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6 mins

                                                                                 .oOo.

L’aubergiste n’avait pas menti, trouver “l’enclos” allai être d’une simplicité enfantine. Les cris surexcités des hommes remplissaient tout le village, des cris déchaînés, presque animal.

Comme August l’avait supposé, il devait s’agir de combats de cochons ou de coqs, peu lui importait à cet instant. Il était en proie à une intense réflexion. Quel était le but réel de cette foutu mission?

Fut-il grand, ça n’en restait pas moins un village, ce devait être une des seules distractions de ses bonnes gens. Néanmoins August peinait à comprendre une chose. Pourquoi sous la pluie?

Arrivé à un certain carrefour, il ne savait plus très bien quel chemin emprunter, Jelling non plus visiblement. Il faut dire que les cris s’intensifiaient et semblaient venir d’un peu partout.

Finalement, l’aubergiste avait menti.

Heureusement pour eux , un groupe d’hommes excités au possible passa devant eux et empruntèrent une petite ruelle sur leur gauche. Des retardataires sans doute, ils les suivirent.

En se rapprochant, August perçu plus clairement les cris, mais aussi des tintements métalliques violents qui commençaient à démentir la théorie du combat de coqs.

En sortant de la ruelle, ils débouchèrent sur une grande place. Des centaines d’hommes étaient massés là, peut-être même un bon millier. Jeunes, adultes, vieillards, il y en avait de tout âge. On apercevait même quelques petits garçons qui avaient sûrement échappés à la vigilance maternelle en sautant par la fenêtre.

Tous étaient venus assister au spectacle. Certains se tenaient en hauteur, montés sur des caisses, deux ou trois avaient poussés leur chance, juchés sur les toits des maisons qui bordaient la place, leur vu devait être imprenable. Mais tout de même, par temps d’orage! Quelle inconscience!

Mais on comprenait leur geste, car une foule dense encerclait l’objet de toute cette agitation.

Les tintements se firent plus violents, des lames à n’en point douter et des cris de guerriers. Un combat? Il y en avait trop pour que ce soit un duel.

Jelling avança et tenta de se faufiler dans la masse, il fut rabroué, les gens étaient déchaînés.

August se plaça derrière lui, mit son insigne bien en évidence- sait-on jamais- et joua des coudes et de sa grande taille pour passer. Certains grognèrent contrariés, d’autres, absorbés par spectacle, ne réagirent pas. Un homme lui agrippa le bras, August se retourna vers lui, le regard mauvais. Voyant son armure de chevalier, le bougre le lâcha et murmura ce qui semblait être une excuse.

August se retourna vers Jelling, celui-ci se trouvait déjà au bout, il le rattrapa et observa la scène qui se jouait devant lui et qui avait déjà happé le vieux prêtre.

Là, de jeunes hommes, une bonne quinzaine, épées à la main, se faisaient la guerre dans un joyeux tintamarre de cris bestiaux et de chocs métalliques. Encouragés par un public en liesse, dont les cris couvraient presque le bruit du tonnerre.

L’eau glacée ruisselant sur leurs corps et la boue qui tâchait leurs vêtements, semblaient les moindres de leurs soucis.

Joyeux chaos où les lames virevoltaient et s’entrechoquaient, faisant jaillir des étincelles brillantes.

Ils se battaient tous les uns contre les autres dans ce qui semblait être un enclos géant. On affrontait la personne qui se trouvait en face de nous, si elle roulait sur le côté et qu’une tête neuve apparaissait devant nous, alors on avait un nouvel adversaire.

C’était effarant, August était autant atterré qu’il était impressionné par le spectacle. N’était ce qu’un jeu? Ça n’en avait pas l’air, les blessures qu’il voyait était bien réelles. Si ce n’était que du jeu, alors ces jeunes gens étaient fous de s’adonner à pareil exercice sans protection.

Le capitaine se concentra pour saisir l’essence des combats, ses réflexes de soldat l’y invitait. Il admit que les jeunes garçons ne déméritaient pas, certains se défendaient même plutôt pas mal. Il y avait là de la graine de guerriers, on pouvait en faire quelque chose.

Deux d’entre eux en particulier, semblaient très doués et avait la faveur du public.

Le premier, grand, costaud, le cheveu châtain, le teint semblable à celui d’August, tenait une lourde hache qu’il faisait tournoyer avec une grâce que l’on ne lui soupçonnait pas. Vêtu simplement de brais marrons et d’une tunique grise qui, collés à cause de la pluie, épousait ses abdominaux, les pieds nus , le véritable géant envoyait valser d’un coup tous ses assaillants. Ceux qui tombaient ne se relevaient pas.

Le second, était peut-être plus impressionnant encore. Plus petit , deux têtes de moins que le géant, tournoyait dans le tumulte, voletant tel un oiseau, il parait et esquivait avec grâce, désarmait avec doigté et frappait avec une précision diabolique.

Brais noirs en tissu léger, ceinturé à la taille par un ruban rouge qui tombait en deux fils sur le côté de la cuisse gauche, ses bottes de la même couleur que son bas serraient ses jambes haut, jusqu’au genoux. Torse nu, l’eau ruisselait sur sa peau blanche, traçant des sillons et suivant les courbes de la fresque de ses muscles saillants, pas exubérants, mais solides à n’en point douter.

Celui-ci s’entraînait régulièrement, se dit le capitaine. Sa dextérité était impressionnante. Avait-il appris en autodidacte ou avait-il bénéficier de cours de la part d’un maître? En tout les cas, il tenait la dragée haute à tous ses hommes.

Les iris du jeune homme étaient envoutants, hypnotisant, leur azur semblait presque mystique, vous avalant, vous invitant à plonger en eux. Ses cheveux couleur ébène qu’il portait mi- longs, tombant sur ses épaules, offraient un contraste saisissant avec ses yeux azur, accentuant davantage leur puissance bleutée.

Sorti de sa contemplation par quelqu’un qui le bouscula en s’agitant, August vit qu’il avait perdu le fil du combat. Déjà, il ne restait plus que sept combattants dans l’enclos. Les autres avaient été extraits par les spectateurs ou étaient sortis d’eux même pour ceux qui en avait encore la force.

Trois combattants acculaient l’oiseau sur un côté de l’enclos. Deux autres faisaient la même chose avec le géant.

August sourit, ça allait devenir intéressant.

Le jeune brun, sourire carnassier aux lèvres, sabres jumeaux dans les mains, narguait ses assaillants par un jeu de jambes cadencé. Ses pieds glissaient sur le sol boueux et faisait sauter l’eau des flaques qui l’entouraient.

Auguste s’attarda sur les épées du jeune guerrier. Fines, longues, elle brillaient sous la lumière générée par les éclairs, les manches plats recouverts de cuir que parcouraient des fils d’or laissaient présager de la haute forge. Ce n’était pas des épées de paysan.

Ses adversaires en eurent marre , les deux guerriers sur ses flancs attaquèrent de concert dans des cris enragés.

Esquivant à gauche, parant à droite, il tourna sur lui même, s’agenouilla, retourna son épée droite et donna un coup d’estoc dans l’abdomen du premier. Se relevant par un mouvement de pivot il para habilement un coup du deuxième, les armes s’entrechoquèrent, au deuxième coup, la force imprimée dans la seconde épée envoya l’autre à terre en le désarmant.

Le dernier resté en retrait jusque-là saisi sa chance, il se planta devant l’autre et voulu donner un coup franc de face, plaçant ses sabres en croix devant lui , le garçon para facilement. Les décroissant violement, il envoya voler son adversaire, lorsque ce dernier voulu se relever il sauta sur lui , retourna son épée et le frappa sur la tempe avec le manche, l’assommant sur le coup.

Le combat du géant fut plus expéditif, il avait désarmé ses ennemis d’un geste puissant et les avait envoyé valser d’un revers de sa hache.

Bientôt il ne resta plus qu’eux dans l’enclos. L’oiseau observait le géant.

August frémit, ce duel s’annonçait brûlant même par ce temps de chien.

L’eau coulait sur la tête des deux combattants. Tournant l’un autour de l’autre, ils se dévisageaient, les yeux auburn du géant lançaient des éclairs, le brun, lui, affichait un rictus amusé, mais ses muscle n’en étaient pas moins tendus à l’extrême. L’azur de ses prunelles se paraît d’une aura dangereuse. Le combat débuta.

Ce fut un déchaînement de violence. Parades, attaques, ripostes, se succédèrent à un rythme effréné. Ils se donnaient à fond.

Jouant de sa grande taille, le géant tentait de prendre le dessus sur l’autre, mais le brun avec agilité, esquivait ses attaques et lançait ses lames à l’assaut du colosse. Ce manège dura dix bonnes minutes, les cris avaient cessés, le public retenait son souffle. August aussi.

Soudain, le géant pris sa hache des deux mains et frappa, le brun para tant bien que mal, mais la puissance du coup l’envoya à terre, il lâcha ses lames. Le géant avança vers lui, il roula sur le côté, se saisi d’une hache qui se trouvait là, se releva et frappa. Le géant calla avec le manche de sa hache, il se brisa, mais il envoya un coup de pied et l’autre lâcha son arme. Le colosse se saisi d’une des lames tombées au sol, le brun prit la deuxième, les deux épées s’entrechoquèrent et glissèrent l’une sur l’autre jusqu’à la garde.

À présent, c’était une question de force, le géant était avantagé , mais le brun ne déméritait pas. Par un geste du poignet et fit pivoter son arme, l’autre fut déséquilibré et il le désarma.

Le géant saisi le brun par la taille et l’entraîna dans le sillage de sa course jusqu’au bord de l’enclos, l’épée fut perdu.

Le brun s’accrocha au bois de l’enclos et utilisa la pression pour repousser l’autre avec ses pieds. Il prit appuie sur le bois et se projeta sur le géant, il se jeta sur son cou, pivota et se retrouva sur ses épaules. Il entre croisa ses doigts, agrippa le menton du colosse et l’entraîna dans sa chute. Roulant et pivotant à nouveau, il se saisi de l’épée au sol, se jucha sur le buste de l’autre et plaça sa lame sous sa gorge. Le combat était fini.

Le public resté silencieux jusque-là exulta. Les gens se précipitèrent dans l’enclos et portèrent le vainqueur en triomphe. Ce ne fut plus que cris et applaudissements, même le colosse acclamait son adversaire. Et dans le tumulte, un nom, Azurin!

C’était donc lui.

L’orage persista.

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