Chapitre 7 – partie I

12 mins

    La nuit était d’encre. Un épais brouillard sombre s’enroulait autour des arbres, ne laissant paraître que leurs branches lugubrement agitées par le vent. L’atmosphère qui régnait dans ce lieu n’était pas saine. Soudain, une course effrénée résonna dans les sous-bois.

    Une jeune femme apparut entre les arbres. Allure longiligne, longue chevelure cendrée, une hache fermement tenue dans la main gauche. Sa beauté semblait presque surnaturelle. Mais il y avait une ombre au tableau. Une peur irrationnelle se lisait dans ses yeux bleus. Elle fuyait quelque chose. Et cette chose semblait plus terrifiante que la mort elle-même. La nuit s’obscurcit jusqu’à dissoudre le paysage. L’air lui-même devint noir, et la jeune femme commença à suffoquer. Aussitôt, une voix profonde envahit l’espace.

« Tes mensonges se sont retournés contre toi. Et le monde entier va payer pour tes erreurs. »

    La jeune femme hurla. Un hurlement à déchirer l’espace. Toute la noirceur alentour se concentra en un cocon autour d’elle, la maintenant prisonnière. Elle hurlait, se débattait, mais à mesure que l’obscurité resserrait son étreinte, ses forces l’abandonnaient. Sa terreur se mua en désespoir. Les larmes affluèrent sur ses joues. Elle tentait vainement d’articuler des mots, mais aucun son ne sortait de sa bouche. Seul résonnait son souffle, erratique, au milieu de la froideur nocturne.

    Une silhouette se matérialisa silencieusement au-dessus d’elle. Une ombre, sans visage, sans corps. Juste une forme humaine. L’entité s’agenouilla pour saisir la main de la jeune femme agonisante. Elle la serra. Avec douceur d’abord, puis avec rage. Brusquement, la jeune femme s’abandonna, laissant sur son visage baigné de larmes une profonde tristesse, mêlée de douleur. Dans le ciel, la dernière étoile vacilla, avant de s’éteindre, laissant le monde sombrer dans les ténèbres.

Une voix de femme s’éleva finalement de la silhouette :

« Tu as voulu jouer Morgana. Et tu as perdu. »

                                                                                      * * *

    Azilis se redressa subitement dans son lit, le souffle court. Sa tête lui tournait et son cœur battait à un rythme beaucoup trop élevé. La jeune fille attendit quelques instants, assise, encore sonnée par ce qui lui avait semblé être un mauvais rêve. Autour d’elle, l’obscurité était encore présente, mais l’on pouvait déjà entendre le chant de quelques oiseaux qui annonçaient l’aurore.

    Azilis se leva et déambula nerveusement dans sa chambre. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle était en colère. Elle avait l’impression que ce rêve n’en était pas un, et son poul hyperactif ne faisait que confirmer son hypothèse. De plus, ce n’était pas normal. D’ordinaire, la jeune fille ne rejoignait jamais le pays des songes. Son dernier rêve remontait à ses six ans, et après un cauchemar traumatisant, son esprit avait banni les rêves de ses nuits. Alors pourquoi cette vision ?

    La jeune fille alla s’appuyer sur le balcon pour tenter de se ressaisir. Il y avait forcément une raison. Mais de toute évidence, elle lui échappait. Azilis s’imprégna de l’air frais matinal par une grande inspiration. La plupart des familiers du palais dormaient encore, et cette absence de fourmillement humain plaisait à la jeune fille. Le calme ambiant l’aidait à réfléchir.

    Alors qu’elle se remémorait la scène marquante qui l’avait réveillée, Azilis sentait la colère froide qui l’animait disparaître peu à peu. Elle secoua la tête pour chasser cette étrange impression et retourna auprès de son lit pour s’asseoir. Elle saisit précautionneusement son pendentif et l’observa un instant. La pierre affichait un rose plus soutenu que la veille et Azilis était certaine de sentir des vibrations qui s’en échappaient.

    Elle relâcha la gemme et ferma les yeux. Il lui fallait choisir un plan qui lui permettrait d’obtenir quelques réponses avant qu’elle puisse quitter ce palais en douce. Et il lui fallait un regard expert pour l’aider à décrypter son sombre rêve. Azilis rouvrit les yeux et jeta un rapide regard sur le décor extérieur. Le jour se levait lentement, et aucune trace d’un homme-faucon mystérieux dans les arbres. La jeune fille repensa au banquet de la veille et se souvint que trois des conseillers devaient se retrouver pour discuter du problème des Nephilys avec Êta en personne. Elle ne devait donc croiser personne si elle décidait de sortir maintenant.

    Azilis s’approcha doucement de la porte et plaqua son oreille contre le battant. Aucun son ne lui parvint du couloir, il n’y avait donc pas de gardes devant sa porte. Elle se saisit de la poignée, avant de s’immobiliser. Un bruit mat se rapprochait, et il semblait venir dans sa direction. La jeune fille recula doucement, sans quitter la porte des yeux. Elle hésita quelques secondes à la vue du lit avant de se raviser. Si quelqu’un venait pour elle, il valait mieux qu’elle soit debout, en position de force, pour pouvoir faire face à la situation.

    Deux coups secs retentirent sur le bois, puis la porte s’ouvrit. Dans l’embrasure se tenait un jeune homme blond, un arc en bois massif dans la main, le regard méfiant. Azilis attendit qu’il entre mais l’inconnu resta à l’entrée, silencieux. Il ne semblait pas menaçant, mais son attitude était tout sauf rassurante. Après plusieurs secondes à s’observer, le nouveau venu brisa le silence :

« Je crois que cela t’appartient. »

Il tendit l’arc en direction de la jeune fille.

« J’ai égaré le carquois. Tu ne m’en voudras pas, je tiens à ma vie. »

Azilis s’approcha, prudente, avant de se saisir de l’objet en question. Bois de bouleau, finement taillé et décoré d’arabesques Nephilys. C’était bien son arc. Seulement … Elle l’avait laissé dans les bois lors de sa course poursuite quand elle et Astrée avait découvert le complot faé. La jeune fille se raidit à cette pensée :

« Où l’avez-vous eu !?

– Un des dirigeants  faés me l’a apporté hier.

– Vous connaissez cet homme !? Celui qui a déclaré le massacre de mon village !»

Azilis se rapprocha furieusement du blondinet, ne s’arrêtant qu’à quelques centimètres de son visage.

« Vous le saviez. »

L’intéressé ne recula pas et son regard s’obscurcit instantanément.

« Même si je l’avais su, ça n’aurait rien changé. Je n’approuve en rien ces actes, mais je ne m’en offusquerai jamais. Il est facile de se morfondre à la première attaque meurtrière, mais les faés sont des cibles depuis des millénaires. Et cela n’a jamais dérangé personne ! »

La jeune fille leva le poing mais l’inconnu l’intercepta avec facilité, lui bloquant le poignet. Aussitôt, Azilis sentit sa fureur être balayé par une sensation étrange. Elle retira sèchement son bras, jetant un regard noir à son interlocuteur.

« Il vaudrait mieux pour toi que tu ne sois pas impliqué dans cette histoire, même de loin. Sinon tous les gardes du monde ne suffiront pas à te protéger de moi, Faé. »

Le jeune homme serra les dents à cette menace, avant de répliquer froidement.

« Les temps changent, Nephily. Ceux qui ne savent pas s’adapter périssent. Et tu ne peux rien contre ça. »

    A ces mots, il tourna les talons et s’éloigna dans le couloir sans un regard en arrière. Azilis resta un instant figé. Ce jeune homme arrogant ne lui était pas totalement inconnu. Il était présent le soir du banquet, et sa position sur le sujet de l’attaque en disait long sur lui. C’était un faé, et il défendrait les siens jusqu’à sa mort s’il le fallait. Cela faisait de lui un potentiel ennemi, et la jeune fille ne l’aimait déjà pas.

    Azilis referma brusquement la porte et se dirigea d’un pas décidé vers ses affaires qui trônaient au pied du lit. Sa décision était prise, et elle voulait quitter cet endroit au plus vite. Elle attrapa son sac et revérifia son contenu deux fois pour être certaine qu’il ne manque rien. Elle prit son arc et le laissa tomber depuis le balcon. L’objet atterrit dans un froissement de feuilles quelques mètres plus bas, en plein milieu d’un buisson. La jeune fille comptait le récupérer plus tard. Il n’était pas nécessaire qu’elle se promène avec une arme dans un palais où tout le monde semblait vouloir la confiner dans sa chambre. Elle avait déjà suffisamment à faire pour ne pas avoir à se battre avec des gardes mal lunés.

    Azilis remarqua qu’une chemise de lin était accrochée sur un portant et elle s’en saisit immédiatement pour l’enfiler. La journée allait être chaude, mais il lui faudrait se couvrir pour les prochaines nuits en plein air. Et puis, son débardeur était mal en point depuis son altercation avec la furie noire et la jeune fille préférait éviter qu’on la remarque trop. Elle s’intéressa rapidement à sa blessure avant de refermer le vêtement par dessus. La plaie était presque entièrement cicatrisée et la douleur n’était plus qu’un mauvais souvenir.

    Azilis soupira de soulagement. Il y avait donc au moins une bonne nouvelle en ce début de journée : son épaule ne la gênerait plus. Elle ne pouvait toujours pas expliquer ce rétablissement si rapide, mais la jeune fille ne s’en souciait pas. Elle était toujours en vie, et son état semblait continuer de s’améliorer, ce qui ne pouvait être que positif.

    La jeune fille passa son sac sur son dos avant de quitter la pièce à pas de loup. Une fois dans le couloir, elle hésita. Le palais semblait désert et elle était certaine de pouvoir s’échapper facilement. La liberté était à portée de main. Pourtant une autre pensée la bloquait. Depuis son réveil, son pendentif n’avait eu de cesse de frétiller dès qu’elle se remémorait la scène de son rêve, et cela inquiétait la jeune fille plus qu’elle ne voulait l’admettre. Elle devait savoir comment régler ce problème avant de partir, et elle n’avait qu’une seule personne en tête capable de lui venir en aide.
Azilis prit une profonde inspiration avant de s’élancer dans le couloir à grands pas. Elle n’avait aucune idée d’où elle allait, mais une chose était claire dans son esprit : Elle devait trouver la bibliothèque.

                                                                                * * *

    Après avoir déambulé discrètement pendant près de vingts minutes, Azilis s’appuya sur un mur, l’air désespéré. Elle avait parcouru tous les couloirs de cet immense palais mais aucune porte ne menait à une bibliothèque. Frustrée, la jeune fille envoya un coup de pied dans le mur. Le bruit sourd dû attirer des gardes car Azilis crut percevoir des voix qui venaient dans sa direction. Instinctivement, elle se baissa et recula jusqu’à atteindre une porte. Alors que les voix se rapprochaient, la jeune fille ouvrit le battant et s’engouffra à reculons dans une pièce sombre avant de refermer précautionneusement la porte.

    Une petite troupe de garde passa dans le couloir sans se préoccuper de la pièce où était dissimulée la jeune fille. Azilis se redressa pour sortir quand une sensation étrange s’insinua dans sa tête. Elle pivota lentement sur elle-même et plissa les yeux pour essayer de distinguer des éléments dans la pénombre. Il y avait des blocs massifs un peu partout, tandis que le reste de l’espace était recouvert de tas informe qui faisait penser à des montagnes de vêtements. Azilis s’approcha prudemment des blocs et posa ses mains sur le haut des objets. La texture la renseigna de suite sur la nature de ces “blocs”, qui étaient en réalité des coffres en bois. Un détail interpella la jeune fille. Les coffres étaient complètement recouverts de poussière et n’avaient pas dû être ouverts depuis un très long moment.

    Un craquement sec, tirant instantanément la jeune fille de sa réflexion qui s’immobilisa, le cœur tambourinant. Elle attendit, les sens en alerte, que le bruit recommence. Soudain, un objet tomba sur le sol faisant sursauter Azilis. Elle s’empressa de reculer jusqu’à l’entrée de la pièce et se précipita dehors en claquant la porte derrière elle. Quelqu’un ou quelque chose l’avait repéré et ça n’était pas bon signe. Alors qu’elle allait renoncer à sa quête de la bibliothèque, une image s’afficha dans sa tête. Une immense porte de métal, dans un endroit peu éclairé, avec des murs de pierres grossièrement taillées.

    La jeune fille eut comme une illumination. Elle ne savait pas d’où venait cette idée, mais elle était persuadée que cette porte était celle de la bibliothèque. Il ne lui manquait plus qu’à la trouver. Azilis se remit rapidement en marche tout en se concentrant sur cette image pour en tirer un maximum d’informations. Le lieu qu’elle cherchait était mal éclairé et la construction semblait très âgée, comme pouvaient en témoigner les pierres. La réponse lui vint comme une évidence. La bibliothèque se trouvait en sous-sol.

    Azilis fit volte-face et remonta le labyrinthe de couloirs au pas de course pour atteindre un escalier qu’elle avait croisé un peu plus tôt dans ses recherches. Elle descendit deux à deux les marches jusqu’à s’arrêter devant un étroit corridor de vieilles pierres. La température était devenue plus fraîche et une légère odeur d’humidité flottait dans l’air. La jeune fille s’engagea dans le passage, priant pour ne pas rencontrer de familiers du palais.

    Après quelques minutes de marche, le couloir déboucha sur un petit hall de pierres qui abordait un toit ouvert sur l’extérieur. Une végétation clairsemée recouvrait le puit, ne laissant passer que de fins rayons de lumière qui allaient se refléter directement sur la porte en métal. La jeune fille observa en détail ce décor inhabituel, hésitante. Ce lieu n’inspirait pas le calme et la sérénité habituel des bibliothèques, pourtant elle était persuadée que c’était ici qu’elle trouverai celui qui pouvait l’aider.

    Après plusieurs secondes de réflexion, et après s’être assuré que personne ne la suivait, Azilis s’approcha doucement de la porte et poussa l’un des battants. La pièce qui s’ouvrit devant elle la prit au dépourvu. Il y avait des montagnes de livres et manuscrits partout, empilés de manière anarchique, qui rejoignaient presque le plafond. La bibliothèque n’était éclairée que par de fines raies de lumière extérieur passant par de maigres ouvertures, et une forte odeur de vieux papier flottait dans l’air. Azilis resta un instant figée devant ce décor chaotique, avant qu’un mouvement au fond de la pièce ne détourne son attention.

« Que me vaut cette visite très matinale, jeune nephily ? »

Le conseiller sortit de la pénombre, le regard inquisiteur braqué sur la nouvelle venue.

« J’espère que tu as une bonne raison de venir ici. En temps normal les intrus ne sont pas les bienvenus. »

La jeune fille se ressaisit et s’avança d’un pas en direction de son interlocuteur.

« Je viens vous demander de l’aide. .. C’est vous qui m’avez guidé jusqu’ici n’est-ce pas ?

– Exact. Pour quelle raison aurais-tu besoin de moi ?

– Il s’est passé quelque chose d’étrange cette nuit, et depuis mon pendentif a des réactions bizarres. Je pensais que vous auriez des conseils pour régler ce problème. »

L’homme rejoignit la jeune fille et se saisit du pendentif en question, ignorant le mouvement de recul d’Azilis. Un sourire se dessina sur ses lèvres.

« Je vois que ma visite d’hier soir a fonctionnée. C’est une excellente nouvelle ! »

Azilis retira sèchement le collier des mains du conseiller.

– Qu’est-ce que ça signifie ?

– Cela signifie, jeune insolente, que la Prêtresse commence à sortir de l’ombre. Que s’est-il passé cette nuit ?

– Rien d’important pour vous. Je suis venue ici pour que vous me donniez des réponses, pas pour avoir encore plus de questions. »

L’homme plissa les yeux devant cette réponse. Il fit demi-tour pour s’éloigner, mais Azilis le retint par la manche.

« S’il vous plaît, aidez-moi. Si c’est vous qui avez déclenché ça, vous devriez pouvoir inverser le processus non ? »

L’intéressé se dégagea et toisa la jeune fille d’un air supérieur.

« Sais-tu qui je suis ? »

Azilis hésita avant de répondre négativement.

« Je suis le porteur de la précieuse Aigue-marine. Je représente la sagesse, et c’est pour cette raison que tu es venue à moi aujourd’hui. Connais-tu la différence entre le savoir et la sagesse ? »

Nouvelle réponse négative.

« Le premier consiste à amasser des connaissances et la seconde permet de les comprendre pour les utiliser de la meilleure manière possible. Si tu veux que je t’aide correctement, je dois savoir ce qu’il s’est passé cette nuit pour mettre Morgana dans un état pareil. C’est à prendre ou à laisser. »

Azilis serra les dents devant cette proposition. L’idée de ressasser son cauchemar ne l’enchantait guère, mais la jeune fille dû se rendre à l’évidence. Le conseiller  savait quelque chose, mais il ne comptait pas la laisser filer sans connaître ses préoccupations. L’homme esquissa un sourire.

« Tu ne me fais pas confiance.

– Non, répondit immédiatement Azilis.

– Preuve que ton instinct de survie fonctionne encore. Mais j’estime ne pas avoir besoin de ta confiance pour connaître les détails de ton rêve. Car c’est de cela dont-il est question n’est-ce pas ? »

Azilis hocha faiblement la tête. Elle prit une profonde inspiration, choisissant ses mots avec soin, puis se lança dans une rapide explication :

« Je n’étais que spectatrice. Il y avait une femme, d’une trentaine d’année et une silhouette humaine sans visage. La femme était terrifiée et elle fuyait quelque chose, mais je ne sais pas ce que c’était. Et puis il y a eu cette voix, féminine et profonde. Elle a dit quelque chose, et la femme s’est mise à suffoquer. Un instant plus tard, elle était déjà morte. »

Le conseiller ferma les yeux, le visage concentré.

« Où se passait la scène ?

– Dans une forêt. C’était trop sombre, je n’ai rien vu d’autre.

– Y a-t-il un autre détail que tu ne me dit pas ?

Oui, pensa très fort la jeune fille. Mais aucun son ne sortit de sa bouche. L’homme soupira et plongea son regard bleu glace dans les yeux de son interlocutrice.

« Si tu ne veux pas m’en dire plus, c’est que tu cache quelque chose. Tu ne voudrais pas que j’infiltre tes pensées pour trouver la réponse tout seul n’est-ce pas ? »

Azilis déglutit péniblement. Elle se sentait de plus en plus mal. Lorsqu’elle avait décrit vaguement son rêve, les images de la scène avaient affluées dans son esprit, et cela avait fait remonter toute la terreur qui habitait la femme de ses songes. La Morganite de son collier émettait une vive lueur rosée et cela n’arrangeait en rien les émotions de la jeune fille. Le conseiller recula et attendit qu’Azilis reprenne un peu ses esprit.

« Si tu n’a pas la force de me dire ce qu’il manque, donne moi un seul mot. Je sais déjà de quoi il est question, mais je veux l’entendre de ta bouche. »

L’intéressée acquiesça.

« Etoile »

A ce mot, les regard de l’homme s’illumina.

« Je le savais ! Elles sont de retour ! Sacrée Moragana …

– Mais quel est le problème avec votre Morgana ? Et avec moi ?

Le conseiller prit la jeune fille par les épaules et lui releva le menton.

– Tu n’avais jamais rêvé auparavant n’est-ce pas ?

– Non .. Pas après un terrible cauchemar. Je n’en ai aucun souvenir.

– C’est bien là la solution à ton problème ! Ce n’est pas un rêve que tu as fait cette nuit. Tu as vécu un souvenir de Morgana. Et c’est pour cette raison qu’elle est agitée aujourd’hui. D’ordinaire les précieuses gèrent leur mémoire de façon à ce que leur hôte ne puisse pas y accéder. Mais Morgana est la plus ancienne et ses expériences n’en sont que plus nombreuses.

– Mais pourquoi avoir réagit ainsi à un simple souvenir ?

– Azilis, il n’y a pas de coincidences. J’ai entrevu des évènements futurs et il vaudrait mieux pour toi que tu comprenne ce souvenir.

La jeune fille écarquilla les yeux à l’entente de son prénom

– Pourquoi ne pas me l’expliquer ?

Le sourire de son interlocuteur se crispa en une moue désolée.

– Un serment m’en empêche. Le sujet des étoiles ne doit pas être abordé à la légère et encore moins par des ignorants. Le mots ont beaucoup de pouvoir dans le monde des nobles, tâche de t’en souvenir. »

L’homme relâcha Azilis et se tourna brusquement vers la porte d’entrée.

« Des hommes son en chemin vers la bibliothèque. Il faut que tu t’éclipses. »

Il tira la jeune fille vers le fond de la pièce, slalomant avec une facilité déconcertante entre les piles d’ouvrages poussiéreux. Azilis se laissait entraîner, sonnée par la discussion qu’elle venait d’avoir avec cet homme. Ce dernier poussa une petite table pour dégager ce qui ressemblait à une trappe et l’ouvrit énergiquement avant de pousser la jeune fille dans l’ouverture.

« Cet ancien tunnel te mènera vers l’extérieur, surtout ne reviens pas sur tes pas, je ne te protégerai sous aucun prétexte.

Azilis retint le conseiller, le regard suppliant.

– Que dois-je faire pour comprendre ?

– Il te faut consulter une mnémosyne. Seul ces mages de la mémoire pourront t’éclairer sur le sujet. J’en connais une qui vit dans la capitale des quatres royaumes, trouve-la et dit lui que c’est Paradox qui t’envoie au sujet du ciel noir. Elle comprendra. »

    Sans attendre de réponse, il rabattit la trappe de bois qui s’abattit sur le sol dans un grincement, laissant la jeune fille seul dans un couloir obscur.


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