SOMMAIRE :
II– LA MORT RÔDE TOUJOURS
III- SUSPECTIONS COLLECTIVES
La mort frappa encore sur cette pitoyable famille. Ainsi que les pleurs, la pitié, la désolation dans tout le village. Alors comme à l’accoutumée, le chef du village Yingui organisa une collecte de biens pour aider le malheureux Babagnack à faire le deuil de sa quatrième fille Pinis. Mais bientôt, des rumeurs concernant ce père commencèrent à courir…
Les villageois étaient déjà en train de murmurer qu’il pratique de la magie noire ou de la sorcellerie pour devenir nanti. Et que le prix à payer était de sacrifier ses propres enfants et son épouse. Les femmes, lorsqu’elles se retrouvaient à la rivière Matok pour faire la vaisselle ou laver les vêtements, s’entretenaient du sujet et disaient qu’un homme peut bien perdre toute sa famille et s’en refaire une autre plus avantageuse. D’autres affirmaient qu’il faisait tous ses deuils pour réunir toutes les richesses qu’on lui donnait pour acheter la dote d’une des filles de notables.
Le climat était tel qu’aucun ne lui adressait plus la parole. On le fuyait, l’évitait, mais ne l’empêchait pourtant pas de travailler, car c’était un très bon ouvrier. Et l’on remarqua qu’il doublait d’effort durant ses tâches. Dorénavant, Amita l’aînée dut se résoudre aussi à fignoler car deux fournisseuses manquaient dès lors à l’appel. Malgré les arias, ils essayaient de subvenir à leurs besoins ainsi. Jusqu’au jour où très tôt un matin en se réveillant pour aller bosser, Amita découvrit sa cadette directe Pifanda raide morte sur le lit. Choquée, ses cris et pleures meurtris alertèrent tout le bourg. Les femmes et les hommes se précipitèrent vers leur réduit en criant tour à tour « Encore ?! ».
– Mais ce n’est pas possible ! Dit une voix dans la foulée.
– Qui est morte cette fois-ci ? La troisième fille Melal ?! Lâche une autre.
– C’était d’abord la plus jeune Pelana, puis Pinis l’avant-dernière. Tu dois avoir raison ! C’est surement Melal ! Déclare l’un d’eux.
– Alors la mort de Dadama, n’était pas simple ! Ajoute au hasard quelqu’un.
– Il veut même quoi celui-là ?! S’indigne une dame guettant depuis la petite fenêtre.
– L’homme-ci manigance quelque chose ! Accuse un individu.
Cette fois-ci, les villageois étaient plus consternés que tristes. Les notables exigèrent à Yingui de convoquer une Nilongo (réunion urgente). Ce dernier n’eut pas d’autres choix que de les écouter.
À Po-Le (lieu de tenue des grands rassemblements), chacun exprimait son mécontentement et son indignation. Tous se plaignaient que c’en était trop ! Cette fois-ci, les villageois refusèrent de faire la quête d’aumônes. Ils ne voulaient même pas, ne pas participer à la mise en terre. Ils demandaient à ce que ce Babagnack, ce père démoniaque vînt les rendre des comptes. Ils exigeaient que les deux filles qui restaient encore vivantes à savoir Amita et Melal, quittèrent leur père Babagnack.
– Mais qui s’en occupera ? Interroge le Chef Yingui.
Difficile affaire à résoudre même pour le plus généreux d’entre eux.
– Faut-il les marier ? Continue t’il dans cette lancée.
– Elles sont si impécunieuses qu’elles ne sont pas du tout intéressantes, pour une quelconque alliance ! Méprise un des notables du Chef.
– Uniquement par pitié, oui ! Bouffonne son voisin en ricanant.
De peur de faire lyncher Babagnack, Yingui et ses notables invitèrent l’aînée des filles Amita à venir représenter son père pour expliquer les faits sous l’arbre à palabres ici à Po-Le.
Elle était déjà sur le chemin.
À SUIVRE …
C’est bien écrit, et agréable à lire, bravo !