XXVI – LES TÉNÈBRES AU VILLAGE NDIKI-NEN (26)

5 mins

SOMMAIRE :

PROLOGUE

I– CHARITÉ FUNÈBRE

II– LA MORT RÔDE TOUJOURS

III- SUSPECTIONS COLLECTIVES

IV- JUGEMENT PARTIAL

V- OSTRACISME

VI- LA SÉPULTURE DE PIFANDA

VII- LE POINT DE NON-RETOUR

VIII- LE COURROUX DE BABAGNACK

IX- L’IMPRÉCATION

X- LE FAMLA

XI- CONJURATION MALÉFIQUE

XII- LE COMPTE À REBOURS

XIII- RÉVÉLATION INOPPORTUNE

XIV – DIABOLIQUES !

XV – LA CHASSE AUX SORCIÈRES

XVI – SÉPARATION ÉTERNELLE

XVII – L’ÉVEIL DE LA DESTINÉE

XVIII – PROVIDENCE

XIX – MELAL, L’INDESTRUCTIBLE

XX – L’ÉLIXIR DU SALUT

XXI – RÉDEMPTION

XXII – ÉVOLUTION

XXIII – ERREUR FATALE

XXIV – L’ ÉCLIPSE

XXV – OÙ EST LE PETIT BANOCK ? 


Jour J -6


        Yingui devenait de plus en plus sénile. Sa voix résonnait à distance dans le palais. Même ses gardes n’osaient plus s’approcher de lui. Il ne voulait voir personne, ni entendre de voix.

–  Que fait… ?

Il se retint de prononcer son nom.

– Je n’en peux plus, je vais devenir fou, fou, fou, fou, fou …

Une voix l’interpella.

– Qui va là ?

– C’est moi, Yingui !

Il poussa un grand soupir d’agacement.

– Bibia, si ce n’est pas pour me dire que tu as retrouvé mon petit Banock, fiche le camp !

Elle détala à toutes vitesses sans regarder en arrière, au point que son pagne en Bazin violet doré tomba sur le sol en parquet.

Yingui se retourna et constata par la faible lumière des torches flamboyantes, qu’il était tout seul. Il ne sentait plus sa présence, et c’était mieux ainsi.

– Je n’en peux plus, je n’en peux plus. Une semaine ? Pfut ! Une semaine pour retrouver un petit môme ? Mais que fait… ? Zut !

Il marcha vers la fenêtre grande ouverte qui donne vers la grande cour.

– Ciel, écoute moi, regarde moi ! Le village se développe et s’agrandit. Est-ce ainsi que tu me remercies ? N’es-tu donc point reconnaissant envers tes humbles serviteurs ? Que t’ai-je fait ? Qu’ai-je donc fait ? Me-suis-je pas débarrassé de mes mauvais notables ? Et de la vilaine sorcière ? Pourquoi t’enprendre à la chair de ma chair ? Pourquoi ? Mais pourquoi ? Réponds-moi !

Sa voix faisait seulement écho dans le paysage toujours obscur, alors qu’il n’est que midi passé de quinze minutes.

– Si ça continue comme ça, je vais devenir fou, fou, fou, fou, fou, … Je ne vois même plus mon propre ombre… 

– Père !

– Dégage Penyin !

– Père, ça ne sert à rien de t’agiter comme un fou.

– Je t’ai dit de dégager, imbécile !

– Maman s’inquiète vraiment pour …

– Ferme là !

– Pèr…

– Shut ! Du vent ! Ouste !

Penyin fit marche arrière.

– Va plutôt voir ce que fait Mou… 

– Père ?! Personne ne doit prononcer son nom, l’as-tu oublié.

Yingui est en train de presser fortement sa main contre sa bouche avec crainte, les yeux exorbitants. 

– Conjure le sort vite ! Essuie vite ta bouche et crache sur-le-champ. Allez ! 

Ce qu’il fit, comme s’il avait reçu un ordre de son héritier.

– Je suis avec toi, Père, ne l’oublie jamais, et bien vivant. Je n’ai pas peur de ces ténèbres, je sais que nous les vaincrons. Toi et moi. Ensemble ! Alors arrêtent ces caprices et redevient notre Chef, le Chef de Ndiki-Nen, le bâtisseur. Oui, c’est ainsi qu’on t’appelle. Si Banock, est mort, tu pourras en faire un autre, voyons !

Le cœur du Patriarche se pinça, bien qu’il ne pouvait pas voir son ainé, il pouvait clairement deviner au son de sa voix où il se trouvait. Il voulut se jeter sur lui et lui assener de coups violents, mais se retint sans savoir pourquoi.  

– Penyin, que ce soit la dernière fois, ne dit plus jamais cela, ok ? Ne fais plus mes oreilles entendre ça ! Tu as de la chance d’être mon héritier, sinon, je t’aurais condamné à mort sur-le-champ avec ta mère !

Il se tut pour voir sa réaction. Son fils ne dit rien, il n’avait sans doute aucuns regrets. Yingui fut bien déçu. Et décida de le provoquer. 

– Si l’on retrouve mon petit Banock, c’est lui que je ferai Chef !

– Enfin une bonne blague, pour détendre l’atmosphère ! Dit-il avec ironie en ricanant.

– Je suis très sérieux…

– Tu deviens déjà fou, père ! Interrompt-il. Il te reste… Maximum dix ans voir beaucoup moins à vivre. Celui-là ne sera pas adolescent à ta mort… Et tu crois vraiment que moi son grand ainé, je vais rester là, à le regarder prendre la place qui me revient de droit ?

– Ignoble héritier ! J’ai le pouvoir de le faire … 

– Du moment que tu es encore en vie, oui !

Le vieux était dégouté.

– Va-t-en ! C’est sur ta mère que je vais punir ton insolence.

– Laisse ma mère en dehors de ça !

– Tu n’as aucun ordre à me donner. Je m’occuperai de toi après cet enfer. Je t’apprendrais à parler à ton père, à  ton Chef ! Maintenant, disparais ! Je ne suis même pas encore mort, et tu me montres déjà comment le village sera encore plus ténèbreux durant ton règne. Sors !

Sans se faire prier, il quitte la pièce tout en ricanant et en prenant soin de gratter les semelles de ses babouches en cuir doré sur le sol , signe d’un manque de respect auprès d’un Aïeul.

Impulsif et d’un air très déterminé , il dit :

– Vivement que les six jours restants s’écoulent vite. J’ai hâte d’écouter ce que tu auras à dire Moutil… Oh, zut !

Il leva les yeux au ciel noir. Il ne devait pas prononcer le nom du premier notable sous aucun prétexte.

– Penyin, je te maudis !

Jour J -5


 Il fait toujours noir, et Yingui n’en peux plus.

– Je n’en peux plus, c’est trop long à attendre. Pourquoi ai-je accepté de lui donner sept jours, mais pourquoi ? Bon sang ! Il m’a eu. Il m’a eu. Il m’a eu. Il m’a eu. Il m’a eu. Répétait-il en frappant le front contre le mur de sa chambre.

Puis il interpella un garde.

– Oui, Chef …

– Comment est le Village ?

– Il est tout noir, je ne vois rien …

– Idiot ! ça, je le sais, tu ne sais pas réfléchir ? Je veut savoir ce que font les villageois ?

– Rien du tout…

– Comment ça rien du tout ? Dit-il en se levant brusquement de son lit. Aie !

– Majesté !

Il a trébuché et il se relève avec douleur.  

– AIE ! Qui a osé mettre ce banc ici ?

– Vous l’aviez demandé hier pour qu’on vous nettoie les pieds avant…

– Et l’on ne pouvait pas le retirer après ?

– Mon Chef vous m’aviez dit de ne pas le touch…

– Je te condamne à mort ! Gardes ! gardes ! Gardes ! gardes ! Gardes …

On ne pouvait certes pas bien les voir, mais on savait qu’ils accouraient avec frénésie dans sa grande chambre et bien armés, car les frottements de ferraille se faisaient entendre.

– Chef Yingui, dit l’un d’eux avec grand respect et crainte.

– Cet imbecile… Il a voulu me tuer… il a voulu m’éliminer… il a voulu mettre fin à la vie de votre chef. Tuez-le sur-le-champ ! … Non pas dans ma chambre, triple idiots, pas de saleté ici chez moi. Allez faire votre sale boulot dehors, ouste !

– Mais, Majesté, je n’ai rien fait dit le pauvre en implorant Yingui, les larmes aux yeux.

– Tais-toi assassin ! Tu oses mentir devant ton Chef ? Disparaissez tous ! Sinon je vous tue tous !

Ils quittèrent énergiquement la sombre pièce faiblement éclairée par les torches en bois qui n’arrètaient pas de vaciller.

Yingui décida d’aller voir ce que faisait le premier notable. Il emprunta la porte qui menait plutôt vers les couloirs internes de son nouveau palais. Puis, il descendit quelques marches. Et là, au loin, il vit la sinistre salle où le dignitaire se cachait. Il avança doucement, et colla son oreille contre la lourde porte en bois d’ébène. Il entendait des voix graves avec de petits échos, aussi il décelait des coups de balais au sol, il y avait un bruit de flamme qui crépitait. Il voulut toquer à la porte, mais hésita. Puis son lobe se mit à devenir très chaud. C’etait la porte qui prenait une forte température.

– Père ! 

Il tressaillit de peur.

– Idiot ! Chien !

– Est-ce ton héritier que tu insultes comme un vulgaire, garde ?

– Penyin, je te maudit ! 

Le notable ouït toute la scène et était vraiment dépité. Le Chef Yingui venait de mettre en rage les ancètres, qui étaient censer délivrer Ndiki-Nen de ces ténèbres. 

À SUIVRE…

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5 Commentaires
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Curly Mc Hado
1 année il y a

Tu poses toutes les questions que je me pose. Vivement la suite!

Curly Mc Hado
1 année il y a

A quand la suite, Priscille ? Trop impatiente!

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