Pensées diverses avec vue sur la déchèterie municipale.

2 mins

Il caille sévèrement, 

L’escalier en métal, glisse, je me tiens amèrement contre la rampe. Qu’est-ce que je fous dehors, pas l’ombre d’une réponse, j’avais probablement le besoin de m’ennuyer dehors, à défaut de m’ennuyer dedans. Il est probablement plus courageux d’exposer son ennui à la gueule des passants, même si vraisemblablement, les passants se branlent de mon ennui. Un panneau digital hissé au coin d’un supermarché de renommée nationale m’indiquait l’heure, ça tombait bien, je l’avais pas, vous vous en foutez, vous avez raison. Dans cette ville y’a une librairie pas dégueulasse, ils font un peu tout les gars, loisirs créatifs, vinyles, quelques livres aussi, bien que ça ne soit pas vraiment le plus intéressant visiblement. De rayons en rayons, ma déduction logique brillante semble percevoir la ligne idéologique du magasin, des torche-culs de pensées positives, du développement personnel, l’influence américaine certainement. C’est eux, les premiers qui nous ont mis dedans, décidément. Depuis le débarquement, ils nous mettent le pif dans toutes les conneries possibles, on évite de trop en parler évidemment, ils ont éjecté nos colons habillés chez Hugo Boss, c’était plutôt gentil de leur part, bref. Tous les ans, ils re-débarquent, les méthodes ont légèrement changées, ça ne vient plus souiller le sable des plages normandes, non, ça doit certainement prendre l’avion, en dépit de la bonne morale écologique insupportable qu’aboie cette petite marionnette suédoise boiteuse. On distingue plusieurs types de ce que nous appellerons des vulgaires “action-mans”, cette (autre) marionnette, commercialisée dans les années 2000 à destination des petits cons de mon espèce. Il y a d’abord donc, l’action-man octogénaire, nonagénaire même, qui vient récupérer sa médaille annuelle, la veste kaki pèse lourd, elle en est recouverte, il va finir par s’effondrer la tête la première, il est fatigué le vieux, faudrait pas le pousser trop fort au trou. Il est quand même assez fier, quand même, c’est pas rien ! y’a une belle cérémonie, les lycéens accourent, ils prennent des photos, ça finit sur un réseau social bien connu, il devrait être possible de gratter deux trois abonnés avec l’horreur de la guerre. C’est con un lycéen, au moins autant qu’un prof du secondaire à l’heure actuelle. On arrive donc à la deuxième catégorie de ces petits soldats en plastique : les jeunes, on les retrouve au bar après la fastueuse cérémonie et ils s’y donnent généreusement. Ce soir, l’objectif est clair, une deuxième libération, elle est sexuelle celle-ci. Le français est vaincu d’office, il manque cruellement d’exotisme, il en a dans la caboche, c’est évident, mais on ne rivalise pas avec les libérateurs, même quand ils n’ont rien libéré depuis 1945. Il va donc frustré se la coller derrière l’oreille, et se reproduire dans un mouchoir en papier.

 

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2 Commentaires
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Joseph Safri
4 années il y a

Très bien écrit..

Bam Bam
4 années il y a

J’aime le ton aussi …

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