Sur la plage immaculée, une femme s’avance.
Il y a sur son visage un voile de tristesse,
Qui masque son sourire et l’éclat de ses yeux.
Son pas est lent, et laisse une profonde empreinte dans le sable.
La houle est furieuse et le vent s’est levé.
Elle vient ici pour s’enfuir, pour oublier
Les tourments incessants de sa vie citadine.
Le travail est morose et le cœur est vide.
Là, dans le sable, s’imprime tout son désespoir,
Qui prend racine et étouffe ses rêves.
Pourtant, la mer est sage.
Elle écoute la peine et la balaie de ses vagues.
La femme se surprend à la fraîcheur de l’eau.
L’écume s’enroule autour de ses chevilles,
L’embrun lui caresse le visage.
Le vent hurle à ses oreilles, mais son cœur fait le sourd.
Elle se sent attirée par cette eau trouble et agitée.
Elle cherche plus que tout à se laisser sombrer,
Pour ne plus écouter les malheurs de son monde.
Pour se sentir légère, pour s’enfoncer
Rejoindre le palais des âmes abandonnées.
Au loin un homme la voit.
Il ressent sa tristesse et ses sombres pensées.
La mer gronde devant elle d’un air menaçant.
L’inconnu s’approche, se permet d’espérer.
Il cherche sa force dans le vent qui l’entoure.
Peut-être est-ce la mer qui lui ouvre les yeux ?
La femme lui apparaît naïade au clair de lune,
Face à la marée, ses cheveux se soulèvent,
Formant un délicat panache de crins dorés.
Sa robe de lin blanc se tord dans le mistral,
Sa silhouette lui rappelle les fées de bonne fortune
Qui peuplaient les contes et nombre de ses rêves.
L’homme lui prend la main, la serre de tout son cœur.
Une regard s’échange, une étincelle y passe.
Elle voit en lui une étoile dans son ciel noir,
Lui voit en elle une belle lueur d’espoir.
Alors leurs pas se défont de l’emprise salée,
Ils marchent à l’unisson vers un autre avenir.
La mer intemporelle saura veiller sur eux,
En belle reconnaissance d’un amour hasardeux.
La mer a effacé d’un vague la trace du désespoir.
La mer leur a offert le sel de l’espérance.