Version livre avec le conte 4 :
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La Sorcière Rose et le serpent de Sirkisia
Il était une fois, dans le monde coloré de Tadorannia, une sorcière aux cheveux roses qui cherchait toujours à faire le bien. Elle se prénommait Alice. On ne pouvait trouver plus gentille et agréable personne à côtoyer. Elle cherchait toujours à soutenir son prochain et utilisait sa magie dans le but d’aider les citoyens de Tadorannia qui avaient besoin de ses services.
En tant que sorcière, elle maîtrisait la magie et connaissait également la manière de préparer les plantes médicinales. Elle aimait partager son savoir et les gens qui l’entouraient aimaient la remercier en lui offrant des cadeaux ou en adressant des prières au grand Dieu Dragon pour qu’il assure sa protection.
Mais voilà, Alice n’était pas appréciée dans la communauté magique. Non pas parce qu’elle était populaire auprès des citoyens de Tadorannia mais parce qu’on estimait que la Sorcière Rose, comme on la surnommait, n’avait pas vraiment de pouvoirs magiques. Certes, elle maîtrisait des sortilèges et elle impressionnait les habitants des villages qui n’avaient aucune magie en eux mais, pour les vrais magiciens, elle était la cible de moqueries et de réflexions pour son manque de savoir-faire.
Mais cette même communauté magique avait d’autres problèmes à gérer en ce moment car les terres de Sirkisia, une des huit provinces de Tadorannia, étaient attaquées par un serpent géant aux grands pouvoirs magiques. Jusqu’à présent, aucun magicien n’avait réussi à mettre la créature hors d’état de nuire et pour cause : au-delà de disposer de son propre pouvoir, le serpent géant avait également une plume féerique avec lui qui lui servait à renforcer ses pouvoirs et à asseoir sa domination sur Sirkisia.
La crainte principale du Roi de Tadorannia, Maxime III, était que la créature étende son champ maléfique au-delà des lieux qu’elle occupe déjà. Il pensait également aux citoyens de Sirkisia qui la fuyaient autant que possible mais ce n’était pas facile. Comment fuir le serpent qui avait pris en esclavage les pauvres Sirkisiens ?
Vague après vague, les magiciens et chevaliers qui étaient envoyés pour combattre le monstre et qui devaient renoncer à leur quête pour ne pas perdre la vie perdaient leur honneur.
Certains magiciens qui pensaient disposer d’un pouvoir assez grand que pour anéantir la bête en étaient morts.
Mais Alice était bien éloignée de tout cela dans la province de Dargeria où elle logeait dans une cabane construite dans les branchages d’un grand arbre de la forêt. Elle avait également constitué un refuge pour toutes les créatures qui avaient besoin d’aide ou de soins et formait des apprentis à l’art du soin en transmettant sa connaissance des herbes médicinales.
Avec tout cela, elle se fichait totalement que sa communauté l’aime ou non. Elle avait trouvé dans cette vie la quiétude que tout le monde recherchait. Elle n’avait pas besoin de l’amour de ses pairs car elle avait tout ce qu’il lui fallait dans le domaine qu’elle s’était bâti.
Mais voilà, la Sorcière Rose allait devoir se confronter à une autre réalité qui allait l’obliger à vivre une aventure dont elle ne voulait pas mais qui était nécessaire.
Tout commença durant son sommeil. Tadorannia disposait de trois soleils distincts. Même si certains moments faisaient penser à des crépuscules, il n’y avait jamais vraiment de nuit dans ce monde. Et pourtant, dormir était indispensable et Alice le savait. Elle ferma donc les yeux pour un repos bien mérité mais le regretta bien rapidement car elle fit un rêve qui la troubla fortement : elle avait rêvé d’un homme à la tête d’une grande armée qui décime tout sur son passage, sans exception.
Ce rêve fit si peur à Alice qu’elle roula hors de son lit en se débattant comme si elle était attaquée. C’est après avoir touché le sol qu’Alice ouvrit les yeux, le cœur battant et toute en sueur. Elle devait reprendre ses esprits. Mais, très vite, se posa la question : était-ce un rêve ou un aperçu magique d’un avenir désastreux ? Si elle avait eu une vision d’un avenir probable de Tadorannia, il fallait changer les choses utiles pour que cela n’arrive jamais car la mort était au bout du chemin.
Alice, bien que consciente qu’elle allait être la risée, décida de prendre sa monture ailée et de parcourir toute la province de Dargeria afin de rejoindre le plus grand centre de magie de Tadorannia et prévenir les maîtres de sa vision.
Bien évidemment, Alice ne fut guère écoutée. Elle fut moquée par les siens qui ne prenaient pas ses inquiétudes au sérieux, bien au contraire.
— Il ne nous est pas permis de perdre du temps pour des sornettes alors qu’une vraie menace nous attend sur les terres de Sirkisia, dit un des grands mages.
— Petite Alice sans pouvoir, ajouta une prêtresse de la magie. Il serait temps d’admettre que tu n’es pas une sorcière qui en mérite le nom. Laisse donc les vrais maîtres de la magie veiller sur Tadorannia. Retrouve tes petites potions et autres mixtures que n’importe qui sans magie peut maîtriser et laisse-nous faire notre travail.
Alice était découragée. Elle ne pouvait se résoudre à l’idée qu’on ne l’écoute pas car il fallait protéger le peuple. Elle le savait, elle en était certaine même : elle n’avait pas fait un cauchemar d’enfant. La magie a vu en elle le réceptacle idéal pour contrer cette menace et elle n’allait pas laisser tomber. Mais comment convaincre ceux qui ne le veulent pas ?
Devant faire un choix pour Tadorannia, une idée folle lui traversa l’esprit, une idée comme elle n’aurait jamais imaginé mais qui devait être la seule réponse à tous les problèmes. Si la menace était pour tout Tadorannia, elle l’était aussi pour le serpent de Sirkisia qui ne pourrait peut-être pas résister longtemps aux assauts de ces milliers de soldats dont Alice avait fait la prémonition. Si elle ne pouvait convaincre les siens, elle pourrait peut-être convaincre le serpent ! Elle se devait donc d’aller à Sirkisia pour quémander au serpent l’aide de celui qui était pourtant son ennemi.
Décision fut prise. La Sorcière Rose se dirigera vers Sirkisia afin de parler au serpent. Si elle réussissait à se faire entendre, elle pourrait gagner le respect de ses pairs et la protection de Tadorannia.
Mais le chemin pour Sirkisia était long, très long même. Malgré une monture ailée, son voyage était un périple dangereux pour une jeune femme seule et aux moyens limités. Fort heureusement, l’habitant de Tadorannia était généreux et acceptait de loger Alice mais elle devait se rendre à l’évidence que sa monture ne pouvait suivre le rythme infernal de la traversée du ciel.
Moyennant un petit sortilège pour aider un fermier à faire pousser des légumes, celui-ci accepta de s’occuper de la monture d’Alice qui décida de continuer seule son voyage à deux jours de marche de la province de Sirkisia.
Mais sa volonté farouche ne lui épargna pas la présence de bandits de grands chemins qui en voulaient à ses maigres ressources. Mais aucun des assaillants ne savait qu’ils avaient devant eux une sorcière. Faible, certes, mais bien plus forte que des agresseurs de ce genre.
— Il est mal avisé pour une demoiselle de se promener dans cette forêt, dit le bandit qui semblait mener les autres.
— Il est bien mal avisé de vous en prendre à moi, répondit la Sorcière Rose avec calme.
— Oh mais elle veut en découdre, la petite demoiselle. Ne connais-tu donc pas Luther, l’homme aux bras de fer ?
— Non, répondit Alice, est-ce toi ? Je vois là des bras parfaitement normaux.
— Peut-être devrais-je te faire la démonstration en brisant ton joli petit cou ?
Alice allait lancer un sort mais, avant même qu’il ne se passe quelque chose, un homme sur son cheval arriva à grands cris avec un arc à la main et une épée en fourreau. Il avait une armure sur lui et une visière levée. Il avait bandé son arc pour que sa flèche se plante dans le front de Luther et ses bras de fer.
— Arrière, brigands, ou alors vous goûterez à mes flèches capables de transpercer le serpent de Sirkisia ! Vous osez vous mettre à cinq contre une jeune fille ? Venez affronter un Chevalier de Mammalia si vous êtes courageux !
Mais aucun bandit ne l’était. Alors, ils préférèrent laisser tomber leurs armes et s’en aller sans avoir volé le moindre sous. Mais Alice, prompte à sentir ce qu’il y avait dans le cœur des gens, s’approcha de Luther, les bras de fer.
— Vous n’étiez pas toujours un bandit, dit-elle. Vous souffrez de la pauvreté car vous êtes à côté de la frontière de Sirkisia.
— Nous ne sommes pas de mauvaises gens mais nous devons bien nourrir nos enfants.
— Je pars pour un voyage qui nous amènera près du serpent. Si vous voulez changer votre réputation, vous n’avez qu’à me suivre.
Luther, les bras de fer, ne répondit rien et préféra s’en aller sans demander son reste, toujours apeuré par le Chevalier de Mammalia qui n’avait pas baissé son arme.
Alice se tourna donc vers lui en se gardant bien de dire qu’elle était une sorcière afin de ne pas décourager le courageux chevalier qui voulait aider une citoyenne en détresse.
— Je vous serai éternellement reconnaissante de votre intervention, Chevalier. Comment puis-je vous remercier ?
— Ne croyez pas que je vous ai aidée pour en être remercié, jolie demoiselle. J’ai fait mon devoir de Chevalier de Tadorannia. Mais, si vous tenez à me remercier, colportez autour de vous que le Chevalier Xavier de Mammalia, Chevalier de Tadorannia, vous a sauvé la vie.
— Vous semblez accorder une importance à votre réputation.
— Il est vrai que c’est mal, Mademoiselle. Mais un chevalier sans réputation vaut mieux qu’un chevalier avec une mauvaise comme celle que je porte.
— Alors que vous avez courageusement osé attaquer cinq hommes à vous tout seul, vous dites disposer d’une réputation peu glorieuse ?
— Oui, Mademoiselle. L’honneur d’un Chevalier de Mammalia est de réussir sa mission ou mourir en l’exécutant. Je fus chargé de tuer le serpent de Sirkisia mais j’ai renoncé à ma mission car j’étais incapable de le faire. Face à la créature, j’ai dû fuir en me laissant guider par mon instinct.
— Je ne vois là rien de déshonorant. Rester en vie aujourd’hui pour mieux combattre demain. Soyez fier justement d’être le seul chevalier à avoir survécu aux crocs de la créature.
— Vous êtes bien gentille, Mademoiselle, mais ceci n’est pas l’honneur d’un Chevalier de Mammalia. Peut-être serai-je un courageux chevalier si j’étais de Dargeria mais pas à Mammalia. Depuis mon retour, je suis la risée des chevaliers qui m’entourent.
— Sur ce point, mon ami, je vous comprends. Mais que faites-vous alors ici ? Mammalia n’est pas tout près. Et l’hiver qui se déroule dans cette partie du monde n’aide pas au voyage.
— Je retourne combattre le serpent. Je veux mourir si nécessaire mais je serai enterré avec les honneurs d’un Chevalier.
— Je ne puis faire changer d’avis un Chevalier sur sa mort, dit Alice, mais je suis persuadée que l’aide d’une sorcière mal aimée ne peut être qu’un plus dans la quête d’un chevalier déshonoré.
Xavier, le Chevalier déshonoré, accepta l’aide d’Alice, ravi d’avoir une sorcière dans ses rangs. Mais il lui demanda tout de même d’exécuter un sortilège devant lui pour justifier de sa connaissance de la magie.
De son côté, Alice était heureuse d’avoir une oreille attentive à sa prémonition mais Xavier émettait un doute quant à l’idée de raisonner le serpent. En effet, ce dernier attaquait sans demander son reste toutes les personnes qui osaient s’approcher de lui. Et les citoyens sous sa coupe le servaient comme des esclaves et jusqu’à épuisement. Une troupe de soldats par milliers serait tout simplement de la bonne nourriture en plus pour lui.
— Il ne faut pas perdre espoir, ami Chevalier, assura Alice. La créature aussi a de grands pouvoirs et elle saura sans doute me dire si j’ai eu un rêve ou une prémonition.
Le voyage vers Sirkisia se termina et les deux compères arrivèrent donc sur les terres ravagées par la créature. Tout semblait mort et désolé. Il n’y avait plus la moindre herbe au sol et les quelques villages sur le chemin semblaient déserts. Les quelques animaux qui restaient étaient maigres et à l’agonie. Les terres avaient été abandonnées par le Roi de Tadorannia et personne ne semblait capable de les reprendre.
Alice était triste. Elle, qui veillait au bien-être des gens l’entourant, était maintenant perdue dans un monde dévasté et sans charme. Même le cheval de Xavier avait des difficultés pour continuer à avancer.
— Le terrier du serpent est à quelques lieues d’ici, dit Xavier. Nous y serons rapidement. Prépare ton éloquence mais aussi tes sortilèges. La nuit qui va arriver sera moins agréable que celle que nous avons eue avant.
Le serpent vivait dans une sorte de trou au diamètre impressionnant. Alice avait donc une meilleure image de l’envergure de l’animal géant et mortel. Elle ne pouvait nier une certaine crainte mais elle n’avait pas le choix. Elle se laissa glisser à l’intérieur, suivie par le Chevalier Xavier qui avait allumé une torche enflammée et brandi son épée.
Au bout d’un chemin interminable, le duo arriva dans une immense caverne éclairée par des centaines de petits trous venant de la surface. Cela ne donnait pas une grande visibilité mais on pouvait y voir assez que pour détecter la présence massive d’or et de métaux précieux.
— Je ne savais pas que les serpents aimaient l’or, commenta Alice.
— Je pense que c’est surtout pour embêter les citoyens, répondit Xavier. Le serpent n’aime pas l’argent, il aime juste embêter les gens.
Alice était dans la caverne et ressentait de la peur car ce lieu froid et immense était impressionnant. Alice se sentait si petite dans cet espace. Elle avait des craintes et se demandait si elle avait bien fait de venir ici.
— Alors, dit Xavier, tu penses que tu peux toujours convaincre le monstre ?
— Il suffit d’y croire ! Descendons.
Le duo descendit au plus profond de l’antre de la créature en glissant régulièrement sur les pièces ou métaux, faisant malgré eux pas mal de bruit, un bruit résonnant dans la tanière.
Bien qu’elle n’apparaisse pas, la « chose » était bien présente. Elle était immense et, dissimulée dans l’ombre de sa propre caverne, se mit à parler à ses invités :
— Qui ose venir me déranger dans ma maison ? Mmmh, je ressens la peur… mais aussi la magie. Une grande magie…
Alice entendit la voix grave de la créature qui résonnait dans toute la caverne. On ne pouvait savoir d’où la voix venait car elle venait de partout. Mais Alice resta sur ses gardes. Le serpent a parlé d’une personne avec une grande magie, ce ne pouvait pas être elle. Et Xavier ne semblait pas être magicien.
— J’ai demandé ce que vous faites ici ! Avec une épée tirée, vous cherchez à me tuer !? Oooh, mais je te reconnais, Chevalier. Tu as réussi à m’échapper par le passé. Tu reviens ici m’affronter avec une puissante sorcière ?
— Je ne suis pas une puissante sorcière, Serpent. Tu te trompes…
Le serpent décida enfin de se montrer et Alice en eut le souffle coupé. Le monstre était immense, il avait une tête colossale et inouïe. Alice avait l’impression d’avoir seulement la taille d’un de ses yeux. Mais le serpent n’en était pas vraiment un car il disposait de deux paires de pattes. C’était suffisant pour lui se soulever. Mais cela n’était pas important. Cela se voyait à peine. Ce qui se voyait surtout, c’était la crinière de la créature, comme une longue chevelure d’un cheval.
Xavier passa devant Alice comme pour la protéger. Il avait l’épée dressée en direction de la créature et menaçait la « chose » de rester en arrière pour ne pas être embrochée. Mais Alice retourna devant le chevalier alors que la créature se baissait encore plus. Elle aurait pu aspirer Alice et la manger mais elle ne le fit pas.
— Je me trompe ? Je ne me trompe pas, Sorcière, tu es puissante. De tous les magiciens qui sont un jour entrés ici, tu es la plus puissante à coup sûr. Tu es sans doute incapable de comprendre ta force encore. Une chance pour moi, si tu veux me tuer.
— Je ne suis pas une puissante sorcière, assura Alice. Si c’était le cas, les autres le verraient.
— Mais les autres ont peut-être peur de toi, Sorcière. Peut-être disent-ils que tu es mauvaise afin que tu finisses par y croire et que tu ne prennes pas leur place ? Mais comme je vais te tuer, tu ne prendras la place de personne.
— Serpent terrible, j’ai parcouru un long chemin pour venir te voir. Je ne suis pas ici pour venir te tuer. N’as-tu pas l’intérêt de comprendre pourquoi je suis ici devant toi ?
La créature siffla avant de se remettre à onduler tout autour de la jeune demoiselle et du chevalier Xavier à qui Alice avait ordonné qu’il baisse son arme. Cela ne servait à rien. L’épée est trop petite que pour tuer une créature si immense. Le serpent ondula alors avant de disparaître. Il était indétectable mais sans doute prêt à écouter.
— J’ai eu une vision, une vision d’un danger pour tout Tadorannia. Ce danger vous concerne aussi. Je sais très bien que vous allez croire qu’il s’agit d’un piège mais je vous jure que non. Le danger de ma vision vaut aussi pour vous.
— Et je suppose que les tiens ont estimé que tu étais si mauvaise qu’ils n’ont pas tenu compte de ta vision. Mais qu’est-ce qui te fait croire que je vais t’écouter ? Je suis la créature la plus puissante de tout Tadorannia. En quoi devrais-je avoir peur ?
— Parce que j’ai vu cette vision alors que vous étiez là. Je ne vous ai pas vu conquérir le monde. Mais j’ai vu un homme en uniforme à la tête d’une armée mettre le monde à feu à et sang. Malheureusement, je n’ai pas eu l’oreille de mon clan. J’espère alors que vous serez plus sage qu’eux. Maintenant, je veux vous voir !
Alice n’avait pas de grands pouvoirs connus mais elle savait parfaitement maîtriser un pouvoir qui était celui de créer de la lumière et elle créa une onde lumineuse qui illumina toute la grotte. Le serpent géant fut de ce fait visible. Celui-ci se mit à rire en s’approchant d’Alice.
— Tu vois que tu es impressionnante, jeune sorcière. Mais je m’ennuie de vous. Mourez maintenant !
La créature s’attaqua au duo et réussit à remporter une victoire rapide en attrapant le chevalier Xavier et en l’avalant d’un coup. Alice était triste car elle appréciait ce chevalier. Elle se mit en rage et décida alors de se venger. Elle lança un sortilège de feu dans le visage de la créature et fut surprise de découvrir la force de sa magie décuplée avec la rage mais la créature avait aussi de la magie en elle et elle cracha du feu.
Alice utilisa une protection telle une boule de magie autour d’elle. Elle réussit ainsi à résister à l’attaque du serpent, ce qui surprit Alice qui comprit que la colère lui donnait de la force.
— Zut, dit le serpent, tu as ton pouvoir en main maintenant.
— Tu as tué mon ami ! Je venais pour faire une trêve mais, maintenant, tu m’as mise en colère !
— Tu ne peux pas me battre, Sorcière, dit le serpent. En moi, j’ai la plume magique qui renforce mes pouvoirs. Je suis plus puissant que toi !
La créature cracha à nouveau son feu mais Alice ne se laissa pas faire. Elle lui envoya aussi du feu et constata qu’elle était plus puissante que le serpent. Le sortilège de la Sorcière Rose lui explosa en pleine figure et brûla la créature au niveau du visage.
— Vile créature ! cria Alice.
— Moi, je suis une vile créature ? Je suis venu ici avec gentillesse et, sans me parler, les habitants se sont attaqués à moi. Je suis devenu ce que vous avez voulu que je sois !
La créature tenta de manger Alice mais elle réussit à éviter les attaques avant d’envoyer des sortilèges. Cela allait durer encore un long moment mais la Sorcière Rose réussit à envoyer un sortilège dans l’œil de la créature qui eut mal cette fois. Alice en profita pour agripper la créature et lui lancer un sortilège électrique si fort que l’animal en tomba au sol de tout son long. Elle possédait des écailles, ce qui l’avait protégée de la mort. Alice avait gagné sans se rendre compte qu’elle avait déployé une force immense. Elle ne savait pas qu’elle avait cette puissance en elle. Si la créature pouvait recevoir un dernier coup fatal, Sirkisia serait sauvé.
— Je ne vais pas te tuer, Serpent, dit Alice. Il n’est pas nécessaire de le faire. Tu as perdu et ton humiliation sera ta honte. Tu seras borgne pour ne jamais oublier.
— Tu as perdu ton ami et, pourtant, tu me fais grâce… Pourquoi ?
— Ce que tu as fait n’est pas pardonnable aujourd’hui mais tu peux essayer de te racheter. Rends ce que tu as pris aux citoyens, ce sera un bon début pour toi, Serpent.
— Je ne suis pas un serpent, je suis un Blendelle, un être géant qui voulait aider les tiens…
— C’est ce que tu feras. Tu as fait beaucoup de morts, beaucoup d’orphelins. Ce sera ta mission : veiller sur les enfants et les protéger. Si un enfant de Tadorannia souffre encore, tu auras à m’en répondre personnellement.
— J’accepte de te suivre, grande sorcière…
— Je m’appelle Alice et je suis la Sorcière Rose. Et maintenant, Grand Blendelle, tu vas faire la paix avec les gens de Tadorannia et accepter le fait qu’il faudra des années pour te faire pardonner. Mais tu seras capable de te faire pardonner si tu aides Tadorannia contre la grande armée qui arrivera.
— Je le ferai…
Alice s’approcha du visage du Blendelle et y posa sa main avant de se concentrer et d’user de ses pouvoirs pour soigner la créature. Le Blendelle avait retrouvé toute sa force et sa vitalité car Alice lui avait donné un peu de son énergie. L’animal géant ouvrit grand la bouche et sembla être sur le point de vomir mais elle n’en fit rien. Elle cracha cependant un objet.
— Je ne peux rendre la vie aux morts mais je peux t’offrir la plume magique que j’avais obtenue d’un oiseau mystique disparu.
Alice ramassa la plume magique de l’oiseau géant. La plume était plus grande qu’elle. Elle l’utiliserait comme une sorte de bâton magique totalement noir. Le cadeau du Blendelle ne se termina pas là. Il usa de son feu magique pour que toute la robe rose de la sorcière soit aussi noire que la plume qui était maintenant à elle. Elle devint ainsi une sorcière plus sérieuse avec le même cœur. Voulant garder son surnom de « Sorcière Rose », elle se dessina alors un bandeau rose sur les yeux, plus rose que ses cheveux faisant ressortir ainsi ses yeux bleus. La Sorcière Rose n’était plus la même qu’à son départ.
Plusieurs jours passèrent. Le monde avait compris qu’Alice avait battu le serpent et que cela l’avait changé dans son cœur. Il avait l’humilité d’accepter qu’il n’était pas le plus fort et il voulait se racheter.
Le chevalier Xavier de Mammalia fut également honoré et les chevaliers de cette province comprirent que la gloire n’était pas au centre de leur vie de chevalier de Tadorannia.
Les magiciens de Tadorannia furent impressionnés par le pouvoir et la sagesse de la Sorcière Rose. Elle ne fut plus jamais moquée et on lui donna même la place de grande prêtresse de la magie. Mais elle refusa cette place car elle estima, encore et toujours, qu’elle se devait de rester près des citoyens de Tadorannia qui avaient besoin de son aide. Alice savait qu’un jour, le mal reviendrait sous une autre forme et, ce jour-là, elle serait prête.
La Sorcière Rose et le mariage royal
Il était une fois, dans le monde coloré de Tadorannia, une sorcière aux cheveux roses qui cherchait toujours à faire le bien. Elle se prénommait Alice. Elle était aimée de toutes les personnes qui la rencontraient et sa tenue noire ne faisait pas vraiment peur. Elle racontait toujours que cette robe était un cadeau du grand Blendelle, la créature de Tadorannia qui s’était juré la protection des enfants.
Depuis vingt ans, le grand Blendelle avait amené d’autres créatures du même genre et toutes se destinaient à protéger les enfants. Elles étaient aimées pour cela. Mais pas autant qu’Alice qui était une grande sorcière. Belle et intelligente, elle était toujours la première à faire des potions ou à lancer des sortilèges qui aidaient la population tout en évitant d’assister le peuple car il fallait que les gens apprennent aussi à se débrouiller par eux-mêmes. Mais son pouvoir était grand, sa plume magique l’aidant à renforcer son pouvoir.
Mais Tadorannia avait un grand problème que la magie ne pouvait résoudre : le Roi Justin II était mort. Il avait pris la place de son père, Maxime III, depuis seulement deux années. Maxime III était mort de vieillesse et Justin II avait eu un accident de cheval. L’animal avait pris peur, faisant retourner le jeune roi qui chuta avant que l’animal ne lui tombe dessus de tout son poids.
La Sorcière Rose était présente pour la cérémonie et constata que Justin II n’avait laissé aucune descendance derrière lui. Ce serait donc son cousin, Lilian Nyyssen, qui deviendrait Roi de Tadorannia. Mais la Sorcière Rose n’avait pas ressenti de bonnes impressions sur cet homme qui s’était approché d’elle durant l’enterrement de Justin II.
— Maintenant que je suis le Roi, lui dit-il, il faudrait que je me trouve une Reine digne de ce nom. Il n’est guère possible de trouver plus jolie dame que vous dans tout le royaume. Je serais heureux de pouvoir vous prendre comme jolie épouse.
— Votre proposition m’honore, répondit Alice, mais je ne peux accepter car ma vie est consacrée à autre chose. Mais ne pensez-vous pas que ce n’est pas le lieu ni le moment pour penser à cela ?
— Je pense à ce que je veux quand et où je le veux, Sorcière Rose. Je suis le Roi et je ne réponds pas à votre autorité mais vous à la mienne.
— Il me semble que cette clarté des choses n’était pas nécessaire mais je saurai retenir cet état de fait. Sur ce, Votre Majesté, il me tarde de retrouver ma maison.
Depuis ce jour, Alice ne cessa de recevoir fleurs et mots doux ainsi qu’un chanteur lyrique venant apporter une demande en mariage sous la forme d’une ritournelle. La Sorcière Rose fut agacée et espéra que, sans réponse de sa part, le Roi allait se lasser.
Un jour, un fermier se présenta devant la maison de la Sorcière Rose, au sommet de son arbre. Il était inquiet et Alice le ressentit assez rapidement. Elle invita l’homme à s’asseoir afin d’écouter son problème.
— Sorcière, bonne sorcière, je suis tellement inquiet pour mon enfant…
— Je t’écoute, bon fermier. Si je peux t’aider, je serai prompte à te fournir ma magie.
— Il y a vingt années, mon épouse et moi-même sommes venus te voir car nous n’arrivions pas à avoir un enfant mais tu étais partie combattre un serpent géant. Mais nos prières au Dieu Dragon avaient été entendues car un homme nous annonça avoir un enfant pour nous. Il disait chercher une bonne famille pour un enfant d’une autre famille qui en avait trop que pour les nourrir tous.
— Une chance bien étrange, dit la Sorcière Rose.
— Certes, mais notre désespoir prit le dessus et nous acceptâmes. Or, depuis que le Roi est mort, mon enfant est en danger. Il a subi diverses attaques dont une qui a causé la mort de mon épouse. J’ai besoin de ton aide, bonne Sorcière. Il faut que je protège mon enfant car c’est tout ce qu’il me reste. Il est tombé amoureux d’une jeune fille qu’il veut épouser. L’avenir est devant lui. J’aimerais comprendre qui veut du mal à mon enfant et je veux que cela cesse.
— Ton histoire m’a touchée. Je vais tenter de protéger ton fils et de comprendre ce qu’il en est. Demande à ton enfant de sortir de sa cachette et je veillerai sur sa vie.
Le fermier gratifia la sorcière d’un grand remerciement et Alice laissa un mot sur sa porte pour signaler qu’elle sera absente durant quelques jours. Elle devait maintenant protéger un jeune homme qui avait peur.
Elle se fit passer pour une vieille femme qui se trouvait dans les rues sur le passage du jeune fermier.
Ce qui impressionnait Alice, déguisée en dame très âgée, c’est que le jeune homme, prénommé Hubert, avait beaucoup de connaissances et d’amitiés. Il semblait avoir beaucoup d’affection à donner aux autres. Il avait perdu sa mère mais c’est bien la tristesse des autres qui l’inquiétait et pas la sienne.
Mais autre chose intriguait beaucoup la Sorcière Rose. Elle était certaine d’avoir déjà vu cet homme quelque part mais elle ne savait plus vraiment dire où. En tout cas, il fallait réfléchir à cela. Il ne fallut pas attendre longtemps avant qu’une personne ne décide de s’attaquer à Hubert et ne lui lance un sortilège dans sa direction. La Sorcière Rose n’eut que le temps de lancer un grand mur de flammes pour protéger Hubert.
— Qui a osé faire cela !?
Un sorcier que la Sorcière Rose avait déjà rencontré vint se présenter devant Hubert mais Alice, toujours déguisée, se plaça entre lui et le fermier.
— Pousse-toi, vieille folle ! scanda le magicien. Je suis Hugo le Magnifique et j’ai une mission royale ! Tu ne peux lutter !
— Je suis loin d’être ce que tes yeux voient, répondit Alice. C’est moi qui te conseille de t’en aller.
— Meurs, vieille folle !
Le magicien tenta d’envoyer un nouveau sortilège sur la vieille femme qui réussit à le barrer et même à lui renvoyer son sortilège. Le magicien fut surpris et Alice reprit alors son vrai visage. Le magicien fut sous le choc en voyant la célèbre Sorcière Rose devant ses yeux.
— Par le Dieu Dragon, dit-il, que fais-tu ici, Sorcière Rose ?
— Un fermier honorable m’a demandé de comprendre pourquoi des individus de mauvaise vertu tentent de tuer un jeune homme aussi honorable que son père. Après des flèches, c’est la magie qui tente d’arracher ce jeune homme à la vie. Par qui Hugo le Magnifique a-t-il été engagé ?
— Il me faut te parler en sécurité pour t’expliquer tout cela.
La Sorcière Rose, Hugo le Magnifique, Hubert et son père se retrouvèrent dans la ferme familiale pour écouter le magicien mandaté raconter ce qu’il se passait. Suspendu à ses lèvres, Hubert fut inquiet de savoir pourquoi on tentait continuellement de le tuer.
— Il est important de comprendre que je pensais exécuter la volonté du Dieu Dragon, dit Hugo, une volonté qui passait par la bouche de notre Roi.
— Tu prétends que le Roi Lilian t’a demandé de tuer ce jeune garçon ? s’étonna Alice. Mais pourquoi ? A-t-il donné un motif à cette demande ?
— Non, Sorcière Rose, je te le jure. Juste que c’était la volonté de notre Dieu Dragon. C’est le Roi. Il n’est pas question de négocier avec lui. Et si je n’exécute pas la mission, il se pourrait que je me fasse tuer. Comprends mon désarroi… Il me faut la tête de ce garçon pour preuve de sa mort irrémédiable.
— Je le comprends, Hugo le Magnifique. Nous allons trouver une solution. Fermier, aurais-tu une grande boîte ?
Une boîte fut posée sur la table et la sorcière l’ouvrit avant d’y lancer un sortilège et refermer l’objet qu’elle confia au magicien mandaté pour tuer.
— Quand tu ouvriras cette boîte, le roi Lilian verra la tête d’Hubert. Cela permettra de laisser le pauvre jeune homme tranquille.
— Mais je ne compte pas me cacher, réagit Hubert.
— Je sais mais je vais tenter de comprendre maintenant pourquoi le Roi vous en veut, jeune homme. Cela fait un moment qu’il me courtise. Il serait temps de céder à ses avances…
Deux jours plus tard, la Sorcière Rose se présenta devant les grilles du Palais royal de Tadorannia avec sa belle robe noire, sa grande plume magique et un maquillage plus prononcé. Elle avait toujours sa belle bande rose au niveau des yeux mais elle portait aussi un autre maquillage pour accentuer son regard et ses lèvres. Elle était plus belle que jamais et les deux gardes devant les grilles ne savaient comment réagir face à tant de beauté.
— Je souhaite entrer dans ce palais, annonça Alice.
— Je… je suis désolé, belle demoiselle, mais nous avons des ordres et nous ne pouvons laisser passer personne, aussi belle soit-elle.
— Je vous remercie du compliment mais je vais tout de même rentrer.
La Sorcière Rose usa de son pouvoir et la grille ne tarda pas à s’ouvrir bien grande pour permettre à Alice de rentrer. Les gardes ne savaient que faire face à une Sorcière mais ce qu’Alice ne pouvait savoir, c’est qu’il y avait une grande quantité de gens maitrisant la magie dans ce palais entièrement dédié à la protection du Roi. Alice se demanda pourquoi le Roi Lilian devait avoir une telle protection autour de lui. De quoi avait-il peur ?
— Je ne cherche pas l’agression, mes frères, annonça Alice, je veux seulement parler au Roi. Mais les magiciens connaissaient que trop bien la réputation de leur sœur sorcière et ils ne désiraient pas savoir ce qu’elle voulait. Non, leur mission était la protection du Roi. Alors, ils protégeraient le Roi, même si, pour cela, ils devaient lancer des sortilèges et attaquer Alice. Un combat imprévu entre Alice et une dizaine d’autres magiciens se déclencha donc au milieu du parc royal. Entre boules de feu, boules électriques ou autres sortilèges psychiques, la bataille magique était plus qu’explosive. La Sorcière Rose était puissante à n’en pas douter mais elle devait admettre qu’elle avait un peu de mal face à autant de magiciens. Elle décida de concentrer toute son énergie avant de lancer un sortilège d’expulsion qui arracha plusieurs arbres du parc. Les magiciens s’envolèrent dans plusieurs directions.
— Cela suffit ! ordonna la Sorcière Rose. Maintenant, il faut cesser de se battre ! Je ne suis pas venue ici pour me confronter à vous ni agresser le Roi ! C’est ce dernier qui me fait mander régulièrement !
Les gardes et magiciens furent tous totalement stupéfaits face à la puissance de la Sorcière Rose mais aussi face à son discours. Personne n’avait été prévenu de l’arrivée d’Alice mais le Roi Lilian s’approcha de sa fenêtre avant de sortir sur son balcon en ouvrant largement ses portes vitrées.
— Il suffit ! ordonna-t-il. Comment osez-vous espérer mettre à mal la Sorcière qui a terrassé le Serpent de Sirkisia !?
Alice sourit. Elle n’avait pas terrassé le serpent, elle avait réussi à lui changer son cœur. Les Blendelles qui protégeaient les enfants étaient là grâce à cela. Seuls les anciens de Sirkisia connaissaient la vérité.
— Vous me flattez, dit Alice, je suis heureuse de savoir que mon Roi me connait aussi bien. C’est cela qui me flatte le plus comparé aux cadeaux que vous m’avez envoyés.
— Alors, se réjouit le Roi, vous les avez reçus ? Aucun retour n’est venu à moi sur votre sentiment par rapport à cela.
— Eh bien, je suis là devant vous, mon Roi.
Le Roi invita la Sorcière Rose à venir le rejoindre au sein de son Palais afin de lui faire la visite guidée.
Malgré qu’elle ait été régulièrement invitée au Palais pour de nombreuses festivités, la Sorcière Rose n’était jamais venue une seule fois au domaine royal. Elle devait reconnaître tout simplement une absence d’intérêt pour le faste des lieux. Même si elle appréciait le concept du Roi, à ses yeux, un bon Roi était celui qui donnait des richesses au peuple. La moitié de son aide pour les citoyens n’aurait pas lieu de se faire si un Roi avait réellement pris conscience des réalités de la vie du peuple.
Mais aujourd’hui, il fallait faire un effort et se montrer intéressée par la vie de château, pour comprendre les raisons que le Roi Lilian avance pour justifier la mort d’un simple fermier.
Lilian était fier de montrer la peinture du premier Roi de Tadorannia, Hugues Nyyssen, recevant des griffes du grand Dieu Dragon la couronne de monarque.
— Et c’est cette couronne qui est maintenant sur ma tête, indiqua Lilian en tapotant ladite couronne sur la tête. Un joyau unique qui se doit d’être sur la tête du monarque de Tadorannia.
— Et elle sied très bien à votre tête, assura Alice.
— Je possède également une version féminine de la couronne pour ma Reine. Elle vous irait parfaitement bien d’ailleurs.
— Vous souhaitez donc m’épouser, résuma Alice.
— Qu’en pensez-vous ? demanda le Roi Lilian.
— C’est une proposition qui s’étudie. Tentez de me séduire avec votre humanité et je vous promets d’y réfléchir.
Bien évidemment, la séduction de Lilian était essentiellement un étalage de richesse comme si cela allait réellement toucher Alice. Cette dernière devait effectivement faire croire à une certaine sensibilité pour mieux comprendre les raisons de Lilian pour justifier un crime.
Et cela arriva avec étrangeté alors que le Roi, entouré de sa garde, marchait dans les rues de la capitale en compagnie de la Sorcière Rose le jour du marché. Un homme parvint à s’approcher du Roi en lui demandant d’abdiquer. Cela intrigua Alice. Les gardes repoussèrent l’homme assez loin et le Roi et sa fiancée reprirent la route.
Alice ne partageait pas sa couche avec Lilian, pas tant que le mariage ne fut prononcé. Et une nuit, elle se réveilla. Elle utilisa ses pouvoirs pour se dissimuler à ceux qui ne devaient pas la voir. Elle décida de sortir du palais et de rejoindre la ville à la recherche du pauvre bougre qui avait demandé l’abdication. Il ne fut guère facile à trouver, si bien qu’Alice crut qu’il était mort. Pourtant, elle retrouva l’homme mal en point dans une ruelle. Il avait été frappé et laissé pour mort. Mais il respirait encore et Alice usa donc de ses pouvoirs pour soigner l’homme qui ne comprenait pas comment il avait survécu jusqu’à ce qu’il voit la Sorcière Rose.
— Toi qui vas épouser notre usurpateur, dit-il, pourquoi m’as-tu sauvé la vie ?
— Parce que je suis mandatée par un fermier pour sauver son fils et je me dois d’aider cet homme qui s’est fait agresser par des magiciens alors qu’il me semble innocent. Il me faut te poser des questions.
— Le fils d’un fermier ? Il me semble évident que je serai capable de répondre à quelques questions. Jadis, je m’occupais de l’éducation du petit Prince qui fut notre précédent Roi et je dispose d’une information importante.
— Je suis à ton écoute, mon ami, assura Alice. Qui est le jeune fermier que je protège par rapport au roi ? Quels danger un si jeune homme si simple peut apporter au Roi ?
— Oh Sorcière, bonne Sorcière, je ne puis te donner la réponse à tes interrogations. Auparavant, mon travail était proche du Roi. Même si le précédent Roi, à qui mon serment est lié, est mort, le serment de fidélité demeure.
— Alors, dit Alice, je vais lire tes pensées. Tu ne peux lutter contre ce sortilège et tu ne me parleras pas. Ainsi, jamais ton serment ne sera rompu.
Alice prit donc le temps de lire dans l’esprit du pauvre bougre et obtint enfin les réponses tant souhaitées. Alice n’aimait pas du tout utiliser ce sort car elle pouvait aussi influencer le libre arbitre et ce n’était pas sa conception de la vie. Chacun devait avoir son propre libre arbitre mais la mesure était exceptionnelle.
— Je comprends tout maintenant, brave homme, dit la Sorcière Rose. Tu vas prendre l’argent que je te donne et tu te rendras à la ferme que tu connais. Reviens avec le fermier et son fils dans dix jours. Je m’arrangerai pour que mes noces soient célébrées.
Et ainsi, Alice retourna au palais et minauda devant le Roi Lilian en usant de ses charmes. L’homme était bien à l’opposé de croire que la Sorcière voulait lui jouer un tour tant il était amoureux, non pas de la personne mais du corps d’Alice. Cette dernière, refusant toute relation avant le mariage, attisa la passion du Roi qui voulait se marier au plus vite.
Alice lui lança alors ce défi :
— Dans dix jours, si vous me réalisez la plus grande journée de mariage jamais vue, je serai votre épouse. Je veux voir du monde, je veux que tout le peuple assiste à mon triomphe et mon éclat et que je sois une Reine admirée, admirée au-delà de l’amour qu’un peuple puisse me porter.
Alice se joua du Roi et rumina en voyant le déploiement d’argent dans le seul but de satisfaire les désirs d’une seule personne alors qu’une partie du peuple avait bien du mal à s’en sortir. Mais voilà, c’était la volonté d’Alice et le Roi se devait donc de faire cela.
Au bout d’une dizaine de jours, comme voulu par Alice, la grande cérémonie de mariage fut prête. Alice disposa de la plus belle robe de mariée de toute l’histoire du royaume. Le meilleur coiffeur se présenta au palais pour que la coiffure de la Sorcière Rose soit inoubliable. Le chignon était parfait. Alice avait insisté très fortement pour conserver une touche de noire avec un nœud dans les cheveux. Sa robe était d’un bleu ciel traditionnel avec une longue traine d’un bleu un peu plus foncé. Le Roi avait tenu promesse car il y avait tellement de monde venant des quatre coins du royaume de Tadorannia qu’il était impossible de loger tout le monde en ville. De petites maisonnettes temporaires en bois ont ainsi été construites pour combler les arrivées.
Alice reconnut beaucoup d’êtres qu’elle avait déjà rencontrés et des magiciens avaient usé de magie pour amplifier le son des acteurs de cette cérémonie. Il y avait des hommes et des femmes de toutes catégories mais aussi les êtres les plus particuliers de Tadorannia : ceux dont les cheveux étaient des fleurs, ceux qui avaient une couleur de peau différente mais aussi les hommes aux attributs de femme, les femmes aux attributs d’homme, les Blendelles, grandes créatures protégeant tous les enfants orphelins mais aussi ceux qui en avaient besoin. Encore une fois, les fortunés étaient placés en avant car les nobles et les bourgeois se trouvaient tout devant, ce qui était injuste car une cérémonie pour le peuple se devait de traiter tous ses invités sur un même pied d’égalité. La vente de ces places permettait de récolter la somme nécessaire pour l’achat d’un cadeau à Alice. Une Alice qui aperçut le fermier, son fils mais aussi l’homme qu’elle avait envoyé les chercher.
Le Roi Lilian était tout en joie dans sa tenue d’apparat qu’il voulait plus belle encore qu’à son habitude. De mémoire d’habitant, personne ne pouvait citer un mariage aussi imposant. De mémoire d’archives, aucun mariage royal n’avait connu une influence aussi importante que celui-ci. Pour tout le monde, ce mariage n’était pas une simple union mais bien l’Histoire qui allait s’écrire devant les yeux du peuple.
Les plus mauvaises langues iront jusqu’à dire que la Sorcière Rose avait utilisé un charme inconnu pour faire céder le Roi et se faire demander en mariage. Que cela soit vrai ou faux, les fastes du mariage n’étaient pas remis en cause. La beauté de cette union royale restera probablement sans égal.
Si Alice était amoureuse, elle aurait probablement pleuré en arrivant devant son futur époux mais elle avait surtout envie de rire. Lilian ne se doutait pas qu’il vivait avant tout un piège destiné à ouvrir les yeux de son peuple.
— Vous êtes ravissante, dit Lilian, je suis en totale admiration devant votre beauté. Je ne pensais pas qu’il soit encore possible de vous sublimer.
— Au lieu de m’admirer, admirez votre peuple qui vaut plus que moi.
— J’admire mon peuple mais aujourd’hui je regarde votre personne.
— J’en suis flattée, assura Alice, mais je m’interroge : m’aimez-vous vraiment ou voulez-vous de moi à vos côtés car vous avez peur de mon pouvoir ?
Le Roi ne sut que répondre et l’officier de la cérémonie demanda s’il pouvait officier mais le Roi lui demanda d’attendre car il se sentait agressé par celle qu’il allait épouser.
— Madame, dit-il, je sais que votre pouvoir est grand mais c’est grâce à une plume volée à un serpent que vous avez un grand pouvoir. À cet instant, je suis en face d’une sorcière qui n’a pas de plume. Un geste à mes soldats et aucun sortilège ne pourra vous protéger.
Le peuple ne comprit pas pourquoi tout s’était arrêté, surtout que les sortilèges amplifiant les voix s’étaient arrêtés on ne sait comment. Sans doute le couple se disait-il des mots doux mais c’était loin d’être le cas, bien au contraire. Le Roi était en colère.
— Vous vous sentez vite vexé, ironisa Alice, Votre Altesse.
— Je ne suis pas vexé. Je suis fâché car j’ai fait de cette cérémonie quelque chose de magnifique pour vous et vous ne cessez de me remettre en cause !
— Je suis remise en cause aussi en ma qualité de sorcière. Je n’ai volé aucune plume. Elle m’a été offerte et elle ne sert à rien en réalité.
La Sorcière Rose fit apparaître sa plume noire devant un peuple qui commença à murmurer son interrogation. Pourquoi la Sorcière Rose faisait-elle apparaître son outil magique ? Mais elle le tendit au Roi, en guise de cadeau de mariage sans doute.
— Je vous en fais cadeau, dit-elle, et je vous le répète, cet objet ne marche pas. Ce n’est qu’une plume d’un très grand oiseau. Sans plus. Le vrai cadeau de cette plume pour un magicien, c’est le sentiment qu’apporte cet objet, le sentiment qu’il a une influence et que cela renforce vraiment des pouvoirs qui existent déjà. Ma puissance est égale, avec ou sans cette plume.
— D’accord, dit Lilian. Il est impossible de vous tuer. Cela doit-il me faire peur ? Vous avez le devoir de respecter le Roi car vous et moi avons le même Dieu.
— Mais je respecte le Roi. Dommage que vous ne soyez pas le Roi !
Les sortilèges qui permettaient au peuple d’entendre fonctionnèrent de nouveau et cette dernière phrase fut entendue par tous. Tout le monde en fut surpris. Personne ne comprit pourquoi la puissante Sorcière Rose venait de dire cela. Lilian fut sous le choc aussi et ne sut comment réagir. Il regarda ses magiciens et ses gardes sans oser regarder le peuple de Tadorannia.
— Comment osez-vous ? demanda Lilian. Je peux vous faire arrêter pour trahison !
— Faites, que je m’amuse.
Le Roi fut pris au dépourvu. Il ne comprenait pas ce que la sorcière lui voulait. Elle demanda aux gens de s’écarter car elle avait des invités spéciaux à présenter au Roi Lilian. Le fermier, son fils mais aussi l’homme lié à Maxime III s’approchèrent du lieu de cérémonie et Lilian se mit à crier :
— Non ! Cela ne se peut ! Tu es mort !
Lilian se tourna vers son magicien Hugo le Magnifique. Ce dernier ne dit rien. Lilian était visiblement perdu, ce qui réjouissait la Sorcière Rose.
Hubert, le fils du fermier, fut surpris de découvrir tous les regards tournés vers lui. Ceux qui avaient pour habitude de côtoyer le Roi ne parlèrent pas tant le choc était important. Mais pourquoi cela ?
— J’ai vu la tête de cet homme dans la boîte ! scanda Lilian.
— Tu as vu ce que je voulais que tu voies, répondit Alice. J’ai tout compris en rencontrant cet homme que tu avais repoussé au marché, le serviteur favori du Roi Maxime III, et que tu avais jeté du palais car il t’avait révélé le terrible secret que tu ne veux pas qu’on révèle : tu n’es pas le Roi !
— Mensonges ! scanda Lilian. Je suis le Roi de Tadorannia ! J’étais le cousin de Justin, il est mort, je suis le roi !
— Mais Justin avait un frère, rappela Alice, et cela, tu le savais ! Quand Maxime III a eu son enfant, la surprise fut mauvaise pour lui de découvrir qu’il avait un second enfant né le même jour. Maxime ayant peur que les deux frères se disputent le royaume, il jugea bon de confier le second né à un couple sans enfant. Bon nombre de ces couples viennent me voir chaque année. C’est le serviteur du Roi qui fut chargé de la besogne tout en gardant le secret. Jusqu’au jour où il a fallu le révéler. N’acceptant pas cela, tu as envoyé moult assassins chargés de le tuer pour te légitimer sur le trône que tu usurpes !
Les citoyens ne purent le croire et, pourtant, Hubert ressemblait à Justin de telle manière qu’il était possible d’être confus en le voyant. Alice avait également compris pourquoi elle avait ce sentiment de connaître Hubert ; elle avait vu Justin en photo à sa mort.
— Tu as joué avec mon cœur dans le seul but de le briser et de m’humilier !
— Tu as tenté de tuer un innocent de ta propre famille ! Ceci est le moindre mal que je puisse te faire.
— Il n’est rien, il n’est que fermier et toi, tu es morte !
Lilian se saisit d’un poignard dissimulé dans sa tenue et s’approcha de la Sorcière Rose pour lui planter dans le cœur. Alice était parfaitement capable de se défendre mais l’instinct du jeune Hubert prit le dessus et le jeune homme s’interposa entre la lame et la sorcière.
— Non ! scanda Alice.
Elle usa de sa magie pour repousser Lilian et attrapa Hubert dans ses bras qui souffrait d’une plaie profonde et endurait le martyr. Alice s’interrogea : pourquoi avoir agi de la sorte ? Il préférait mourir à sa place alors qu’il était bien au-dessus d’elle.
— Ma mort est triste mais il existe un Roi pour me succéder et il veut cette place… murmura Hubert. Vous, gentille sorcière, vous avez aidé tant de monde, vous avez combattu le Serpent géant de Sirkisia et vous avez montré au monde qui était réellement mon cousin. Comment notre royaume pourrait-il se passer de vous ? Il y a des Rois, des magiciens mais il n’y aura jamais qu’une seule et unique Sorcière Rose…
— Quels mots touchants, dit Alice.
Le jeune fermier se mourait mais Alice usa de son pouvoir. Avait-elle seulement été assez vite ? Car l’homme ne réagissait plus. Alice avait abandonné se robe de mariée. Alors qu’elle utilisa son pouvoir, sa robe vira de nouveau au noir.
Lilian, debout, se réjouit de son triomphe. Bien qu’ayant tué pour l’obtenir, il était à présent sur le trône de manière légitime.
— Gardes, ordonna-t-il, que la Sorcière et ses complices soient enfermés durant de longues années à la plus haute tour de ce palais. Qu’ils puissent observer la liberté qu’ils n’auront jamais !
À ces mots, Hubert ouvrit les yeux avant de prendre une longue inspiration. Il était vivant, ce qui démontra la puissance de la magie de la Sorcière.
— Gardes ! répéta Lilian.
Mais aucun garde ne bougea, au désespoir du faux Roi qui ordonna ensuite à ses magiciens d’agir. Mais personne ne répondit à ses ordres.
— La magie et les magiciens obéissent toujours aux règles du Dieu Dragon, dit Alice. Aucun ne tentera de toucher à ce jeune homme car il est le Roi mais bien plus que cela, il a accepté de mourir pour le bien commun. Maintenant, tu dois te mettre à genou.
Lilian fut poussé par la magie et se retrouva à genou face à Hubert qui était debout tenant en main l’arme qui avait failli le tuer. Selon les lois de Tadorannia, Lilian pouvait subir la colère de son cousin qui avait le droit de mettre fin à ses jours. Mais Hubert n’en fit rien. Il plaça l’arme dans la main de la Sorcière Rose en déclarant :
— Si je suis le Roi, je ne serai pas un Roi comme cela.
Le mariage avorté se transforma en cérémonie du couronnement la plus historique de Tadorannia. Les citoyens furent tous en liesse comme cela était prévu et certains dirent même qu’Hubert avait demandé la main de la Sorcière Rose. Personne ne sut vraiment si elle avait accepté mais, durant tout son règne, le Roi Hubert Ier ne fut jamais accompagné d’une femme. On lui désigna un successeur digne car il avait pardonné à son cousin qui, lui, avait une femme qui donna naissance à un fils. Hubert le désigna comme successeur et, lui aussi, il eut un règne long et paisible.
La Sorcière Rose et la Princesse Lily – Partie I
Il était une fois, dans le monde coloré de Tadorannia, une sorcière aux cheveux roses qui cherchait toujours à faire le bien. Elle se prénommait Alice. Elle marchait de long en large dans son domaine afin de nourrir la dizaine d’animaux blessés ou malades qui venaient se faire soigner dans ces lieux.
Alice avait beaucoup de gens autour d’elle, des personnes qui souhaitaient apprendre à soigner les êtres vivants. Certains venaient de loin pour suivre les cours qu’elle enseignait car il manquait cruellement de soigneurs et de soignants dans certains villages éloignés. Alice savait parfaitement que son rôle était d’utilité publique et elle aimait cela.
Cependant, un jour, une jeune femme arriva dans son domaine avec une grande quantité de chevaliers en armes. Alice savait parfaitement que ces individus ne venaient pas pour elle car elle n’avait rien fait de mal. La femme qui conduisait ses hommes s’approcha de la Sorcière Rose pour demander son aide :
— Brave Sorcière, dit-elle, je m’appelle Lily Nyyssen, je suis la Princesse de Tadorannia. Je ne suis pas la fille du Roi mais l’épouse de son fils. Certains disent que je me suis mariée pour l’agent mais pas par amour.
— Que voulez-vous que je fasse ? Dois-je aller à la capitale pour dire le contraire ?
— Non, Sorcière. Mon époux a été enlevé par un sorcier cruel qui se dit être plus puissant que vous et mon beau-père a peur de l’affronter. Il attend une demande de rançon mais je ne veux pas attendre. J’ai choisi mes meilleurs hommes pour aller chercher mon époux.
— Et, en même temps, prouver que vous aimez votre homme.
— En effet, Sorcière Rose.
La Sorcière Rose retourna dans sa cabane du sommet de son arbre. Lily ne comprit pas pourquoi elle partait aussi rapidement. Sans invitation, Lily entra dans la cabane d’Alice qui était un endroit spacieux rempli d’étranges instruments et objets dont il était impossible de comprendre l’utilisation.
— Que faites-vous encore ici ? demanda Alice.
— Vous n’avez pas écouté jusqu’au bout ce que j’avais à vous dire. J’ai besoin de vous car il me faut quelqu’un qui puisse combattre la magie du sorcier quand nous serons face à lui.
— Je ne suis pas intéressée, dit Alice. J’ai assez de travail ici avec mes élèves. Mais je vous souhaite bonne chance.
La Princesse Lily fut étonnée de cette réaction et ne sut comment réagir. On disait souvent que la Sorcière Rose n’avait plus d’intérêt pour la famille royale de Tadorannia. Sans pour autant y être hostile, elle était éloignée depuis au moins quarante ans.
— On dit que vous avez failli devenir Reine, dit Lily. On vous a demandé en mariage deux fois et vous étiez proche du Roi. Un roi vous aimait tellement qu’il ne s’est jamais marié pour vous attendre.
— Il ne m’aimait pas moi, assura Alice, et il s’est marié. Je sais des choses sur la famille que vous avez rejointe.
— Je ne sais pas pourquoi vous avez de la colère mais je ne suis pas de leur sang. Je suis comme une pièce rapportée mais j’aime mon mari et j’ai besoin de votre aide.
— Votre beau-père, le Roi, va négocier, rappela Alice. Je vous conseille d’attendre que cela soit fini et vous resterez en vie. Vos hommes aussi.
— Mon beau-père n’est pas un mauvais Roi, dit Lily, mais la demande sera sans doute trop importante pour le royaume. S’il doit prendre position, il fera son devoir et laissera mourir son fils. Il a trois autres fils. Il peut remplacer un Prince par un autre dans la fonction de Roi. Même si son cœur de père en souffrira.
— Hmm, dit Alice, est-ce la mort de votre époux qui vous fait peur ou le fait que vous ne seriez pas Reine un jour ? Épousez le petit frère et sauvez vos hommes.
— Il suffit ! J’aime mon mari ! Avec ou sans votre aide, je vais aller le sauver séance tenante ou alors mourir en essayant.
— Ah ah ah, rit Alice. Ne seriez-vous pas originaire de Mammalia ?
— Si, répondit Lily, pourquoi ?
— Parce que ce n’est pas la première fois que l’on me rapporte ce genre de discours. Mais je vous souhaite sincèrement la réussite de votre mission.
Lily fut surprise de cette réponse. Il lui fallait absolument la Sorcière avec elle pour combattre le Sorcier Bleu. Elle ne savait pas exactement quoi penser ou quoi faire. Elle allait s’en aller quand elle aperçut la plume noire de la Sorcière posée contre le mur.
Alice descendit terminer ses cours avant que ses étudiants n’aillent dormir dans une cabane qui leur était réservée. Elle alla se coucher mais elle se retrouva surprise face à l’absence de sa plume qui renforçait les pouvoirs. Bien qu’elle estimât que cette plume ne servait à rien, celle-ci restait convoitée et il fallait la retrouver. Mais où pouvait-elle être ? Aucun de ses étudiants ne montait ici mais quelqu’un était venu dans sa maison.
— Lily ! fit Alice.
La Princesse Lily avait une journée d’avance sur la Sorcière Rose et elle galopait aussi rapidement que possible avec ses troupes en direction de la tour du Sorcier Bleu. Elle avait peur bien entendu, d’autant plus qu’elle avait volé la plume magique et elle savait que la Sorcière allait finir par la rattraper. D’ailleurs, elle pouvait surgir plus tôt que prévu grâce à sa magie ou à une de ses créatures magiques.
— Princesse, dit le chef des soldats, j’ai peur que la Sorcière Rose ne se braque complètement. Si nous voulons qu’elle nous aide, lui dérober un de ses trésors n’est pas une bonne idée.
— Je le sais, assura Lily. Mais dès que nous serons près de la tour du Sorcier Bleu, il ressentira la présence d’Alice. Je compte l’utiliser comme appât.
— Sauf votre respect, je sens que votre plan est bancal.
— Je n’en ai pas d’autre.
Le groupe venait de rentrer dans une forêt assez épaisse et on y ressentait comme une sorte de protection, ce qui aidait à soulager un peu la Princesse qui se voyait trop exposée.
— Même la Sorcière Rose ne pourra pas nous retrouver dans cette épaisseur de branches, dit Lily. On arrivera à rejoindre la tour du Sorcier assez facilement quand nous l’aurons traversée.
La troupe passa une nuit dans la forêt avant de reprendre la route dans cette forêt interminable qui pouvait faire peur. Mais les soldats étaient courageux et vaillants et ils étaient prêts à combattre le moment venu.
Cependant, ce moment arriva beaucoup plus rapidement que prévu car les branches des arbres se mirent à trembler de tous leurs membres. Quelque chose de massif était passé au-dessus de leur emplacement et même les chevaux des soldats ressentaient un peu de crainte.
— Quelle est cette immense créature qui passe au-dessus de nous ?
Les chevaliers de Tadorannia avaient peur et ce n’était pas peu dire. Encore plus quand les branches au-dessus d’eux prirent toutes feu mais ce feu était étrange car il était de couleur verte et sans doute de nature magique. Ce feu brûlait, certes, mais il ne semblait pas consumer la nature. Il l’écartait juste permettant aux gens de voir la Sorcière Rose qui avait monté un Blendelle, une sorte de grand serpent géant et protecteur des enfants. Une créature à la réputation paisible mais pouvant devenir féroce car elle était très fidèle à la Sorcière Rose. Ce très grand Blendelle était revêtu d’une crinière de cheval mais aussi, fait étrange, ne possédait qu’un seul œil. Mais cela ne le rendait pas moins impressionnant ou dangereux pour la cause.
— Princesse Lily de Tadorannia, scanda la Sorcière Rose, tu es venue chez moi sans autorisation pour me voler !
— Je ne dirais pas que je t’ai volée. Je dirais que je t’ai donné un prétexte pour me suivre.
— Je viens rechercher mon bien et puis, je rentre chez moi. Et estime-toi heureuse que je ne sois pas rancunière ! Je reprends ma plume et je m’en vais.
— Je ne te rendrai pas ta plume ! J’ai besoin de ton aide et je veux que tu me la donnes !
— Je ne veux pas provoquer un conflit inutile contre un confère magicien pour ton bon plaisir, Princesse !
La créature que chevauchait la sorcière se posa juste devant la compagnie. La jeune femme descendit du Blendelle pour prendre la plume qui se trouvait dans les affaires de la Princesse.
— Tu es bannie de mes terres ! scanda la sorcière.
— Je ne peux pas être interdite, répliqua la jeune femme. Je suis Princesse de Tadorannia !
— Tu as peur d’un magicien. Imagine que tu aies peur de moi maintenant !
La sorcière reprit son bien mais ressentit immédiatement que quelque chose allait se passer. Une sorte d’attaque allait déferler sur eux.
— Préparez-vous ! ordonna Alice. Nous allons subir une attaque !
Les soldats de la Princesse Lily sortirent leurs armes mais rien ne sembla se passer dans un premier temps, si bien que certains soldats se mirent à rire. Mais les rires se figèrent rapidement quand une meute d’animaux sauvages s’attaqua à eux. Ce fut un véritable carnage. Le Blendelle ne put s’envoler car plusieurs animaux l’attaquèrent directement à la gorge. Celui qui fut le Serpent de Sirkisia ne survécut pas longtemps à ces bêtes sauvages.
— Noooon ! scanda Alice. Saleté de bêtes !
Elles ressemblaient à des chiens géants mais leurs poils ressemblaient plutôt à des pics et leurs corps, dans leur ensemble, étaient largement plus musclés. Une créature que la magie avait fait développer.
— Ne bougez plus ! cria la sorcière.
Elle utilisa un sortilège autour d’elle qui paralysa chaque animal et le leva assez haut dans le ciel avant de relâcher son sort, les créatures se fracassant lourdement sur le sol. Certaines trouvèrent la mort ou furent blessées mais d’autres survécurent et continuèrent d’attaquer tout autour d’elles. Ces êtres semblaient n’avoir qu’un seul but : tuer tout ce qui était sur leur chemin au détriment de leur propre vie.
— Attention ! cria Alice.
Elle envoya un sortilège d’eau sur une créature afin de l’enfermer dans une bulle d’eau jusqu’à la noyade. Elle répéta l’opération pour chacune des dernières créatures mais l’une d’elles réussit à envoyer un de ses picots sur Alice qui le reçut en plein ventre. Mais elle réussit à tenir bon et à noyer toutes les créatures. Elle était blessée, mal en point et avait beaucoup de mal à se maintenir debout. La mort devait se rapprocher sans doute.
— Alors c’est toi la Sorcière Rose ?
Alice n’était plus dans la forêt, elle était dans sa cabane, elle était une enfant et elle voyait sa mère avec un homme, un grand homme en uniforme. Sa mère était soudainement plaquée au sol pour être tuée. Ce n’était pas la première fois qu’elle voyait cet homme dans son esprit mais, pourtant, il était annonciateur d’un futur terrible que les songes lui contaient depuis tant d’années maintenant. Mais jamais ses visions ne lui montraient un passé qui n’avait jamais existé.
— Sorcière Rose ?
La Princesse Lily était présente auprès d’Alice qui revenait à elle, non sans douleur. Elle venait de perdre de sa superbe, elle venait de comprendre qu’elle n’était pas aussi puissante et invulnérable que cela. Oui, la Sorcière Rose peut mourir et Alice avait fini par l’oublier.
— Je vais bien ! scanda la sorcière.
Elle arracha le pic dans son corps avant d’utiliser en urgence sa magie pour soigner sa plaie mais aucun sortilège ne pouvait vraiment soigner de si grandes blessures. Il fallait des plantes pour l’aider mais peu importe, elle voulait aller près du corps du Blendelle.
— Non… murmura-t-elle en touchant le corps inerte de la créature. Je suis désolée de t’avoir amené à la mort, mon ami…
C’était l’heure du bilan et bon nombre de soldats de la Princesse avaient disparu. La nuit tombait et il fallait faire attention à une attaque nocturne. Alice avait trouvé les plantes thérapeutiques et elle pleurait toujours celui qui fut le serpent géant de Sirkisia. Cette mort était terrible mais Lily avait compris que ce décès était ce qu’il fallait pour forcer Alice à la suivre. Alors que la sorcière se soignait, Lily sortit une épée pour répéter quelques mouvements dans le vide à la lueur d’un feu. Elle laissa tomber son entraînement pour parler à la sorcière qui soignait la blessure de son ventre nu à l’aide de son bouillon de plantes.
— Comment faites-vous tout cela ? demanda la Princesse. Depuis les années que j’entends parler de vous, on m’a toujours décrit une personne tellement puissante, belle et parfaite. On parle de tant de choses sur vous qu’on dirait de la fiction.
— Ah ah ah, rit Alice. La moitié de ce que tu as entendu sur moi est de la fiction, Princesse. J’ai vécu de grandes choses mais on m’accorde trop. Un mariage royal historique et puis quoi encore ?
— Vous ne pouvez nier vos exploits, dit Lily, presque scandalisée. Vous avez fait tomber le serpent de Sirkisia et votre mariage s’était il y a seulement vingt ans. J’étais née.
— Je sais, dit Alice en se relevant et en ajustant ses vêtements noirs. Certaines personnes âgées étaient jeunes quand j’ai fait plier le serpent.
— On m’a lu le conte de votre mariage. Saviez-vous qu’on avait écrit cette histoire ?
— En vingt ans, penses-tu que je suis passée à côté de la série de contes relatant ma vie ? J’aide mon prochain, Princesse. Je me considère comme altruiste mais je trouve pompeux et ombreux d’entendre que je suis tellement parfaite. C’est ma sœur qui est parfaite, elle a toujours été la préférée de tous.
Lily réfléchit aux propos de la Sorcière Rose avant de comprendre quelque chose qui ne lui avait pas sauté aux yeux mais elle fut bien obligée d’admettre que c’était une possibilité :
— Ce n’était pas toi Alice, dit Lily, qui as failli te marier il y a vingt ans. C’était ta sœur, pas toi !
Alice ne répondit pas. Elle observa sa plume qu’elle avait maintenant récupérée et qui était le cadeau de son ami le Blendelle. Il était bien trop grand que pour avoir un enterrement décent. Mais Lily sembla s’en ficher de la créature. Elle voulut juste savoir si elle avait raison. Est-ce qu’il existait alors plusieurs Alice ? Si elles sont toutes blondes et habillées de la même manière, le maquillage rose sur le visage aurait eu de semer le doute.
— Toutes les personnes qui ont suivi les cours que je donne sur les soins sont plus ou moins la Sorcière Rose. Je suis un peu chez tout le monde.
— Ne te moque pas de moi, Sorcière Rose ! scanda Lily. Combien de Sorcières comme toi existe-t-il ?
Alice allait répondre mais elle venait de comprendre quelque chose via cette discussion absurde à n’en pas douter. Sa vision qu’elle avait eue lorsque le pic lui avait percé le corps ne montrait pas un faux passé mais toujours une forme d’avenir. Une Sorcière Rose, peut-être même elle, allait rencontrer un homme, ce fameux homme terrifiant qui conduisait une armée.
— C’est toujours le futur… dit-elle. Princesse Lily, il faut que tu me laisses parler au Magicien Bleu. Je sais que tu as envie de le punir mais on a besoin de lui.
— Pourquoi aurais-je besoin de lui ? s’étonna Lily.
— Pour la même raison que j’avais convaincu le Serpent de changer de vie. Quelque chose de pire que cela va nous tomber dessus. On doit s’unir si on veut rester en vie. Princesse, tu es la future Reine de Tadorannia et tu dois voir plus loin que ta propre vengeance pour le bien de ton royaume. S’il accepte de rendre ton époux, il faut cesser les hostilités.
— Cesser les hostilités ? Mais voyons, tu ne te rends pas compte de la personnalité de ce magicien !? Il n’y a pas de négociation avec cet homme ! Tu as bien vu la magie qu’il possède. Tu as vu les créatures qui nous ont attaquées !
— Je ne suis pas aveugle, scanda Alice. Cette magie n’est pas une magie ordinaire. Elle est scandaleuse. Mais nous avons un ennemi commun, ce magicien, toi et moi. Un ennemi qui va arriver dans Tadorannia et déverser sa haine ! Nous devons nous préparer à…
La Princesse Lily ne voulut rien entendre de plus et décida de mettre son épée sous la gorge d’Alice qui fut bien surprise de cette réaction.
— Je n’ai pas envie de faire la paix avec mon ennemi ! Je m’en débarrasse pour le bien de Tadorannia ! Si tu ne veux pas adhérer à cela, je n’ai pas besoin de toi dans mon voyage.
— Princesse Lily… Tu ne vas quand même pas me tuer sous prétexte que je ne veux pas te suivre dans ta folie ?
— Pourquoi pas ? Si je comprends bien, tu n’es pas la seule Sorcière Rose du Royaume. Peut-être qu’une autre acceptera de venir nous aider ?
— Pauvre idiote, murmura Alice. Tu crois franchement que mille Sorcières Roses voyagent dans le royaume ?
Lily laissa tomber son arme. En un instant, son épée avait chauffé très rapidement si bien que la Princesse ne pouvait plus la tenir. Alice ramassa ensuite l’arme avant de la rendre à la Princesse. Elle n’était plus chaude.
— Je te déconseille de pointer cette chose à nouveau vers moi. Une Princesse de ton rang se doit d’être plus aidante envers son peuple. Tu dois passer au-dessus de tes émotions.
— Tu me donnes un cours de Princesse ? ironisa Lily en rangeant son arme. Tu as été Princesse, toi aussi ? Si c’était toi il y a vingt ans, est-ce que tu as épousé le Roi fermier ? Tu es alors la Reine secrète de Tadorannia.
— Je loge dans une cabane au-dessus d’un arbre. Si j’étais une Reine immortelle, je ne serais pas ici. Il faut arrêter de croire les contes pour enfants. Maintenant, je vais dormir.
Le lendemain, Alice reconnut qu’elle avait toujours mal à sa blessure mais elle n’eut le choix que de continuer. Elle se plaça sur la monture d’un soldat qui avait été tué durant l’attaque de la veille. En réalité, elle ne connaissait pas bien les chevaux en tant que monture car elle utilisait souvent des créatures ailées ou encore des Blendelles, devenus ses amis.
— Ooooh, fit la Sorcière à sa monture, doucement.
— Il vous faut un cours d’équitation ? rit un des soldats.
— Sans doute, répondit la Sorcière. Cet animal est en panique, je suis légère comparée à ses habitudes.
Devant, la Princesse était en train de discuter avec son capitaine qui ne cessait de lancer des petits coups d’œil à la Sorcière qui avait réussi à obtenir une bonne entente avec quelques-uns des soldats autour d’elle. Après tout, elle avait sauvé la vie de ses hommes.
— Princesse, dit-il, cette femme est d’une grande puissance. Il faudrait être fou pour ne pas le reconnaître. Avez-vous toujours la certitude que votre plan va marcher ?
— Le magicien que nous allons voir est puissant aussi. Je suis certaine de mon plan.
La troupe sortit enfin de la forêt et arriva près de la tour du magicien. Mais les ennuis n’en furent pas terminés pour autant car un autre piège surgit sur le chemin des soldats. À cet instant, apparurent des oiseaux géants couverts de plumes recouvertes de picots encore plus grands que ceux des chiens. Ils avaient également des griffes immenses qui pouvaient certainement broyer des corps.
— Aux armes ! ordonna le capitaine. On nous attaque de nouveau !
Les hommes sortirent leurs épées en regrettant de ne pas avoir pris des lances à la place. Mais il fallait se défendre maintenant avec les moyens du bord. Alice fut un de ces moyens grâce à sa magie. Alors que les oiseaux géants fondaient sur eux, Alice réussit à créer un mur de feu qui repoussa les monstres. Mais elle ne pouvait pas faire mieux car il y avait une bonne dizaine de créatures.
— Préparez-vous ! ordonna le capitaine. Ces choses reviennent !
C’était bien vrai et cela n’allait pas bien se passer du tout. Des hommes moururent encore dans cette attaque mais le capitaine des troupes réussit à blesser une créature à l’aile avec son épée et celle-ci ne sut plus décoller.
Alice, quant à elle, réussit à blesser une autre créature avec ses sortilèges mais ce n’était pas simple pour elle. Elle était la cible principale sans doute.
— Princesse !
Visiblement, Lily était capturée par une créature mais ce n’était pas le cas. C’est elle qui réussit à attraper une des pattes de l’animal, à grimper de plume en plume pour remonter vers la tête de l’animal et à lui planter son épée dans le crâne. Elle tomba en emportant une autre créature dans sa chute mais quatre oiseaux de moins n’étaient pas suffisants. La demi-douzaine qui restait n’avait qu’à fondre encore une fois et les dix derniers combattants allaient mourir. Resteraient Alice et son bouclier magique mais elle n’avait pas la force infinie. Elle pouvait combattre un serpent géant mais pas six créatures aussi puissantes qu’un serpent.
— On tient nos positions ! scanda le capitaine.
Lily et sa créature se crachèrent et la Princesse roula sur le sol avant que son capitaine ne l’arrête pour la relever.
— Princesse ! Allez-vous bien !?
— Bien sûr, ironisa la Princesse. Il ne manque qu’un bon vin et tout est parfait !
Les créatures allaient à nouveau attaquer mais, au dernier moment, elles se ravisèrent en entendant un sifflement lointain. Mais ceci était un retrait temporaire car beaucoup d’autres créatures modifiées par la magie étaient en chemin. Il y en avait trop que pour toutes les détailler mais il y avait plusieurs dizaines d’espèces de Tadorannia et toutes semblaient avoir des pics sur le corps et une rage à vouloir tuer.
— Par quelle magie ce monstre ose-t-il faire autant de mal à ces créatures ? demanda Alice. Pour moi qui me dévoue pour toutes les créatures vivantes, transformer ces êtres est une ignominie.
— Tu comprends mieux maintenant pourquoi je t’ai demandé de venir, dit la Princesse Lily. Cet homme est totalement imprévisible et sa magie est au-delà de toute considération connue.
— Le voilà, indiqua le capitaine.
Le Magicien Bleu apparut au milieu de toutes les créatures. Il avait un grand bâton d’un bois bleuté ainsi qu’une tenue de la même couleur mais plus foncé. Il avait également une barbe de trois ou quatre jours et peut-être une petite trentaine d’années. Il posa son bâton sur le sol en regardant le petit groupe devant lui.
— Tiens, dit-il, ne serait-ce pas la Sorcière Rose ? Je ne pensais pas que la Princesse aurait fait appel à toi ou que tu aurais pu répondre à cet appel.
— Je suis venue car on m’a volé ma plume, pas par volonté.
Le Magicien Bleu eut un regard sur la plume de la Sorcière Rose et il se dit qu’il serait bien heureux d’avoir cet objet car il était certain de sa puissance magique. Il voulait cet objet et il allait tout faire pour l’avoir.
— La plume… Je sens sa magie jusqu’ici.
— Tu dois sentir autre chose, répondit Alice. Cet objet n’a pas de magie, en dehors de la peur qu’elle apporte.
— Je sais que tu mens, petite Alice. Mais, peu importe, tu n’es pas ici pour me combattre. Tu as perdu ton combat à la première seconde où tu as quitté ton logement. Tu es tombée dans le piège qui t’a été tendu.
— Quoi ? s’étonna Alice. De quoi me parles-tu ?
À ces mots, le capitaine de la Princesse posa la lame d’une dague sous la gorge de la Sorcière alors que la Princesse Lily retira la plume magique des mains d’Alice. C’était la seconde fois en deux jours qu’Alice avec une épée sous la gorge.
— Tu es tombée dans mon piège, se réjouit la Princesse. Si tu fais chauffer nos lames par la magie, le magicien laissera ses créatures t’arracher la tête. Profite de la lumière des soleils, tu vas passer ta longue vie dans un trou ! Allez, avance maintenant !
Pour la suite, exclusivement sur mon recueil 1 :
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