SOMMAIRE :
PROLOGUE ( SVP pas encore)
I– CHARITÉ FUNÈBRE
II– LA MORT RÔDE TOUJOURS
III– SUSPECTIONS COLLECTIVES
IV– JUGEMENT PARTIAL
V– OSTRACISME
VI– LA SÉPULTURE DE PIFANDA
VII- LE POINT DE NON-RETOUR
Après avoir échappé de justesse aux hyènes dans la forêt, Babagnack et ses chérubins se retrouvèrent sains et saufs à la maison. Personne ne fit de mercuriales à la jeune Melal. Quelque temps plus tard, il décida de sortir cueillir des fruits pour le déjeuner. Mais la véritable raison de son équipée était de retourner sur les lieux pour inhumer dignement sa deuxième fille Pifanda. Cependant, il ne découvrit en chemin rien, aucune trace de la dépouille. Pas même un morceau de tissus du drap blanc. Rien ! Triste au point de s’allonger sur le sol humide et boueux, il savait qu’il n’avait pas le temps de se lamenter à cause de la dangerosité du coin et rentra retrouver les deux autres après avoir terminé avec sa cueillette.
Dans l’après-midi, sans dire où il part à Amita qui préparait le repas du soir, il défia l’autorité du Chef Yingui en s’aventurant dans le village. Ceci, après avoir maquillé son anatomie avec des herbes, du gazon, des branches d’arbres et du feuillage le tout récupéré, lors de son retour de la cueillaison. Il se dirigea prés de Matok la rivière. Bien camouflé, il se mit à écouter tout ce que les femmes se disaient. Honnêtement, il s’en fichait complètement de toutes leurs diatribes. Mais ce qui retint son attention, c’est lorsque l’une d’elles déclara :
– Woueh, pourquoi les gars-là, on fait cela ?… Étaient-ils obligés ?
– Vraiment ma Co., les morts sont déjà morts. En quoi sont-ils concernés des actes et péchés des vivants ?! Continue sa voisine.
Elles poussèrent un soupir de désolation et continuèrent à s’affairer à leurs tâches. Babagnack était vraiment touché et était bien conscient qu’il s’agissait de sa famille. Mais ce qu’il ne savait pas encore, c’était l’horrible nouvelle qu’il ne tardera pas à découvrir et qui fera basculer sa vie à tout jamais.
Ensuite, il se rendit dans les champs de féculents légumineux d’arachides, de haricots, de soja, etc. Et des tubercules : du macabo, du manioc, des ignames, du taro, etc. Il observait avec affliction les travailleurs, car il y travaillait là et en était même le meilleur.
” Comme j’aimerais être parmi eux ” pensait-il.
Sans attirer l’attention, toujours bien caché dans son déguisement, il se rendit à Po-Le (lieu de réunion sous l’arbre à palabres) Juste pour voir si le chef, ses Notables et quelques villageois pouvaient s’y trouver. Il ne vit que des enfants qui jouaient aux alentours. En les regardant folâtrer, il fut pris de nostalgie. Il pensait aux magnifiques moments familiaux. Revoyant comment lui et sa feue épouse Dadama élevaient leurs cinq enfants (Amita, Pifanda, Melal, Pinis et Pelana) depuis leur bas âge… Jusqu’au moment présent. Des larmes chaudes et salées s’écoulèrent jusqu’à sa bouche pourtant fortement pincée de mélancolie. Il décida donc de se rendre au cimetière où elles reposent en paix.
À son arrivée, il s’arrangea avec précaution qu’on ne le vît pas, allant de tombes en tombes jusqu’à parvenir à celle de sa bien-aimée et leurs enfants Pinis et Pelana. Mais tel fut sa surprise lorsqu’il découvrit que les pierres tombales recouvrant les caveaux n’y étaient plus. Par conséquent, les sépultures étaient ouvertes comme une huître. Retenant son souffle et gardant son calme, il s’y précipita davantage et vit avec effroi que toutes les trois tombes étaient vides. Il commençait à ressentir un gros poids au niveau de sa poitrine, comme si son cœur était subitement devenu une lourde pierre. C’est alors que tout juste droit devant lui à quelques mètres, il aperçut les cercueils qu’il reconnut sans peine. Refusant de croire ce qu’il était en train de voir, il prit son courage à deux mains et s’approcha plus près. À mesure qu’il le faisait, il ne pouvait constater que les trois sarcophages avaient été cassés et vidés de leur contenu…
Le cœur de Babagnack se mit à vibrer autant qu’un carillon tandis que ses muscles se contractèrent brusquement et volontairement au point d’être pris des convulsions de rage. Une violente colère se saisit de lui de sorte que ses yeux devinrent complètement rouges. Lui-même ne voyant que de cette couleur dorénavant.
Une seule question le taraudait l’esprit.
” Qu’a-t-on fait des corps et pourquoi ? ”
Il revit en rêverie la conversation des femmes à Matok… Un seul homme pouvait lui répondre, et cet homme, c’était le Chef Yingui.
Essayant tant bien que mal de contrôler sa fureur, il se rendit chez le Maître en vitesse.
À SUIVRE…