur. Il trouva refuge dans la bouteille. Jeff avait toujours été là pour le soutenir mais au lieu de l’en sortir, il avait carrément plongé avec. Il y a environ 2 ans de ça, ils faisaient la fête tous les week-end avec un groupe d’amis avec lequel ils étaient soudés comme des frères. Malheureusement l’âge adulte arriva trop vite et chacun d’eux s’occupa de sa vie personnelle et eu d’autres priorités sauf pour Jeff et Yann. L’un d’eux était devenu Policier à Béziers, l’autre avait eu un enfant et avait déménagé avec sa copine dans le Tarn, l’un vivait maintenant à Bacares dans le but d’avoir une vie meilleure… On pouvait dire que Yann et Jeff étaient les derniers des Mohicans. D’ailleurs, il est 2h du matin et ils sont les deux derniers rescapés de « L’embuscade ». Comme à son habitude Yann insiste pour avoir droit à un dernier verre mais il est l’heure pour Miche de fermer. Après s’être salué une bonne dizaine de fois, le rideau métallique du bar se ferme derrière eux. Habitant à pas plus de 500 mètres, Yann a tout de même la flemme de rentrer à pied. Il demande à Jeff de le ramener mais ce dernier ne sait plus où il a garé son scooter. Pendant qu’il le cherche, Yann autant rempli qu’une ‘teille de Ricard, traverse la route pour aller se soulager. Dans le pur hasard, il tombe nez à nez avec la vieille Clio tuning, ridiculement décorée d’autocollants en forme de flamme collés de chaque côté, appartenant à leur cher ami Lenny. Pris d’excitation, il hurle sur Jeff pour qu’il vienne le rejoindre. Alors qu’il venait de mettre la main sur son scooter, il pense que Yann l’alerte de la présence de la police. Il se jette à plat ventre pour se cacher derrière des véhicules stationnés.

-Arrête de faire l’imbécile pauvre poche ! L’incendie Yann.

-Pourquoi tu me crie dessus ! Je pensais qu’il y avait les flics idiots !

En titubant, Jeff rejoint son compagnon de cuite.

-Tu penses à ce que je pense ? Yann se frotte déjà les mains devant sa future connerie.

Un sourire malicieux se dessine sur le visage de Jeff. La même idée de « génie » illumine leurs cerveaux noyés d’alcool.

                            Sifflotant, tranquillement, côte à côte, les deux amis sont en train d’uriner sur la fameuse Clio, par pure et simple vengeance.

-Je ne pensais pas mais j’avais une sacrée envie, ricane Jeff.

Yann est crispé. D’avoir uriné, ses orifices se sont ouverts. Son envie de chier est revenue au galop, bien alimenté par le nombre incalculable de verres et de tapas en tous genres qu’il s’est enfilé. Ses intestins se tordent. Il ne reste plus beaucoup de temps avant qu’ils explosent. Il ne peut plus se retenir, il craque et décide de prendre une décision d’extrême urgence. Il monte sur le capot. Se doutant de rien, Jeff se demande qu’est ce qu’il peut bien fabriquer. Yann retire son futal. A peine défroqué, que la merde marron claire toute molle sort de son trou de balle.

-Mais t’es sérieux! Tu respectes vraiment rien ! T’es un vrai dégueulasse !

-Arrête de parler, tu me perturbes !

La merde coule le long du pare-brise, glissant entre ses jambes finissant sa route sur le devant de la voiture. Jeff est à la fois hilare et dégoûté à de doigt de vomir. Heureusement que l’envie fut présente et donc assez rapide. Et comme c’était le cas de le dire :

-Merde ! Comment je me torche ?!

-C’est un peu tard pour y penser s’esclaffe Jeff.

Cerise sur le gâteau, en voulant descendre du véhicule, Yann glisse sur ses excréments, se ramasse sur le capot plein de merde et finit sa chute sur le goudron. S’en est trop pour Jeff qui explose littéralement de rire.

                                         Se remettant de leurs émotions, les deux amis sont assis sur le trottoir à côté du Scooter de Jeff. Ce dernier s’est éloigné de Yann pour ne pas sentir son odeur à peine supportable.

-T’en rate vraiment pas une. C’est quand qu’on se décide d’être un peu plus mature ?

-Pas ce soir en tout cas, mais tu sais, on a tout notre temps répond Yann.

-On a 26 ans.

-Ah ouais quand même..

Cette annonce, surprend Yann. Comme s’il ne connaissait pas son âge. Il avait l’impression que le temps s’était arrêté à ses 17. Vous vous rappelez quand on parlait des phases d’alcoolémies que pouvait avoir Yann ? On ne sait pas si ça vient du temps agréable ou du ciel rempli d’étoiles (sûrement pas de sa chute dans ses excréments), mais il se prépare à déclarer sa flamme amicale à Jeff. Il se rapproche de son ami. L’odeur se glissant dans ses narines, Jeff recule.

-Je veux pas être méchant, mais j’aimerai bien que tu restes à ta place, tu fouettes grave mec.

Yann sort de la poche arrière de son jean un couteau.

-Mais qu’est ce que tu fous avec ça ? Demande Jeff surpris.

-Tu sais mon pote. On se connaît depuis quand ? Depuis l’époque du bac à sable et on est encore là, les deux derniers, soudés. T’es bien plus qu’un pote Jeff. T’es mon mon frère, je le pense vraiment. Il est grand temps que l’on devienne frère de sang.

Jeff est méfiant. Il se demande qu’est ce qu’il peut bien encore avoir comme idée saugrenue. Le connaissant parfaitement, il sait que ses idées alcoolisées peuvent facilement finir au drame. Yann lui explique que pour être frère de sang, il leur suffit tout simplement de partager leur sang, en s’ouvrant légèrement la paume et de lier leur amitié par une poignée de main. Une goutte suffit. Jeff n’a pas l’air convaincu et se demande qu’elle maladie est transmissible par le sang. Il pense à toutes les maladies probables que ce con peut avoir, ce qui le refroidi rapidement. Mais pas le temps de dire quoi que ce soit, que Yann commence à se tailler avec le couteau. Alors qu’une goutte de sang aurait dû suffire d’après ses dires, ce double idiot se taillade complètement la main. Surpris, il lâche un léger cri de douleur.

-Ca va ? Lui demande Jeff inquiet.

-Ouais ouais ça va. Yann lui tend le couteau.

-A toi.

Déjà pas chaud à la base, Jeff est totalement refroidi à la vu des flaques de ce liquide rouge se déversant sur le sol. Son visage écarlate dû à l’alcool passe au blanc. Il pâlit littéralement. Sa tête se met à tourner. Il se vide et essaie tant bien que mal à calmer l’hémorragie en appuyant sur sa plaie.

-T’es sur que ça va aller ? Tu veux pas que je t’emmène à l’hôpital?!

-Non, non !

Alors qu’il essaie de se lever, il perd l’équilibre et se retrouve le cul sur le trottoir.

                                      3h30 du matin, les voilà en scooter en direction de l’hôpital se situant à 15 minutes de route. Jeff, une main sur le guidon, et l’autre entrain de tenir par le col son blessé de guerre pour ne pas qu’il tombe à la renverse. Ce dernier est à deux doigts du malaise. La vue de Jeff est floutée par l’alcool. Il fait de son mieux pour suivre les lignes blanches pour ne pas faire une sortie de route. Miraculeusement, ils arrivent à destination sans le moindre accrochage. Pour la première fois de sa vie, Yann est muet. Jeff fait l’effort malgré l’odeur repoussante de son ami, de l’aider à rejoindre les urgences dans le silence le plus complet. Yann doit être en train de se demander qu’elle excuse pourra t’il trouver entre sa main ensanglantée et l’atroce émanation que dégage son corps, tout en espérant que l’infirmière qui s’occupera de lui sera à son goût.

Pendant le temps de sa prise en charge, Jeff se balade dans l’hôpital, traversant les couloirs et passant devant les âmes en peine, en espérant que le retour se déroulera aussi bien que l’aller.

                  

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