SOMMAIRE :
PROLOGUE ( SVP pas encore)
I– CHARITÉ FUNÈBRE
II– LA MORT RÔDE TOUJOURS
III– SUSPECTIONS COLLECTIVES
IV– JUGEMENT PARTIAL
V– OSTRACISME
VI– LA SÉPULTURE DE PIFANDA
VII– LE POINT DE NON-RETOUR
VIII– LE COURROUX DE BABAGNACK
IX– L’IMPRÉCATION
X– LE FAMLA
XI– CONJURATION MALÉFIQUE
XII– LE COMPTE À REBOURS
XIII– RÉVÉLATION INOPPORTUNE
XIV – DIABOLIQUES !
XV – LA CHASSE AUX SORCIÈRES
XVI – SÉPARATION ÉTERNELLE
XVII – L’ÉVEIL DE LA DESTINÉE
XVIII – LA PROVIDENCE
XIX – MELAL, L’INDESTRUCTIBLE
Lorsque Melal revient de son excursion céleste, elle se réveilla et vit d’énormes flammes lui caressant toute son enveloppe corporelle. S’agiter, crier ou gémir n’aurait servi à rien, car elle ne ressentait aucune douleur. Pas même un petit picotement ou une modeste chaleur. On aurait dit une jeunette, allongée dans sa baignoire avec grande aise. En fait, la souffrance, était juste dans sa tête. Elle n’avait aucune raison de paniquer. Le feu glissait sur sa peau comme de l’eau ou de l’huile. Elle n’en croyait pas ses yeux. Profitant pour jouer à la morte, c’était l’occasion rêvée pour analyser et bien discerner, les expressions faciales de ses assaillants.
Au loin, les villageois se délectaient du spectacle qu’offrait ce funeste bûcher :
- Des femmes pleuraient le visage dans les mains, tandis que d’autres s’en réjouissaient.
- Les enfants étaient terrorisés. Certains étaient cachés dans le pagne de leurs mères.
- Les hommes, confortablement assis par terre, buvaient dans l’opulence du Matango en discutant sans doute de faits divers. Ils n’accordaient même pas un regard soucieux au brasier.
- Les notables debout aux côtés du chef Yingui, fixaient la fournaise, comme si la perdre vue, allait l’éteindre.
- Le maître, quant à lui, avait l’air de regretter.
” Était-ce réellement de l’affliction que dégageait son visage? Se demanda t-elle, perdue dans ses analyses”
” Melal, ma chérie, n’aie pas peur, je suis toujours là. Ne déteste pas tes pères, tes mères et tes frères de Ndiki-Nen. Et surtout ne panique pas, car je veillerai sur toi. Le destin t’a choisi et tu dois l’accomplir. ”
Puis, elle se redressa et n’eut aucun mal de dégager, tous ces bois cramés autour d’elle.
– Que le monde est terrible ! Ils m’ont tout pris, à quoi leur servirait ma mort ? Et plus étrange, comme se fait-il que je puisse parler dans les flammes ?
Soudain, elle vit à travers le rideau incandescent, six hommes jeter du bois et verser du liquide. Sans doute de l’alcool ou de l’huile.
– Mais que puis-je faire pour sortir d’ici ? Ô ciel ! Si seulement, il pouvait pleuvoir…
Brusquement, le tonnerre gronda dans le ciel gris nuageux. Le vent se mit à souffler fort, l’air commença à s’humidifier et la pluie tomba. Les citadins s’enfuirent paniqués en se bousculant les uns et les autres, toujours traumatisés par les événements ultérieurs. Melal aurait bien pu en profiter pour se sauver à son tour, mais elle n’arrivait pas à bouger. Comme si elle était retenue par une force invisible. Lorsque mère nature se calma enfin, ils revinrent tous précipitamment et constatèrent que la fille de Babagnack était toujours bel et bien ligotée, indemne d’aucune blessure ni de brûlures.
– Par tous les saints et les diables, qu’est-ce que c’est que ça ? S’indigne le premier.
– Pas même une égratignure ? Une seule ? Continue le cinquième.
– Je n’en crois pas mes yeux ! Dit une voix dans la foule.
Ils devinrent furieux et la traitèrent avec plus de haine de sorcière.
– Il faut la noyer avec les pierres ! Déclare une dame quelconque.
– Oui, je suis d’accord. Affirme plusieurs personnes ensemble, au même moment.
Toujours attachée à trois grosses pierres, les villageois la traînèrent, à l’aide d’une sale bâche, sous une route enduite de graisse porcine, jusqu’au fond de Matok. Malgré ses supplices, ils la poussèrent, une fois arrivés à la falaise. Les lourdes pierres l’entraînèrent dans une chute libre , au fond du précipice.
Dans l’eau froide, elle commençait à manquer d’air et perdit connaissance ensuite. Une fois de plus, elle revit sa mère, toujours à la même place que dans ses rêves antérieurs.
Elle rouvrit les yeux, et fut saisie par la sérénité du fond marin. Les sédiments terrigènes luisaient comme un amas de pierres précieuses déposé dans ces profondeurs. La mer était sombre, mais la clarté du soleil brillait en surface comme un essaim de papillons dorés.
– Quelle vue magnifique ! Comme c’est beau.
Se surprit-elle à dire, sans boire de tasse.
Ainsi sans comprendre pourquoi, les roches qui s’enfonçaient davantage pour l’entraîner plus en profondeur, remontèrent finalement, comme si elles étaient devenues aussi légères que des morceaux bois. Melal regagna la surface et ne coulait plus. Elle s’y cramponna dessus pour respirer paisiblement.
– Regardez, c’est la sorcière ! Interjette une voix parmi les curieux amassés.
– Quoi ! Interjette plusieurs personnes à l’unisson.
– Ce n’est pas possible ! S’étonne le cinquième.
– Elle ne s’est pas noyée ? Dit le deuxième.
– Qu’est-ce que c’est que ça ? Continue le premier.
Que furent exorbités leurs yeux ! Ils durent se pincer tour à tour pour se rendre compte qu’ils ne rêvaient pas. Encore plus furibards, ils reprirent les animosités en la traitant de plus belle ” sorcière ”.
Rancuniers, les notables décidèrent de la transporter à un étang gorgé d’énormes crocodiles en lui disant :
– Puisque tu résistes aux éléments, nous verrons bien si tu es plus forte, que les enfants de la nature.
Telle fut sa terreur, quand elle fut jetée dans le fleuve. Elle, qui ne savait pas nager. Immédiatement, ces imposants cauchemars des marais quittèrent la berge pour se lancer directement vers elle. On aurait cru des enfants que la mère appelait de venir manger. Elle ferma les yeux, résignée à son sort. Soudain, Dadama apparut devant elle, le sourire aux lèvres, la regardant sans mot dire. Puis, elle lui tourna le dos. Vêtue d’une longue robe blanche, sa mère planait dans l’eau, illuminant tout autour d’elle. Elle étendit ensuite les bras, pour faire une barrière afin de la protéger des sauvages reptiles, qui crawlaient très vite vers elle. Le résultat de son action, eu pour effet de les faire tournoyer autour de Melal, telle une danse autour du feu.
Les gens de Ndiki-Nen, ne voyaient que des animaux féroces entourer leur proie avant de la charger. Malheureusement, l’un d’eux s’approcha de très près, sous leurs encouragements et ouvrit grandement sa gueule. Il l’a saisie par la taille, laissant ceux-là dans une exaltation extrême.
– Enfin, s’en est fini d’elle ! Exulta le premier.
La bestiole repartit à la berge et sortit de l’eau. Il la déposa sur la glèbe boueuse et replongea.
Certains villageois tombèrent évanouis. Les autres étaient dépassés par les événements.
– Qu’est-ce que c’est que ça ?! S’indigna encore le premier, avec violence.
Sur la berge, quelques bêtes allaient et venaient, ne lui accordant aucune importance.
Était-elle devenue imperceptible ?
À SUIVRE…
Complètement innocente et détachée du mal, cette enfant serait-elle devenue une sainte, un ange, l’élu mais de quoi? Tu me laisses comme toujours sur ma faim ! Vivement la suite car ce récit me plaît vraiment bien trop !
Merci beaucoup Aurore. Je risque publier la suite demain. J’en ferai deux ou trois si possible et s’il plait au Seigneur.