Christine
Sa mère lui rendait visite chaque jour au CAUMP, elle faisait la route chaque midi et chaque soir pour ne pas que Lola se retrouve seule, sans personne pour la visiter. Sa fille avait besoin d’elle et elle serait là, elle se l’était jurée. Perdue dans ses pensées, elle se demandait si leur famille était touché par une malédiction. D’abord sa mère, ensuite sa fille. Aucune d’entre elles ne parlaient lors de ces visites. Après un timide : « Comment vas-tu aujourd’hui ? » auquel seul le silence répondait, l’une comme l’autre était immergé dans leur pensées, regardant le plafond, faisant les cent pas.
Aujourd’hui pourtant, Lola regarda sa mère et lui demanda :
– Pourquoi papa ne vient-il jamais ? Il est en colère ? S’il te plaît, dis-lui que je suis désolé, à toi aussi maman je te le dis : je suis désolée.
Christine allait répondre lorsque le docteur Mureau fit son entrée dans la chambre.
– Salut Lola, comment vas-tu aujourd’hui ?
– Ça va.
– Tu es prête, on y va ? Madame, comment allez-vous ? Vous pouvez attendre Lola dans la salle d’attente si vous le souhaitez.
– Oui, merci docteur, je vais l’attendre avant de repartir.
Lorsque Lola revint trente minutes plus tard, ne trouvant pas sa mère dans la salle d’attente, elle sortit voir si sa mère était dehors. Personne.
– Elle a peut-être eu une urgence se dit-elle retournant dans sa chambre, je lui parlerais demain.
Elle n’avait pas franchi la porte de sa chambre qu’elle savait que quelque chose n’allait pas. Son carnet d’écriture était ouvert sur son lit à la page où était caché la lettre qu’elle avait écrit, et qu’elle envisageait d’offrir à ses parents dès qu’elle se sentirait prête. Lettre où elle était le plus honnête possible avec ses parents et leur avouait son homosexualité. Respirant de plus en vite, elle commençait à trembler, à tourner en rond, les mains sur la tête jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus respirer. L’infirmière, qui l’avait entendu haleter lui donna un comprimé pour la calmer et s’installa auprès d’elle l’initiant à des exercices de respiration.
Une fois calmée, Lola demanda à rester seule. Claire essaya de lui parler, de savoir ce qui s’était passé mais Lola insista lui criant qu’elle n’avait rien à dire.
– Repose-toi, lui dit Claire. Je repasserais plus tard.