Ah la vache, j’ai mal aux pieds.
Une plombe que je marche, la nuit va tomber et moi aussi.
Il y a des journées comme ça où on ferait mieux de rester couché ou de se casser une jambe comme disait ma grand-mère.
Déjà ce matin ma voiture m’a laissé en carafe, mauvais signe précurseur d’une journée catastrophe.
Et quelle idée aussi d’aller voir le Gitan un jour pareil.
Raul, dit le Gitan, un drôle de lascar, le spécialiste des coups tordus. Un jour il a décidé de laisser tomber les petites combines qui rapportent des clopinettes pour se lancer dans la fausse mornifle. Il voulait imprimer des biftons de cent francs alors que ça fait plus de quinze ans qu’on casque en euros. Son idée de génie était de les revendre aux collectionneurs de billets plus cher que la valeur faciale. Evidemment, on lui a dit que s’il était le seul à inonder le marché avec des faux talbins il se ferait vite repérer et qu’il aurait le temps de mijoter une autre astuce en cabane. En attendant le coup du siècle, il continue de s’occuper de son bistrot le long du canal. Et comment il l’a acheté son bistrot ? Mystère. Il dit qu’il a gagné aux courses sauf que personne l’a jamais vu aux courtines. De toutes façon c’est ses oignons, je vais pas lui casser du sucre sur le dos, je suis pas blanc-bleu, l’age aidant je me calme et maintenant je gagne honnêtement ma vie en trichant aux cartes.
La vache, j’ai mal aux pieds, maintenant il fait nuit et j’ai les arpions en vrac. Et tout s’enchaîne. Pas pu refuser l’invitation pour un poker dans la réserve du bistrot emménagée en salle de jeu, normal, c’est ma raison sociale, il faut bien que tout le monde vive. Et sans me vanter je me débrouille pas trop mal. Mais cette fois c’était vraiment pas le jour, je me suis fait plumer, dépouiller, j’y ai même laissé ma montre. Et voila comment je me retrouve raide, sans un, à pied rentrant chez moi de nuit.
Il faut apprendre de ses échecs dit le poète. Tu parles, le poète n’a jamais quitté son confort, mais ce qui est sûr pour moi, c’est que la prochaine grève des transports, je garde un billet pour rentrer en taxi.
A suivre…
Chouette bifton, votre bafouille est au poil !
J’ai zieuté quelques petites coquilles…
@Patricia Saccaggi : merci pour la lecture attentive, je relis et me corrige