Photo originale de Mahé : Nu
Calme et pourtant chaviré
Elle voit passer les jours, les heures et les minutes.
Il est si près d’elle et si loin malgré tout.
Elle sent son souffle la frôler
Et causer à son corps un frisson doux et puissant,
Si délicieusement bon et douloureusement terrifiant.
La chaleur de son corps la brûle,
Ses doigts la caressant l’enivrent et la transportent.
Elle ferme les yeux et il est là
A ses côtés, doux attentionné, aimant.
Elle soupire, elle exulte.
Elle voudrait essayer mais elle ne peut bouger.
Elle est paralysée par ce bonheur charnel,
Cependant il l’effraie.
Elle se me sent étrangère aux désirs de cette femme,
Mais elle se ment aussi
Car le plaisir l’attire, l’aspire.
Elle est comme une enfant
Devant une friandise dont on lui interdit
De la voir et même d’y songer.
Et comment résister à un supplice pareil,
Elle est là à portée de sa main
Et personne ne la voit.
Il serait si facile de tendre un peu le bras
D’y goûter et de vite s’en aller.
Mais comment cacher ensuite le petit morceau qui manquerait.
Impossible …
Tout le monde saurait que l’enfant a menti.
On le montrerait du doigt
Et s’en serait fini.
Plus personne ne lui ferait confiance.
Elle, la si sage aurait trahi.
Elle serait sans nul doute écartée du groupe de ses amis,
Elle serait une intruse au sein de sa famille.
Ne pourrait-elle jamais supporter ce fardeau ?
Saurait-elle assumer sa trop grande gourmandise ?
Aurait-elle le droit de demander pardon ?
Pourrait-elle seulement se pardonner elle-même ?
Mais l’amour charnel est plus fort que tout.
Il transcende nos sens,
Éveille notre odorat,
Sublime le toucher,
Aiguise tous nos sens
A en perdre la raison.
Offre à notre regard,
Des images féeriques,
A tout jamais gravées,
Dans un endroit secret.
Où il nous est permis de pouvoir savourer,
De pouvoir déguster
Et de pouvoir goûter aux saveurs délicieuses
D’un goût nouveau d’interdit.
Où sont passés les liens qu’hier encore
La tenaient prisonnière,
Volontaire sans doute mais ligotée somme toute.
Aujourd’hui, elle a brisé des attaches inutiles
Car l’amour ne doit être une entrave.
On est ensemble et on restera ensemble,
Main dans la main,
Mais pas trop proches car
« Les piliers d’un temple s’érigent à distances
Et le chêne et le cyprès ne croissent pas dans l’ombre l’un de l’autre ».
Telle est sa résolution aujourd’hui,
Mais elle est seule à l’avoir prise.
Alors qu’en adviendra-t-il si son ami
N’a pas la même vision que notre jeune amie ?
Elle prend le risque.
N’est-ce pas ce risque qui existe et palpite.
Ce risque si subtil qui affine ses sens,
Dévoile en elle un fantasme si puissant
Que le goût du risque lui-même est plaisir…