Régis : Un drôle de prénom.
Il nous vient du latin et signifie ROI, et ça, je l’ai beaucoup trop souvent entendu.
Mes parents m’ont baptisé de la sorte en souvenir de mon arrière-grand-père paternel qui bien entendu le portait déjà. Lui-même s’appelait ainsi en hommage au saint patron vénéré de l’Ardèche : François-Régis qui fut canonisé pour avoir soigné et ramené des prostituées dans le droit chemin. Il possède d’ailleurs son propre sanctuaire à Lalouvesc, une petite commune du nord du département, sorte de Lourdes local.
En tout cas, le jour de ma naissance, c’est certain, on ne m’a absolument pas demandé mon avis.
J’ai longtemps détesté mes parents de m’avoir affublé d’une étiquette aussi ridicule. Se prénommer Régis, en Provence, au milieu des années soixante, dans la cour de récréation, ne passait pas inaperçu. Les moqueries des petits camarades y allaient de bon train.
Pour ma sœur, le choix s’était arrêté sur : Viviane. Je n’en connais pas les raisons exactes, mais là aussi, aux vues des réactions de nos camarades, cela semblait être une mauvaise pioche. Régis et Viviane, deux martiens plantés au beau milieu des Michel, Serge et autres Corinne ou Nathalie.
Malgré tout, s’appeler Régis comporte (à n’en pas douter) certains avantages. Passer son temps à défendre son identité les poings fermés au fond de ses poches, cela vous donne une indéniable force. D’une certaine manière, cela vous arme pour la affronter la vie.
Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, les enfants ont grandi, les quolibets se sont évanouis. Il me reste tout de même ce singulier prénom.
Régis : Il paraît que cela veut dire ROI. Après tout, il me plait aujourd’hui de l’entendre sonner dans la bouche de mes proches et de mes amis.