REGRETS DU PASSÉ

Assise, derrière une grande chaise froide en daim.

Le soleil est coruscant dans ce petit jardin.

Je regarde devant au loin mes enfants daubant courir,

Près du mur barbelé, derrière Fanfan le chien prêt à accourir.

S’ils savaient que ce sont les meilleurs moments de leur vie.

Hélas, comme le temps passe vite !

Comme les observer, me rappelle mon enfance.

Hélas, je n’ai rien oublié de mon enfance…

Me voici, retournée en enfance.

Me voici, j’y repense.

Me voici à regretter de penser.

Me voici à revivre les regrets du passé.

Pourquoi n’ai-je pas obéi à mon père et tuteur ?

Lorsqu’il me dirigeait sur des chemins salvateurs.

Pourquoi n’ai-je pas écouté le précepteur ?

Lorsqu’avec attention,

Il me faisait des admonestations,

Par rapport à mes devoirs, surtout de grammaire.

Pourquoi n’ai-je pas prêté l’oreille à ma mère ?

Lorsqu’elle me donnait des conseils, pleine de bonté.

Elle qui s’est tant battue contre mon eccéité.

Pourquoi n’ai-je pas suivi l’exemple de mon grand-frère Hilaire ?

Cela m’aurait évité de tripler au primaire.

Puis rattraper et devancer par ma petite-sœur Claire.

Pourquoi n’ai-je pas imité mon petit-frère Élysée ?

Pour réussir en une fois le concours d’entrée au lycée.

Pour quelles raisons n’ai-je pas été du club des sages marmailles ?

Au lieu de m’amuser avec des apprentis délinquants.

Des apprentis délinquants qui devinrent des racailles.

Des racailles qui devinrent des narco-trafiquants.

Et plus tard même le pire de tout…

À quel âge !

C’est une mineure, dit la Procureure Fatou.

Comme j’ai la rage !

Qu’on ne puisse pas condamner un enfant.

C’est horrible !

Qu’est-ce qui est terrible ?

Un enfant qui tue à quatorze ans ?

Une fille qui se prostitue à treize ans ?

Une droguée qui fait l’école buissonnière et beaucoup de bassesses ?

Me demandais-je sans cesse.

Un enfant désobéissant, trompeur, voleur et minable ?

Un petit diable ?

Dans mon âme d’enfant.

Je pensais comme le chien Fanfan.

Je n’étais pas responsable de mes actes.

Je n’étais pas consciente de ce que je faisais de mes pactes.

Je ne savais pas.

Je ne connaissais pas… les pas.

J’étais juste un enfant, qui depuis le dimanche des rameaux,

Attendais des jumeaux.

Comme j’ai mal !

De tant de mal.

Pour tant de bonheurs rayés.

J’ai mal pour l’enfant que j’ai noyé.

J’ai mal pour mes chers parents et mes frères.

J’ai mal pour ma petite-sœur chérie Claire.

Avec du recul… Oui, beaucoup de recul…

J’ai aussi mal pour Monsieur et Madame Caracul.

J’ai mal pour toute ma camaraderie.

J’ai mal pour tout le Lycée Polyvalent André Roderie.

J’ai mal pour moi, mais surtout…

J’ai mal pour mes deux enfants, avant tout.

J’espère qu’ils ne seront pas hâbleurs.

Avant l’heure.

Ils n’ont que sept ans.

Mon petit Symphorien et mon petit Victorien.

Et comme moi, avant,

Ils ne savent rien…

Ils ne connaissent rien.

Du passé de leur mère Linelle.

Enfant criminel !

Ils ne savent pas que j’ai gâché mon enfance.

Devant l’Éternel… Mais…

À tout jamais !

Est-ce dû à ma circonlocution ?

Ou à l’obduration ?

Je n’ai jamais fait attention !

Pauvre de moi, une criminelle !

J’ai condamné mes études et ma vie à la réclusion criminelle.

J’ai détruit ma famille, à perpétuité.

J’ai gâché mon avenir, sans possibilité de liberté.

Et je viens de tout foutre en l’air à l’instant, en transe.

En retournant en enfance.

En me souvenant de ces regrets du passé.

À cause de la liberté de mes pensées.