SOMMAIRE :
PROLOGUE ( SVP pas encore)
I– CHARITÉ FUNÈBRE
II– LA MORT RÔDE TOUJOURS
III– SUSPECTIONS COLLECTIVES
IV– JUGEMENT PARTIAL
V– OSTRACISME
VI– LA SÉPULTURE DE PIFANDA
VII– LE POINT DE NON-RETOUR
VIII– LE COURROUX DE BABAGNACK
IX– L’IMPRÉCATION
X- LE FAMLA
Curieusement, la pluie s’était calmée, lorsque Babagnack et Amita eurent collecté tout ce qu’ils voulaient et ils rebroussèrent chemin.
– Amita, occupe-toi tout de suite des végétaux ! J’espère que tu te rappelles de tout ce que je t’ai dit dans le breuil.
– Oui, père.
Immédiatement, suivant les ordres de son parent, elle se mit à extraire la sève des plantes, puis à écraser des feuilles et des écorces. Elle fit de même avec les insectes (chenilles, abeilles, grillons, cochenilles, et des guêpes). Ensuite, elle y ajouta aussi de l’huile de palme à ce mélange pâteux et visqueux qui prenait déjà une couleur de marronne rosée. Pendant ce temps, Babagnack recueillait son sang dans un gobelet en proférant des malédictions, calamités au village de Ndiki-Nen. Puis après l’avoir mélangé à tout cela, il se mit à dessiner des scarifications étranges et morbides et des formes humaines têtes renversées vers le bas sur les murs.
Se déshabillant chacun à leur tour, ils ne gardèrent que la petite culotte. À l’aide d’un couteau, il reproduisit les mêmes choses sur sa peau grâce à la lame pointue. Après, il prit le reste de la pâte de bestiole et s’y enduit les blessures. Il ressentit une sensation de brûlure et de chaleur vive comme lorsque l’on asperge une blessure avec de l’alcool chauffante sur une taillade fraîche. La réaction fut presque spontanée. Les entailles enflèrent et s’ouvrirent de jure. Elles s’étaient violacées. On avait l’impression que son derme voulait laisser sortir sa chair. Il ressemblait à un rescapé d’un grave incendie.
– À ton tour!
– Oui, père.
Il fit la même chose sur Amita et lui recommanda de ne pas se laver pendant deux jours.
– M’as-tu compris ? Pas de douche ou bain avant le surlendemain. Sinon tu mourras !
– Oui, père.
Assisté par elle, il installa de long et gros bois et alluma un grand feu en utilisant des objets en plastique et du gras. Ensuite, il se mit à danser de façon libidineuse, effrayante et très choquante. Il invita Amita à faire de même.
– As-tu bien observé?
– Oui, père.
– Alors fais comme moi !
Et elle le rejoignit. Au fur à mesure que le feu flambait, ils dansaient, criaient, sautaient, tombaient, roulaient par terre, se tordaient. Puis, ils se relevaient et crachaient sur le brasier, se curant aussi le nez et y jetant ces crottes. Leur frénésie s’intensifiait.
Babagnack prit une grosse poignée de sel contenu dans la marmite en terre cuite, avec ses deux mains jointes, et la jeta dans le feu. Ensuite, il lança aussi un peu d’huile de palme, toujours en proférant du malheur à venir au bourg de Ndiki-Nen.
– Je vous maudis tous ! Soyez tous damnés ! Peuple de Ndiki-Nen sans exception !
Encourageant sa fille à faire pareil, Amita prit la bouteille et la mit sur ses lèvres. Elle se remplit la bouche et cracha l’huile sur le bûcher. Alors, elle y jeta du sel comme si elle administrait une gifle à quelqu’un.
– Chef Yingui toi et ta famille soyez voués aux gémonies ! Vous serez condamné jusqu’à la treizième génération. Répète vite Amita !
– Chef Yingui toi et ta famille soyez voués aux gémonies ! Vous serez condamné jusqu’à la treizième génération.
Puis, il sortit, de son gros sac posé à terre, de gros mille-pattes et d’énormes scolopendres qui commencèrent à se tortiller inlassablement à l’approche de la chaleur. Il les jeta au feu. Il lança également quelques peaux et dents d’animaux qui figuraient dans ce même faitout argileux.
Se retournant pour inviter Amita à faire la même chose, il aperçut la cadette debout qui venait de se réveiller.
– Approche ma fille, n’aie pas peur ! Ce n’est rien.
Melal fut horrifiée, car elle redoutait les insectes et tout ce qu’elle était en train de percevoir. Elle était épouvantée et piqua une véhémente crise d’hystérie et s’enfuit dans la chambre. Ses poils se hérissèrent et sa peau fut couverte de chair de poule. Ne voulant pas la forcer, il l’a mis à l’écart de cette pratique diabolique.
Brusquement, on commençait à entendre tonner de nouveau le tonnerre. Cela l’encouragea lui et Amita à continuer de plus belle avec plus de dextérité. Une demi-heure plus tard, s’abattit une averse torrentielle si forte qu’elle secouait les murs de la case.
Mais ça, Babagnack n’en tenait point rigueur.
À SUIVRE…
Toujours plus intriguant ! Vivement la suite !
Merci Aurore. C’est un réel plaisir que tu me fais, d’aimer mes écrits.