Fuir. Fuir. Fuir, encore et toujours,
Le cœur battant, le souffle court.
La forêt sur moi se referme,
Mais peu importe, tant que je les sème.
Que je sème ces bruits inquiétants au-dehors :
Pas, craquements, cris ; je fuis la mort !
Les créatures de la nuit m’observent, je les sens ;
Et j’espère traverser la forêt, leur échapper à temps.
Fuir. Fuir. Fuir, encore et toujours,
Des heures durant, sans voir le jour.
La brume autour de moi s’installe,
Mais je continue, sans le moindre râle.
Pourquoi je cours ?
Pourquoi l’air est si lourd ?
Une pâle lueur me suit ;
Encore et toujours, je la fuis.
Fuir. Fuir. Fuir, encore et toujours,
Sans vraiment savoir pourquoi, je cours.
Ma forme, pourtant frêle
Continue ses efforts sans peine.
Derrière moi toujours la présence de ce pâle être,
Sûrement, il doit s’agir d’un spectre.
La peur petit à petit me quitte ;
Pourtant mon pas, jamais ne ralentit.
Je cours, cours, encore et toujours,
Mes pas légers remuent à peine la tourbe.
Le paysage autour m’est familier,
Comme si j’y étais déjà passée !
Soudainement, une forme au loin,
Allongée, inerte, elle n’est plus rien.
Doucement, ma course se fait plus modérée,
Et je regarde la silhouette, intriguée
Enfin je la vois, horrifiée ;
Ce corps inerte, mon propre reflet !
Je cours, cours, encore et toujours,
De la forêt je fais le tour.
Des années se sont écoulées
Depuis que j’ai trépassé.
La lueur ne me quitte plus
Elle et moi ne faisons qu’une.
Désormais, si je cours sans arrêt,
C’est que je suis le spectre de la forêt.