Bonjour, pour commencer, je tiens à remercier chaleureusement mes lecteurs.
Je ne me moque pas de vous, merci pour toutes ces lettres d’amour dans ma boîte aux lettres.
Vous méritez le meilleur, et je l’ai trouvé pour vous.
Ainsi, je décidai il y a peu, de contacter le petit Gregory, jusqu’alors difficilement joignable.
Il me répondit sans crier gare, car ça n’aurait pas de sens.
Je le retrouvais chez lui donc, pour un entretien exclusif sous l’eau.
PAULIN : – Bonjour Grégory !
LE PETIT GREGORY : – Salut c’est coule !
P : – Tu vas bien ?
LPG : – Ouais, ouais, je me suis un peu noyé dans un verre d’eau récemment, mais ça va.
P – : Comment ça ?
LPG – : Bah tu sais, j’ai rencontré une sirène là récemment, ça avait l’air clair comme de l’eau de roche.
P – : Un coup d’épée dans l’eau ?
LPG – : Ouais… Mais de l’eau a coulée sous les ponts depuis.
P – : Je comprends, être la tête sous l’eau depuis les années 80, ça doit donner l’eau à la bouche certainement.
LPG – Clairement, j’ai le roseau qui plie en permanence, mais j’arrête de parler de meufs, sinon ça va être la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
P – : Oui, on va s’arrêter là sur les bas-instincts. Alors mon cher Gregory, tu es né en 1980, génération qui n’attendait rien, comme dirait Pascal Obispo. Chanteur que tu aimes particulièrement
LPG – : Pascal c’est toute ma vie, j’avais un poster de lui dans mon étang, mais il est abîmé maintenant, l’humidité ça nique le papier, je t’apprends rien.
P – : Ah ah ah ah, ahah ah ah ah ah oui.
LPG – : Arrête de rire.
P – : Oui… Parle nous de ton enfance ! la vie n’a pas toujours été un long fleuve tranquille pour toi hein…
LPG – : Boarf… Tu sais, comme tout le monde, tu grandis entre deux eaux, tes parents s’engueulent, se séparent, t’es un peu noyé dans un océan de doutes quoi. J’ai eu une enfance assez heureuse sinon, sans histoires, paisible.
P – : Un jour, à l’adolescence, tu fugues. Tu simules une disparition dans une rivière pour échapper à la vie chez ta mère la pute. C’est complètement fou ! raconte nous ! ça !
LPG – : *il crache par terre” Ma mère la tepu t’as vu, elle voulait pas que je deal mon morocco t’sais, la tchouin. J’ai donc décidé avec mon pote portugais Luis Albert de jouer à cache cache dans le village. Je crois que j’ai gagné. *rires*
P – : Luis Albert ? On en a pas entendu parler de celui-là.
LPG – : Tu sais, c’est un sujet sensible. C’était mon amoureux, c’est pour lui que j’ai voulu partir de chez ma mère. Elle ne comprenait pas, elle passait son temps à me faire des réflexions d’une homophobie consternante, avec quelques piques bien saignantes dont elle avait le secret :
” Un môme ça joue aux billes, ou à la marelle mais ça ne suce pas ses amis Gregory !”
“Non Grégory ! Tu n’auras pas ton char à la gaypride mon garçon, tu es trop jeune !”.
Il fallait que je m’enfuies à tout prix.
Avec Luis Albert, mon loulou d’amour, nous partîmes sur la Vologne, la rivière à la con là, sur un radeau que nous avions construits nous mêmes, avec des Mikados et de la ficelle de Monoprix. Pendant que je pagayais avec hargne, mon tendre biquet tomba en arrière alors qu’il pissait à contre sens pour faire boussole. Il se retrouva tantôt noyé dans l’abîme, il était trop tard pour faire quoi que ce soit. Si tu savais le nombre de larmes qui se sont échappées de mes yeux cette nuit là…
P – : 394 je crois ?
LPG – : Incroyable, c’est cela même.
P – : Continue je te prie.
LPG – : Après trois jours de survie et de navigation à manger des ratons-laveurs et du cassoulet froid, je vis une gare non loin, à 100 mètres de ma rivière nommée désormais désarroi. Je pris un train pour Nancy.
P – : Pourquoi Nancy ?
LPG – : J’adore la choucroute. Je voulais refaire ma vie. Je marchais nonchalamment dans la rue en pensant à mon fardeau de souffrances passées. Quand soudain je sentis une main sur mon épaule.
“OH MICHEL, MICHEL ÇA VA ? BRAVO POUR HIER SOIR, MAGNIFIQUE BUT LÀ, POPOLO PO PO PO POW”
J’étais devenu Michel Platini, à moi les soirées branchées avec Dany Boon et les tickets restaurants. J’étais enfin quelqu’un.