Cette année-là, en fin d’année scolaire, on ne parlait que de ça et on jouait à ça à longueur de temps : la mission spatiale Apollo 11. L’école, pour l’occasion, avait choisi de faire un Livre d’Or. C’était un très grand livre, avec des feuilles cartonnées de couleur, le tout relié. Chaque classe, guidée par sa maîtresse, avait rédigé plusieurs pages du livre avec des textes sur la mission spatiale et des photos de presse. L’école avait organisé un grand concours de dessin. Les maîtresses allaient élire le meilleur dessin qui constituerait la couverture du Livre d’Or. Tous les enfants de l’école avaient participé, le résultat était attendu avec frénésie. J’ai gagné le concours, j’étais très fière de voir mon dessin en couverture de notre Livre d’Or Apollo 11. C’était un dessin fait à la peinture. La fusée Apollo traversait le ciel, la lune en gros plan était en haut avec ses cratères, et au fond de la nuit, on voyait les autres planètes du système solaire. Il était vraiment trop beau mon dessin.
Je me souviens parfaitement du 21 juillet de cette année-là, 1969. Tout le monde était devant la télé. Assise par terre avec mes sœurs, le nez collé sur l’écran, je ne voulais rien rater. Je pensais au fond de moi que c’était très important, qu’on en parlerait plus tard dans les livres d’histoire, et que j’avais la chance de le voir à la télé. Je me disais : « Regarde bien, ne rate rien surtout ». J’ai tout bien regardé, j’étais fascinée, les premiers pas d’un homme sur la lune, ça me semblait incroyable. L’astronaute Neil Armstrong a dit en posant le pied sur le sol lunaire : « C’est un petit pas pour l’homme, mais un bond de géant pour l’humanité ». Après cela, tous les gosses jouaient à la mission Apollo 11 et répétaient cette phrase devenue si célèbre aujourd’hui. A ce moment-là, je pensais que l’on serait très bientôt capable d’explorer d’autres planètes comme Mars ou Saturne. Je croyais qu’en l’An 2000, qui était pour moi à cette époque, un futur très, très lointain, tous les humains seraient habillés avec des combinaisons argentées comme dans les séries de science-fiction, se nourriraient de pilules et se déplaceraient en voitures volantes.