Vous êtes ici, au préambule de tout.
Comme tout le monde,
vous savez apprivoiser la beauté devant vous, sans forcer, elle semble simple, évidente, à proximité. La complexité du monde vous échappe, vous vous en foutez complètement, plus tard, vous chercherez à en savoir plus, du haut de votre dimension humaine.
Vous êtes curieux et vous avez raison,
vous questionnez la terre entière, les yeux éblouis d’une naïveté pure, dépourvue de cynisme. On vous répond avec tendresse, mais avec une certaine dérision qui vous trouble, vous n’êtes pas aptes à percevoir l’humour adulte, même en grandissant.
Vous n’êtes pas hâbleur, vous faites acte de présence, modestement, écoutant un instant les conversations politiques, assis sur les genoux chaleureux de votre mère, unique et véritable amour de votre jeune existence.
La circonlocution ne fait ni partie de votre vocabulaire ni de votre être primitif, vous êtes bruts et vous avez raison, l’intelligence sociale aura raison de vous un jour ou l’autre, cachant les angoisses et les vices inhérents à votre espèce.
Vous êtes eccéité, au singulier. Au fond de cette salle de classe austère, vous trouverez là bas quelques compagnons de combat, ils deviendront fonctionnaires aigris, gendarmes, fragilisés.
La mort s’infiltre sournoisement, vous pleurez, vous pleurez n’importe qui, n’importe quoi, votre chat, votre chien, votre grand-mère et votre boulanger, plus tard, vous serez impassibles et vous ingurgiterai quelques paradis artificiels pour effleurer du bout des doigts cette sensation de lâcher prise, les larmes aux yeux.
On vous emmène partout, comme un cabas en plastique, vous trainez les pieds mais vous propagez la joie, à la montagne, à la mer, en ville ou ailleurs, vous êtes beaux, vous êtes beaux à crever, ça fait consensus.
Vous êtes purs, l’amour physique n’existe pas, la propagande Disney fonctionne à merveille, s’en suivra une longue marche vers le chaos, vous ne pourrez plus aimer, l’oeil cynique et démystifiant, la beauté incontestable vous lassera, inlassablement, vous changerez donc de bateaux régulièrement, le doute votre sparring partner, vous conduira à l’infidélité permanente, envers les autres et envers vous même.
Vous êtes fils unique, vous vous inventez des frères, des soeurs, vous êtes nombreux dans cette solitude qui ne vous pèse pas.
Quand vous faites du mal, il vous arrive d’en rire, vous êtes en groupe c’est bon enfant.
Quand vous ferez du mal, vous développerez des angoisses, de la paranoïa malsaine, vous vous remettrez de ce mal commis aux autres.
Vous ne voyez ni des ouvriers, ni des banquiers, juste des jambes bouger.
Vous luttez activement contre le tabac, vous lutterez pour arrêter.
Vous assistez à des goûters, des anniversaires, vous vous réveillerez, les lèvres maquillées, des restes de poudre au nez.
Vous l’avant-futur, vous avez tout le temps, ne soyez pas pressés.
Félicitations Paulin,
Le Pen est ajouté au concours !