L’Ange Noir, partie 8

11 mins

    Il n’était pas loin de midi quand je fus réveillée par le père Ronce qui tambourinait sur la lourde porte de la chapelle, mon QG perso. Lorsque je lui ouvris, les cheveux ébouriffés, mes lunettes de travers sur le nez, en baillant comme une corneille sans ailes…il me houspilla sans même me saluer.

“Bon sang, tu m’as fait peur, ça fait des heures que je te cherche partout ! Dis moi tu aurais pas un peu abusé de l’élixir, toi, vu ta tête ?

– Bonjour l’ami…Mais non, t’inquiète… j’ai juste pris une p’tite rasade, promis !

Skylar m’a dit pour les larmes du Sylvarium. Notre petit bijou sera bientôt prêt…Mais fais attention, tu sais combien la jalousie de certains pourrait tout ruiner. Il y a des ragots qui circulent comme quoi tu serais complètement folle et cela les arrangerait bien de te faire enfermer pour prendre ta place.

– Qu’ils aillent au diable tous ces hypocrites, des lèches bottes du Haut-Ciel !

– Maryyyy ! Ah, j’allais oublier… je t’ai apporté du thé et il y avait ceci accroché sur la porte.

– Qu’est-ce que c’est encore ? “

 Le père Ronce tenait à la main une enveloppe avec le sceau du Conseil Céleste ! Il me virait, j’en étais certaine. Cela ne pouvait pas en être autrement, depuis le temps qu’ils en rêvaient tous…Je me demandais même pourquoi j’étais encore là à part pour leur servir de larbine. Les tâches que personne ne voulait accomplir, c’était toujours pour ma pomme !

“Allez ouvre ! Qu’est ce que tu attends ?”

Je remis mes lunettes en place et relus par deux fois le message que contenait l’enveloppe. Ce n’était pas possible, si c’était une blague, elle était de mauvais goût !

“T’as quand même pas osé me faire ça ?

– Te faire quoi ? Bon sang, dis moi ce que le Conseil te veux pour finir !

– C’est une convocation ! C’est pas toi qui l’a écrite pour te railler de moi, t’es sûr?

– Non, mais tu rigoles, jamais je ne me moquerais de toi, tu le sais bien ! Et c’est leur sceau, je n’ai pas la capacité de le reproduire, il est truffé d’électronique dernier cri. Tu es vraiment convoqué ?

– Il faut croire…à celui de 12h30. Quelle heure il est ?! “

Je n’attendis pas la réponse du père Ronce qui était encore sous le choc de cette nouvelle. Il ne me restait que 15 minutes pour me rendre au Conseil. Je n’avais pas le temps de me recoiffer, ni même de boire le thé encore fumant qu’il m’avait apporté. J’embarquai tous les documents qui trainaient sur mon bureau pour pouvoir prouver au Conseil qu’il était urgent d’envoyer une délégation d’anges dans le Colorado, et je courus le plus vite possible, les bras chargés de vieux papyrus, de relevés en tout genre et de rouleaux sur lesquels j’avais marqué les emplacements possibles de l’entrée des enfers juste avant de m’endormir hier.

J’étais si pressée et excitée à l’idée d’aller enfin au Conseil que je ne fis pas attention à l’homme qui s’avançait vers moi…Je fus stoppée net dans mon élan par le choc de mon corps contre le sien ! Mes documents volèrent dans tous les sens et se retrouvèrent éparpillés au sol ! Pas le temps pour les excuses, je m’agenouillais pour les ramasser quand je vis l’homme faire de même et l’entendis s’excuser de n’avoir pu m’éviter.

Je levai la tête et le regardai plus attentivement. Un gars qui s’excuse, ça méritait que j’y jette un coup d’œil. Il était élégant dans son costume gris avec son petit nœud papillon autour du cou. Il portait lui aussi des lunettes, mais avec des verres plus épais que les miens. Ses yeux étaient sombres comme ses cheveux courts d’ailleurs. Il portait un chapeau melon, ce qui me fit sourire, plus personne ne portait ça de nos jours ! Il avait malgré tout du charme et je pus lire sur son badge :”Dr ès S.O.S.Q.,James J.H. de Etherwood”. Comme je le fixais un peu trop, il m’aida à me relever et se présenta d’une voix teintée d’un accent que je ne connaissais pas :

“: Docteur James Jekyll Hyde de Etherwood, spécialiste en Sciences Occultes et Sciences Quantiques. Mais appelez moi James, madame !

– Euh,… merci , Monsieur James,

– Laissez-moi vous laissez ma carte, je serais flatté que vous acceptiez une invitation pour me faire pardonner de cet incident malencontreux.

– Euh…oui, oui, désolée mais je dois partir !”

Je repris ma course folle pour ne pas rater l’ouverture du passage vers le Conseil Céleste, légèrement perturbée par cette rencontre, il est vrai. Je devais être rouge tomate…Je me promis de le rappeler dans la soirée. Après tout, c’était mon jour de chance alors peut-être que cette fois, ce serait le bon ? Qui ne risque rien, n’a rien comme disait ma mère adoptive !

À peine arrivée devant le cerbère en pierre qui gardait le passage, je reçus des consignes comme quoi je devais rester derrière les sorcières et ne pas faire de vagues pendant la réunion du Conseil. En clair, j’étais juste invitée à titre d’observatrice ! A quoi bon m’y rendre alors, si je ne pouvais pas m’exprimer ? Je m’apprêtais à faire demi-tour quand j’aperçus un peu plus loin derrière moi le Docteur James qui me faisait de grands signes de la main. Qu’est-ce qu’il me voulait ? Trop impatient de me revoir ? Quand même pas, si ? Il s’approcha de moi et me remit un de mes documents que j’avais perdu dans la bousculade de tout à l’heure.

“Si je puis me permettre un conseil, confiez-moi vos documents et je me chargerai de convaincre le Conseil d’accéder à vos requêtes.

– Comment vous savez que j’ai une requête ?

– Pourquoi seriez-vous là sinon ? J’allais vous en parler mais vous avez détalé trop vite. Je suis un fan. J’ai lu vos articles, vos livres et j’ai, grâce à Dieu, eu la chance de rencontrer lors d’un meeting de sciences occultes, vos amis moines de Boscodam qui m’ont autorisé à lire les dernières recherches sur lesquelles vous travailliez. Ils m’ont fait part de leur inquiétude quant à vos chances de vous faire entendre dans ce milieu des technocrates du Haut-Ciel. Je me suis alors proposé pour venir vous aider en devenant votre interlocuteur auprès du Conseil. Ils m’écouteront, moi, car de par mon rang, ils n’auront pas le choix. Ma famille est une des bienfaitrices de ce Campus : elle verse une somme suffisamment coquette à ses messieurs du Conseil pour l’entretenir, voyez-vous!

– Mais pourquoi vous feriez cela ? Je ne suis rien qu’une folle pour eux !

– Je le sais, mais contrairement à ces êtres dépourvus d’intelligence, croyez-moi, j’ai su voir le potentiel qui sommeille en vous. “

Je trouvais tout cela un peu étrange, mais les paroles de cet homme distingué me touchèrent droit au cœur… Il me voyait à ma juste valeur, si j’en avais une, en tout cas, lui, il reconnaissait mon travail ! Je sentis une vague de rougeur me venir à nouveau aux joues.

Le temps pressait et je devais convaincre le Conseil du bien fondé de ma demande. Cet homme providentiel était sans doute la seule chance que j’aurais avant longtemps de pouvoir intervenir auprès des maîtres célestes… c’était triste à dire, mais je n’avais plus rien à perdre.

Comme prévu, je dus me contenter de l’espace étroit au fond de la salle, à l’extérieur de l’hémicycle central. Je n’arrivais même pas à atteindre les rambardes tant les sorcières étaient nombreuses. En plus, j’étais obligée de me pincer le nez : leur odeur nauséabonde me donnait des nausées. C’était à croire que ces bonnes femmes se parfumaient à l’urine de chat noir ! Et que dire de tous ces insectes et reptiles en tout genre qui grouillaient dans leurs chevelures ?! Pouah !!! On me considérait donc d’une caste encore plus basse que la leur…celle des serpillières, quoi !

Je ne voyais rien, j’avais beau me mettre sur la pointe des pieds, rien à faire…j’étais trop petite pour apercevoir le moindre bout de toge des maîtres. Je ne pouvais voir que le superbe plafond orné de chérubins aux ailes d’or et d’autres êtres angéliques au côté des différents dieux vénérés dans le monde représentés sur le vêtement d’un seul être suprême qui brillait au milieu de la scène. Heureusement, les amplificateurs de son étaient assez puissants pour que je puisse entendre tout ce qui se disait. Rien de bien passionnant jusqu’à ce que mon docteur James intervienne. Il avait raison, ils le laissèrent parler de mes recherches… comme si c’était les siennes, mais bon au moins, lui, il l’écoutait. Tout ce qui importait, c’était le résultat. Et il obtint ce que je n’aurais jamais cru possible : une délégation d’anges allait être envoyée dans le Grand Canyon pour trouver l’entrée des Enfers !!! Yes !

Pour mener à bien cette mission, qui n’avait pour les membres éminents du Conseil que peu d’intérêt – leur accord n’était en fait qu’une simple courtoisie envers la fortune du Docteur James –  ils désignèrent, comme je l’espérais, l’escadrille commando des Séraphins de Salem, celle de Skylar et de Vector. Ils devaient se dire que s’ils ne revenaient pas de cette expédition au Colorado, ce ne serait pas une grosse perte, vu sur qui ils veillaient (moi et d’autres humains sans trop d’importance).

Ils partirent donc aussitôt avec trois de leurs fidèles compagnons entraînés depuis leur tout jeune âge à ce genre de mission périlleuse. Les vents du Grand Canyon demandaient une maîtrise de vol parfaite, et plus ils approcheraient de la porte de Satan, plus le danger se ferait menaçant. J’avais peur pour eux, mais je leur faisais confiance. Il fallait trouver cette porte coûte que coûte !

Alors que l’équipée s’envolait vers le danger, je cherchai James pour le remercier mais aucune trace de lui…Cet homme m’intriguait. J’avais sa carte, je l’inviterais un soir à boire un verre avec moi et mes amis après leur retour.

J’aperçus alors le père Ronce assis sous le chêne de la Sagesse, un arbre d’une taille remarquable dont l’âge n’était pas connu. Il avait toujours été là, offrant son ombre à tous ceux qui désiraient prendre le temps de penser librement. Le père Ronce semblait perdu dans ses pensées, les yeux dans le vague. Il sursauta quand ma main se posa délicatement sur son épaule, puis me regarda tendrement.

“Ah c’est toi ! Alors ils t’ont enfin écouté, ces abrutis du Conseil ? J’ai vu Skylar avec son commando prendre les airs.

– Oui, enfin non, ce n’est pas moi qu’ils ont écouté. Mais un certain Docteur James qui, à ma grande surprise, souhaitait m’aider dans mes recherches. Mais peu importe, j’espère que Sky trouvera la porte de Satan et qu’elle me reviendra entière.

– Ne t’inquiète pas, ce n’est pas une débutante, elle a de l’expérience et Vector est avec elle. Ton docteur m’a aussi rendu visite, il y a quelques jours, figure-toi ! Un vrai gentleman. Il voulait en savoir plus sur mes élixirs, sur les lieux saints. Il travaillerait sur un livre de recettes occultes. Mais il y a quelque chose qui me dérange en lui, je ne saurais dire quoi…une sensation bizarre…J’ai eu comme des frissons dans le dos quand il m’a serré la main.

– Tu as peut-être juste ressenti un courant d’air en même temps ! Grâce à lui, nous pouvons espérer freiner l’avancée des forces diaboliques…et il reconnait tous les efforts que j’ai fournis jusque là ! Tu te rends compte ! Un nouvel allié à nos côtés.”

Le père Ronce ne se réjouissait pas autant que moi, il avait toujours été plus méfiant et craignait que je ne me fasse encore des illusions. Il m‘avait si souvent relevée de mes peines de cœur, m’encourageant à me battre pour garder la tête haute, droite dans mes bottes quoiqu’il arrive ! Mais aujourd’hui je le trouvais plus taciturne. J’aperçus une piqûre qui le démangeait sur son avant-bras. Lorsque je voulus en savoir plus, il m’ignora en changeant de sujet. Chacun reprit ses affaires et s’en retourna à sa tâche. Si j’avais su…je ne l’aurais pas laissé partir ce jour-là.

Pendant que j’étais au Conseil, Il s’était rendu chez les sorcières pour qu’elle le soulage, mais le baume ne semblait pas avoir d’effet sur cette piqûre. Elles n’avaient pas su reconnaître l’exacte origine de cette blessure, mais elles soupçonnaient une araignée très rare venue des ombres et l’avait prévenu qu’un terrible danger le menaçait. Il savait que les sorcières ne se trompaient jamais. Il savait que son heure était proche mais ne m’en dit rien. Le venin s’insinuait lentement en lui telle une toile aux fils multiples…Il le sentait, je n’avais rien vu.

Alors que je me dirigeais hors du Campus, pour souffler un peu, un des pigeons de Sky se posa sur mon épaule. Le message était clair :

“Devine qui était au Grand Canyon ? Si, si, lui, le Sylvarium ! ça me fait mal de le dire, mais il nous a sauvé de ces satanés griffons sortis de nulle part. Les vents sont beaucoup plus forts qu’autrefois là-bas, et encore plus brûlants que d’habitude, nous avions du mal à voler dans ces conditions, j’en ai encore les plumes froissées. Mais rassure-toi, je suis vivante ! Sans le Silvarium par contre, je serais sans doute enfermée dans une cage dans le couloir des damnés…Il a vu l’Ange Noir filer comme une flèche entre les rochers et l’aurais suivi en vain. Nous sommes proches du but. La porte n’est pas loin ! “

Tout ce que je retenais de ce message c’est que Skylar avait failli mourir et que le Sylvarium était son sauveur ! Ce dernier allait me mettre à mort pour l’avoir traité comme je l’ai fait et cette fois ce n’est pas Sky qui s’y opposerait…elle lui devait une fière chandelle.

Qu’allais-je devenir ? Sans elle, mon ange gardien, je ne ferais pas de vieux os ! Et plus personne ne voudra de moi, pas même le Docteur James J.H. de Etherwood !

Je me précipitai dans le laboratoire du père Ronce, mais il n’y avait personne. Seul le crépitement des petites flammes bleues sous les bonbonnes d’élixir en préparation laissait un léger bruit chatouiller mes oreilles. Les différents parfums des plantes sacrées embaumaient l’endroit. Le laboratoire était comme la bibliothèque secrète des moines de Boscodam. Les murs étaient couverts d’étagères en bois, ce n’était pas des livres qui y trônaient, mais des centaines, voire des milliers de fioles de toutes les couleurs imaginables. Sur chacune était apposée une étiquette avec le nom de l’élixir et ses vertus. Le père Ronce était méticuleux et organisé contrairement à moi. Sur son établi, un grand grimoire était ouvert. Son grimoire des Songes et des Sorts. Il passait sa vie à y écrire les recettes de chaque potion qu’il créait. Un vrai trésor.

Je restai un instant au milieu des plantes de la serre qui jouxtait le laboratoire pensant y retrouver mon ami. Il ne vint pas. Je ne pouvais pas attendre davantage. Je devais fuir loin d’ici…me terrer dans une grotte pour que personne ne me retrouve. Sky ne risquerait plus rien à cause de moi, désormais elle avait le Sylvarium pour la protéger et elle allait forcément me délaisser elle aussi…Ils se débrouilleraient tous mieux sans mes gaffes incessantes. Alors oui, fuir était la solution !

Je paniquais alors que j’aurais dû me réjouir de se qui se passait : l’entrée aux Enfers allait être découverte, le Sylvarium allait prendre ses responsabilités, plus personne n’avait besoin de moi…on allait me jeter comme une vieille chaussette…Autant partir de moi-même cela leur évitera des désagréments supplémentaires !

Je pris mes clics et mes clacs, et mis le moteur de ma vieille Coccinelle en marche.

“Bon sang ! Démarre…C’est pas le moment de me lâcher …

– Vous allez quelque part, Mademoiselle Grimmins ?”

Je me figeai, fichue, j’étais fichue…

“Mademoiselle Grimmins, vous vous souvenez de moi, Docteur James J.H. de .Eth…

– Oh mais oui, bien sûr, comment pourrait-il en être autrement après ce que vous avez fait pour moi?

– J’ai bien cru que vous cherchiez à m’éviter depuis le Conseil.

– Pas du tout. Je ne vous ai juste pas trouvé.

– Je voulais vous inviter à venir prendre un verre avec moi ce soir au Bluewings, et pourquoi pas si vous l’acceptez, danser un peu ?”

Il m’invitait, moi, à danser ? Au Bluewings ? J’allais gentiment refuser son invitation lorsqu’un deuxième pigeon de Sky se posa droit sur ma tête ! Comme s’il ne pouvait pas juste lâcher son message entre mes mains et repartir. J’avais l’air ridicule maintenant en plus de tout le reste !

Je sortis de ma voiture et m’excusai auprès du Docteur James un instant. Ce nouveau message me conviait à me rendre à un Conseil Céleste Extraordinaire réclamé par le Sylvarium et à me vêtir chez les sorcières de la tenue adéquate qu’elles m’auront préparée.

Je dus me résigner à rester au Campus sinon j’aurais aussi toutes les sorcières à mes trousses…Et puis, l’invitation du charmant Docteur James ne me laissait pas indifférente. Je n’étais finalement pas encore assez désespérée pour baisser les bras et fuir…avec une Coccinelle qui refusait de démarrer…

J’acceptai son invitation à la condition de pouvoir y être accompagnée de mes amis Skylar et Vector. Au cas où, ce docteur soit aussi tordu que mes précédents prétendants.

Je le quittai et me rendis donc chez les sorcières qui m’attendaient en riant sous cape.

Je compris vite pourquoi et elles rirent de plus belle en voyant ma tête devant la tenue de mendiante que je devais porter ! Les sorcières m’apportèrent également un lourd collier de fer avec un énorme cadenas…Je croyais avoir tout vu lors du Conseil précédent, là c était le summum : les maîtres du Ciel voulait montrer à tous à quel point je ne valais rien. Une colère intense gonflait dans ma poitrine, je n’avais pas le choix que de la retenir pourtant et de la dissimuler sous mon air désespéré et résigné…Je dus m’incliner en enfilant l’horrible accoutrement qui m’était destiné. C’était sans doute ma punition pour être ce que je suis, une gueuse sans cœur qui mettait ses amis en danger dans l’espoir de sauver le monde…alors que je n’étais rien, ni ange, ni sorcière, ni même un démon …quoique parfois je me le demandais, un démon rejeté même des enfers ! Pas même une humaine digne de ce nom.

J’avais touché le FOND.