SOMMAIRE :
PROLOGUE ( SVP pas encore)
I– CHARITÉ FUNÈBRE
II– LA MORT RÔDE TOUJOURS
III– SUSPECTIONS COLLECTIVES
IV– JUGEMENT PARTIAL
V– OSTRACISME
VI- LA SÉPULTURE DE PIFANDA
Après le départ du notable et sa clique, Babagnack se mit à consoler ses filles et leur déclara que demain aux premières heures, ils feraient d’abord l’enterrement de Pifanda. D’ailleurs, ils se nettoyèrent tour à tour et se débarrassèrent des déchets au travers de leur petite fenêtre. Ensuite, ils s’endormirent dans leur unique chambre malodorante. Au premier chant du coq vers cinq heures trente, il les réveilla et leur rappela ce qu’il y avait lieu de faire à propos de leur sœur.
Ils prirent donc une des couvertures de lit blanc comme neige, l’y enveloppèrent le corps et la laissèrent étendue sur la natte en rotin où il couchait avant du vivant de leur mère pour ne pas les serrer sur le matelas. Puis il prit une pioche et se mit à percer un trou dans le mur qui donnait derrière. Lorsqu’il réussit à faire un pertuis assez large pour lui, il s’engouffra à l’extérieur. Et demanda à ses midinettes de porter Pifanda enveloppée en tenant chaque extrémité du drap avec soin : c’est-à-dire le nœud de la tête et celui des pieds. Ce qu’elles firent. À l’entrée de la cavité, Amita passa son bout de la tête à son père, puis maintenait le long du corps, pendant qu’il tirait vers l’extérieur. Puis peu à peu, elle finit par récupérer celui que tenait sa frangine Melal. Elles avaient finalement réussi à faire passer la dépouille froide au toucher, comme lorsque l’on retire sa canette du réfrigérateur, qui était déjà portée par leur dab comme si elle était toujours vivante. Puis les demoiselles passèrent à leur tour emportant des outils de champ pour creuser la tombe.
Derrière leur maison, s’étendait une grande forêt dense qui grouillait de bruits étranges, de plantes vénéneuses aux goûts amers, de gros insectes dangereux. Aussi, des légendes diverses à l’instar de celui de l’Asambosam, des fantômes pour certains et enfin des animaux sauvages. Babagnack leur ordonna d’éviter de faire du barouf, de ne pas panteler et tout se passera très bien. Elles cédèrent. Nous ne saurons jamais pendant combien de temps ni jusqu’où, ils avancèrent profondément dans la sylve. Mais arrivés à un lieu où le sol n’était pas touffu d’arbustes, ils s’arrêtèrent, déposèrent la morte sur la glèbe et commencèrent à creuser sa dernière demeure.
Lorsque le caveau fut assez profond, ils entamèrent l’inhumation. Brusquement, Amita remarqua beaucoup d’oiseaux charognards survolés le ciel et quelques-uns étaient perchés sur des branches au loin, la bouche en bec-de-corbin. Babagnack ordonna à ses pépées de faire vite et elles s’empressèrent. Quand soudain tous les trois entendirent des ricaneries. Ils relevèrent la tête et aperçurent devant eux une meute de hyènes aux dents acérées. Ils avaient déjà soigneusement déposé la défunte dans sa fosse et s’apprêtaient pourtant à l’ensevelir. Mais Melal, n’ayant pas pu garder son sang-froid, s’enfuit et son geste galvanisa la meute de fauves qui s’élança vers les deux restants. Voyant qu’ils étaient trop nombreux, Babagnack s’élança à son tour, tirant après lui par la main sa jouvencelle.
Heureusement ou malheureusement les bêtes s’acharnèrent plutôt sur le cadavre de Pifanda qui commençait tout juste à reposer dans sa tombe.
À SUIVRE…