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Il n’avait pas été aisé d’approcher le jeune homme, tout entourer qu’il était par la foule en liesse. Il aura fallu attendre la dispersion du public, pour attirer son attention.
Les voyants arriver vers lui , il leur jeta un regard circonspect. De but en blanc, Jelling lui disait qu’il venait de la part de son père. Azurin proposa de les conduire chez lui, le prêtre refusa, c’était urgent, ils entraînèrent le garçon vers l’auberge.
Sur place, Jelling commanda une serviette pour le garçon, que Déna se dépêcha d’apporter. Elle en profita pour glisser un mot à son oreille, il lui sourit et répondit par un regard tendre.
Son amante? S’interrogea le prêtre. Non, elle avait elle même usé du mot ami . À moins que ce ne fut à dessein car son père ne semblait pas tolérer cette complicité.
Jelling fit signe à ce dernier d’embarquer sa fille et de les laisser seuls. Il s’exécuta, la grande salle ne résonna plus que des pas des trois hommes.
Jelling qui avait retiré son manteau pris place et regarda le garçon se sécher. Le capitaine August, lui, se dirigea vers le comptoir, pris place sur un haut tabouret et se saisi de l’assiette et du verre laissés là par Maria à son intention. C’est qu’il n’avait toujours pas mangé lui.
Azurin prit place sur un tabouret en face de Jelling, de l’autre côté d’une table. L’aura dangereuse habitant ses prunelles avait laissé place à un étrange calme. Le jeune homme semblait sûr de lui. August observait la scène du coin de l’œil, mastiquant sa viande. Le garçon commença comme son amie.
– Vous n’êtes pas de ceux que père m’envoyaient d’habitude. Et eux, venaient toujours seuls, dit-il en lançant une œillade soupçonneuse du côté d’August. Il n’avait pas confiance.
– Envoyaient? Releva le prêtre.
Le garçon lui jeta un regard en biais, et répondit avec un brin de tristesse dans la voix.
– Cela fait presque quatre ans qu’il n’est pas venu. Mais vous n’avez pas répondu à ma question.
– vous n’avez pas posez de question mon garçon, avança le prêtre.
– c’est vrai, concéda ce dernier. Dans ce cas la voici. Pourquoi Est-ce vous qui venez cette fois?
Le vous était appuyé, il savait qui était Jelling.
– Parce que voyez-vous, ma mission est différente de la leur. Ils étaient chargés de vous indiquer que votre père vous mandait et vous alliez le rejoindre, n’est ce pas?
Le jeune homme opina du chef.
– Bien! Ma mission à moi consiste à vous escorté auprès de lui, loin d’ici.
– Pourquoi? Demanda le garçon, sec.
Le prêtre se tut , il semblait réfléchir à la meilleure façon de formuler tout ce qu’il avait à dire. Il choisi de poser une question.
– Savez vous qui est votre père?
Le garçon secoua la tête.
– Je ne sais même pas son nom.
August failli recracher son vin. Comment?
– Je vois! Que savez vous de lui alors?
– Je sais que c’est un noble, un seigneur puissant, il me l’a dit. Et puis il suffit de voir le genre de présents qu’il nous faisait à mère et à moi, pour comprendre. En parlant de ma mère, je sais qu’il l’aime, mais comme elle n’est pas noble, il n’a pas pu l’épouser. Sa famille ne l’aurais jamais accepté. Je suis né de cette amour clandestin. Il vient me voir, et nous passons du temps ensemble, il passe voir mère aussi quand le temps ne lui manque pas.
– Bien! Répéta encore le vieillard. Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Votre père n’est pas qu’un seigneur puissant, il est le plus puissant des seigneurs. Il est Thiphius Aldan Thrusvald, roi d’Andorra, il est mourant et il vous réclame auprès de lui, pour que vous preniez sa place, votre place, sur le trône. Il m’envoie vous chercher.
Azurin se leva brusquement et plaqua ses mains, paumes ouvertes, sur la table.
– Que me dites vous là vieux fou? Tonna t-il.
– Moins fort, l’exhorta le vieux prêtre. Ceci n’est rien de plus que la plus pur des vérités. Votre père est bien le roi et vous allez prendre sa place.
– Père est mourant et il ne m’en informe qu’au moment où il s’apprête à trépasser.
Il semblait que ce soit la seule partie qui ai retenue son attention. On entendait le chagrin dans sa voix. Il était triste.
– Oui, confirma le religieux.
– Quand bien même, se reprit-il soudain, même si ce que vous dites est vrai, ça ne fait pas de moi le futur roi, mais tout juste son bâtard, bâtard royal certes mais bâtard quand même.
– Absolument pas, les choses ne sont pas aussi simples. Asseyez-vous s’il vous plaît.
Le jeune homme s’exécuta de mauvaise grâce. Le prêtre s’éclaircit la voix.
– Le roi m’a remis des documents qu’il avait précieusement gardé toutes ces années. Je suis aujourd’hui le grand prêtre, mais au temps de la jeunesse du roi, c’était Taram le sage, avec qui il entretenait une relation presque fraternel. Comme vous l’avez signifier, votre père aimait votre mère. Seulement la femme du roi avait déjà été choisi par son père pour lui. Pour lui prouver qu’il était sien, il demanda à Taram l’impensable, il lui demanda des les marier dans le plus grand secret, ce qu’il fit et ce quatre mois avant son mariage avec Deunève.
– Mais alors, ma mère est reine? Demanda le jeune homme, incrédule.
– Non, asséna le prêtre, elle n’est pas de sang noble.
Le garçon déchanta , c’est qu’il y avait cru.
– Peu de gens le savent, mais il était commun, à une époque, pour le roi d’avoir plusieurs femmes. La pratique à cessée avec le temps mais n’a pas été abrogé, elle peu encore se faire et la première femme n’est pas forcément la reine.
Néanmoins les règles de succession son clairs et n’ont pas changées elles non plus. C’est le premier fils de la première femme qui monte sur le trône.
Azurin secoua la tête de haut en bas signifiant qu’il suivait.
– D’accord mais le droit d’aînesse ne rentre t-il pas en ligne de compte? Le roi… mon père a deux fils plus grands que moi n’est ce pas?
Le prêtre le détrompa.
– Peu importe que vous soyez née après eux. Vous êtes le futur roi. Vous devez me suivre jusqu’à la capitale et prendre la place qui vous revient.
August était là, au comptoir, effaré par la scène à laquelle il assistait, par ce qu’il entendait, par ce qu’il comprenait. Il avait sa réponse, on lui avait demandé de composer une escorte royale parce qu’ils étaient venus chercher le roi.
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Mes enfants, entendez la complainte de votre mère, entendez les gémissements de la reine, mon bien aimé me quitte.
Votre père nous quitte, sa maladie le tire vers les portes de la mort. À l’heure où je vous écrit ces mots il est certains que dans deux jours il ne passera pas la nuit.
Il meurt et il nous entraîne avec lui.
Hâtez-vous, il nous faut nous rassembler, il nous faudra être fort. Il nous faudra faire bloc contre la catastrophe qui va s’abattre sur nous.
Ils n’auront aucune pitié, tous. Il viendra et nous tomberons.
Hâtez-vous, un grand danger nous guette. Les erreurs de notre roi nous rattrapent.
Hâtez-vous.
Sa majesté Deunève Thrusvald née Palestre.