SOMMAIRE :
PROLOGUE ( SVP pas encore)
I – CHARITÉ FUNÈBRE
II – LA MORT RÔDE TOUJOURS
III – SUSPECTIONS COLLECTIVES
IV – JUGEMENT PARTIAL
V – OSTRACISME
VI – LA SÉPULTURE DE PIFANDA
VII – LE POINT DE NON-RETOUR
VIII – LE COURROUX DE BABAGNACK
IX – L’IMPRÉCATION
X – LE FAMLA
XI – CONJURATION MALÉFIQUE
XII – LE COMPTE À REBOURS
XIII – RÉVÉLATION INOPPORTUNE
XIV – DIABOLIQUES !
XV – LA CHASSE AUX SORCIÈRES
XVI – SÉPARATION ÉTERNELLE
Lentement, mais surement, Melal se mit à traverser le pont, la peur au ventre en faisant attention à ne pas crier de frousse et alerter les hommes qui arrivaient. Ce ponceau était fait de liane qui s’entrecroisait en lignes horizontales et verticales avec des stries sinueuses. À première vue, cela ressemblait à une horrible gigantesque toile d’araignée. Seules les extrémités étaient situées à découvert. Sa base était complètement en forme de demi-cercle renversé et avait l’art de s’enfoncer de plus en plus à chaque enjambée qu’elle faisait vers l’immense bas sans fin qui en dessous s’ouvrait à elle. Regarder en bas aurait été du pur suicide. Des rafales de vent y déferlaient et faisaient balancer la structure à mesure qu’elle progressait avec beaucoup de difficultés. Elle devait se servir de ses membres supérieurs pour garder l’équilibre et de cet inférieur pour éviter de s’enfoncer parmi les creux. C’était atrocement vertigineux. Des larmes lui coulaient des yeux et elle entendait au loin des voix masculines de plus en plus perceptibles qui fredonnait un air qu’elle reconnut si bien.
” Babagnack le sorcier gît par terre
Consumé par les flammes de l’enfer.
Des jurons, ne pouvait-il que dire
Du village de Ndiki-Nen et pour finir
Le brave Yingui s’en alla sans le maudire
Ô Ciel, notre avenir ne pourra pas ternir.
Mais finissons-en avec les sorcières
Pour le salut céleste de nos terres ”
Refoulant sa terreur en pensant fortement à sa sœur, elle parvint finalement à atteindre l’autre côté. Bien cache parmi les buissons non loin du petit pont, elle vit de loin sa cadette qui essayait de l’apercevoir dans ce décor verdoyant à souhait. Rassemblant tout son courage après avoir essuyé ses larmes suite à ce refrain funéraire, Amita quitta précipitamment sa cachette. Par conséquent, elle se mit à découvert.
– C’est elle ! Crie une voix en doigtant dans sa direction.
– Vilaine sorcière ! Tu ne t’en sortiras pas, au nom du Ciel. Continue une autre surexcitée.
– Elles sont deux. Où est l’autre ? S’inquiète une autre.
– Tuons d’abord celle-ci ! Ordonne l’un d’eux.
Pendant qu’ils tergiversaient et accouraient vers elle, Amita était en train de rapidement gagner du terrain sur ce ponceau fragile. Le vent soufflait de plus en plus au point même de faire voler son foulard de satin orange délavé qu’elle avait sur la tête. Elle eut si peur du coup qu’elle trébucha et sa jambe gauche s’enfonça dans l’un des espaces entre les lianes.
– Argh ! Aie ma jambe ! Fit Amita.
Cela fit aussi crier Melal.
– Amita dépêche-toi, ils arrivent derrière, viens vite ! C’est toi que j’attends pour fuir.
Les agresseurs se rapprochaient vers elles significativement, avec des sourires morbides aux lèvres. Chaque protagoniste se reconnut sans effort. Amita ordonna directement à sa sœur de s’enfuir sans tarder, pendant qu’elle essayait de se relever pour atteindre l’autre extrémité non loin où se tenait Melal.
En aval, les hommes sortirent des couteaux et se mirent à couper les cordes avec frénésie pendant que d’autres agitaient le pont pour continuer à la déséquilibrer, au moyen de puissantes branches qu’ils utilisaient préalablement pour se clairsemer le chemin à travers la dense pousse.
De l’autre côté, Melal assistait de loin impuissante à la scène. Toutefois, elle essaya de supplier les hommes de ne pas faire du mal à sa grande-sœur et jura de ne plus mettre les pieds au village jusqu’à ce que l’un d’eux lui lança un couteau qui tomba un peu loin d’elle. Elle fut sauvée grâce au feuillage épais d’où elle se cachait et observait.
– Laissez-nous tranquille, vous avez eu notre père. Cela, ne vous suffit-il pas ? Se plaint Amita les yeux larmoyants.
Résistant tant bien que mal aux attaques, elle continuait de ramper sur le pont. Mais son entreprise était très ardue.
– Melal, écoute-moi. S’il te plait va-t’en ! Sauve-toi vite ! Je vais te rejoindre.
– Amita, c’est trop dur. Je ne peux partir sans toi ma sœur.
Les sauvages par contre ne rataient pas une seconde pour affaiblir davantage le ponceau afin de l’empêcher de se relever et par ce fait la déséquilibrer pour la faire basculer dans le vide. Amita lui réordonna de fuir avant qu’il se fît trop tard pour elle.
Melal s’en alla sans se retourner, puis quelques secondes après, elle entendit les cris stridents de son aînée qui semblait résonner de plus en plus fort vers le bas. Étant arrivée presque à l’autre bout, les criminels envoyés par le Chef Yingui et ses notables avaient finalement réussi à le rompre. En dépit de cela, elle était toujours accrochée à une des lianes, celui qui avait visé sa sœur tout à l’heure, réitérai le même geste, mais cette fois-ci, cinq fois de suite en lui plantant cela dans le dos.
Elle tomba dans le gouffre en se précipitant dans un profond étang et son corps fut emporté par le courant.
À SUIVRE…
De plus en plus noir ce récit, je voulais commenter mais ne trouvais pas les mots pour décrire toute cette suffrance que tes personnages subissent. J ai lu la suite et suis pressee de savoir ou cela va aller. C est fascinant comme toujours.
Merci beaucoup Aurore. Le fait tu apprécies mon histoire me galvanise beaucoup. Et ne t’inquiète, je vais faire tout mon possible pour ne pas vous décevoir. :))