Un prêtre, nommé Noël Ronce, purifia l’homme à l’aide de l’eau bénite recueillie dans divers lieux saints chaque année. C’était son rôle de les étudier pour ensuite pouvoir créer des élixirs de protection ou des baumes de guérison. Les sorcières de Salem l’aidaient dans cette tâche grâce à leurs connaissances millénaires des vertus médicinales des plantes.
Une fois le Silvarium remis sur pied suite à la gifle que je lui avais assénée, avec un petit soupçon de plaisir je l’avoue, je lui ordonnai de me suivre. Ce n’était pas tous les jours qu’on pouvait se permettre un tel acte sur une personne de son rang… Je le regretterais plus tard. Mais bon, sur le moment je n’avais pensé qu’à satisfaire mon besoin d’évacuer le stress insurmontable qu’il venait de me faire subir sans le savoir, certes, mais quand même !
Je le conduisis dans la chapelle des martyrs, dont la porte datant du Moyen-âge était toujours aussi lourde. Personne n’avait encore voulu investir dans un système d’ouverture moderne de type détection du fond de l’œil pour mon secteur, si bien que je devais pousser les battants de cette porte avec force pour réussir à l’ouvrir. J’étais vraiment considéré comme la dernière roue du carrosse.. Enfin, il faut dire que je n’osais jamais me plaindre, alors là-haut ils en profitaient. Vous pensez bien la fille d’un incube, une moins que rien…
Je n’allais en tout cas pas me laisser rabaisser par ce minable de Silvarium qui se permettait sans aucune discrétion de jeter sur mes fesses un regard avide, une fois de plus ! Je sentais le rouge me venir aux joues, mais me forcai à prendre l’air le plus sévère possible et refusai de lui faire la révérence comme j’aurais du le faire selon les usages. Au contraire, je l’insultai en le traitant d’avorton, de dégénéré comme son prédécesseur, lui dressant un rapide tableau des événements dramatiques qui se déclenchaient dans le monde à l’heure où nous parlions…
Mais il ne se laissa pas impressionné et menaça de me tuer sur le champ si je ne lui disais pas où était le Corps. Heureusement que Skylar l’avait à l’oeil, elle semblait le détester autant que moi, et dégaina aussitôt son Glock rose, une arme d’apparence ridicule mais bien plus puissante qu’un baooka en fait, histoire de tromper l’adversaire.
Autant j”étais nulle dans le rôle de Cruella, autant Skylar avait tout pour plaire et savait se faire respecter si nécessaire. Elle avait un corps de rêve et une classe que je jalousais, des yeux de biche et une force mentale hors pair. Je savais pouvoir compter sur elle quoiqu’il arrive.
Quant au Silvarium, lui, il avait tout pour me déplaire malgré sa gueule d’ange. Une grande gueule, oui, qui ne pensait qu’à lui et se foutait pas mal des autres…Enfin de presque tous les autres, au moins là il se souciait de quelqu’un, si on peut dire qu’il s’agissait de quelqu’un. Je décidai donc de lui faire part d’une partie de ce que j’avais pu comprendre grâce à mes dernières visions et à mes recherches. Je ne m’attendais pas du tout à sa réaction…
Lorsque je lui expliquai que le Corps était son ange gardien, une jeune fille qui avait déserté son poste pour fuir la menace de l’Ange Noir (je ne lui dis pas que c’était sa fille car je jugeais cela inutile), et qu’à l’heure où nous parlions, elle devait être en route pour l’enfer, le Silvarium pensait pouvoir plaider en sa faveur là-bas ! Aucune connaissance sur le monde qu’il était censé devoir diriger plus tard…J’en étais atterrée ! C’en était même hilarant au fond et avec Skylar nous lui riâmes au nez, en lui faisant comprendre que le Corps croyait avoir trouver refuge chez lui non pas pour baiser avec lui mais pour éviter la néantisation !
D’un coup, une rage folle s’empara de lui et je crus qu’il allait me broyer les épaules tant ses mains m’enserraient, sa force décuplée par le désespoir que je lus dans ses yeux. Finalement, il n’était peut-être pas aussi vil que son prédécesseur, il aimait vraiment ce Corps auquel il voulait donner vie humaine.
“Non, non, non, Mary, ne te laisse pas attendrir. Il est comme tous les autres mecs que tu as fréquentés. centrés sur leurs nombrils, ne pensant qu’à leurs propres intérêts sous de faux-semblants . Tiens lui tête !” m’étais-je dis. Il était hors de questions qu’il puisse avoir une quelconque emprise sur moi !
Il finit par me lâcher, une fois de plus grâce à l’intervention de Skylar. Que ferais-je sans elle ?!
Je me résolus alors à expliquer au Silvanium que nous vivions une ère particulièrement dangereuse, celle du Verseau, celle des bouleversements dans les relations, celle pendant laquelle les forces du mal pouvaient facilement influencer les âmes fragiles et les amener à agir de façon violente. Je lui appris que l’Ange Noir était la main de fer qui menait ces troupes diaboliques, il étendait son emprise sur tous les êtres humains qui croyaient ne rien mériter d’autre, qui, affaiblis, pensaient pouvoir ainsi survivre aux enfers. Le sol trembla, les démons construisaient désormais une véritable autoroute sur laquelle des milliers de dénaturés allaient rejoindre leur propre enfer, enfermés dans des regrets sans fin. Le Corps était sûrement parmi eux, pris au piège par le Thérianthrope qui ne lui épargnerait rien…
Le Silvarium s’écroula en pleurs, comprenant sa méprise. Son égoïsme avait mené la créature qu’il aimait tant directement en enfer. Enfin, il faisait preuve d’empathie et de compassion. C’est alors qu’un éclair bleu surgit du corps recroquevillé sur lui-même . Je dus baisser les yeux tant son éclat était puissant. Plus de doute, cet homme était bien le Silvarium…Des ailes étaient en train de pousser dans son dos, des ailes immenses et splendides soi-dit en passant. Une assemblée d’anges se rassembla autour de l’élu : ils ne comprenaient pas comment cet homme avachi au sol, responsable de la perte du Corps, pouvait avoir été choisi par le Conseil Céleste pour les diriger tous. Ils crurent à une blague et se moquèrent ouvertement…Le Silvarium sortit de l’Eglise avant même d’avoir compris qu’il avait désormais des ailes.
Je me revis au milieu de mes camarades lycéens lorsque ces derniers me traitaient de pauvre folle, et je ressentis une immense tristesse au plus profond de moi. Le Silvarium, au fond, était comme moi.
Je me ressaisis et confiai à Skylar et la bande de Salem la mission de veiller sur lui, je n’avais confiance qu’en eux. Je craignais que la folie ne s’empare de ses pensées et qu’il ne cherche à mettre fin à ses jours pour rejoindre les enfers et le Corps. Or je savais que cela serait fatal pour nous tous. L’Ange Noir n’aurait plus rien pour l’arrêter ! Il me fallait vite trouver comment prouver au Conseil Céleste que j’avais raison de croire que c’était lui qui nous trahissait, les dieux en doutaient encore. Et je devais trouver comment il passait d’un monde à l’autre sans être vu…. S’il pouvait le faire, d’autres anges devaient le pouvoir aussi.
Je retournai dans la chapelle où se trouvait mon écran personnel de détections des mouvements occultes pour y chercher des preuves de ce que j’avançais, et réfléchir loin du tumulte provoqué par l’apparition du Silvarium. Je le savais, seul il ne pourrait pas sauver le Corps, la fille de l’Ange Noir…et donc encore moins l’humanité toute entière.
Donc la réaction du Silvarium a fait sortir quelques émotions à la scientifique de Harvard ? Mmm… je me demande bien ce qui va se passer entre ces deux-là.