RMV Chapitre 1

7 mins

Hujaz slalomait entre les fleurs rouges, noires et roses, veillant à ne pas les écraser. C’étaient les fleurs du chef du village Feuch et il était sûr d’avoir une fessée si une seule de ses fleurs chéries perdait un pétale. Hujaz sauta au cou de Daego qui, à peine réveillé, venait de sortir du lit et de sa maison. Celui–ci se renfrogna. C’était un mona légèrement plus grand qu’Hujaz, il avait les même cheveux orange vif que lui, mais contrairement à lui qui avait des yeux vert virant vers le rouge au centre, les yeux de Daego étaient d’un violet pur et profond. Sa fleur énorme couvrait son œil droit, elle était rouge sur les pétales et verte au centre. La fleur d’Hujaz, elle, était sur le côté gauche de sa tête, sa fleur couvrait un quart de sa tête avec des pétales d’un bleu vif virant vers le blanc en son centre. Comme tous les monas,, leurs peaux étaient d’un blanc verdâtre assez translucide pour qu’on voit certaines de leurs veines d’un noir profond

-Hey… Qu’est-ce que tu as fait encore ? demanda-t-il énervé à Hujaz pour l’avoir réveillé.

 Hujaz lui inspirait plein de sentiments contraires et pour lui qui aimait connaître les choses et les maîtriser, ces sentiments le rendaient dingue sans compter la fatigue naturelle du matin.

Hujaz desserra immédiatement son étreinte et cacha ses mains derrière lui, prêt à s’incliner en supplications. Hujaz avait certes juste un an de moins que Daego mais ce dernier était bien plus mature et réfléchi. Lui… était naïf, stupide, immature, capricieux mais ces défauts étaient tous éclipsés par son innocence angélique. Leur différence se retrouvait dans leurs vêtements d’ailleurs, si Daego portait un long manteau de peau fermé jusqu’à son cou, Hujaz, lui portait une chemise de tissus presque transparente ainsi qu’un pantalon imitant un peu le style de Daego: avec un pantalon cargo très large. Hujaz en était tellement content qu’il profitait de chaque occasion pour en faire la promotion. Même leurs chaussures étaient différentes, si les bottes de Daego étaient faites en peau de reptile, solide et très résistante, les chaussons d’Hujaz eux imitaient encore le style de Daego, même peau de reptile mais bien plus mince et surtout teint d’un rouge criard. Leur relation était claire, Hujaz essayait désespérément de ressembler à Daego mais ils étaient tout deux bien trop différents.

-Moi !? Moi ! Rien ! Rien du tout … Mais. (Daego soupira dès le ”mais”) je te conseille de courir.

Le jeune mona n’avait pas fini sa phrase que Roumil et Equil coururent dans leur direction, les mains en avant. C’était deux gettos, une autre race très similaire aux mona, les mona avaient des fleurs ,les getto avaient des champignons. Equil ,par exemple. Avait une série de champignons bleus sur les poignets qui la démangeaient souvent alors que Roumil avait un énorme champignon rouge remplaçant ses cheveux.

 Equil. avait de soyeux cheveux bleus dont il prenait grand soin et des yeux de la même couleur, Roumil lui avait les yeux toujours plissés, il était difficile d’en dire la couleur. Comme tous les gettos, ils avaient la peau tirant vers le jaune et un peu vers le vert. Ils étaient les seuls gettos du village, ils étaient considérés comme frère et sœur vu qu’ils venaient du même champignon parasite, mais c’était leur seul lien, ils ne se ressemblaient ni dans l’apparence ni dans la personnalité : 

Roumil était gentil et serviable: s’il :n’aimait pas Daego il faisait de son mieux pour le supporter, il aimait beaucoup Hujaz et ils habitaient d’ailleurs seuls dans une maison non loin. Equil, lui, était un fils à papa capricieux et orgueilleux. Comme pour Hujaz et Daego, leurs vêtements en disaient beaucoup sur leurs personnalités: : Roumil avait un manteau fin et vert pomme, il avait de grandes poches mais on ne pouvait pas le fermer, dessous se trouvait un tee-shirt de peau comme ceux des esclaves et un short de tissu marron. Equil, lui portait une jupe blanche et bleue avec un petit veston bleu et une chemise blanche, c’étaient des habits assez chers et il avait supplié longuement son père (adoptif) de les lui acheter, quelque chose que Roumil trouvait tout simplement pitoyable, ils ne se ressemblaient que pour certaines choses et leur irritabilité envers les blagues d’Hujaz était l’une d’elles et donc c’est dans un ensemble parfait qu’ils crièrent :

-Je vais te découper !

Hujaz se cacha derrière les épaules de Daego, le jeune mona soupira encore devant les deux gettos assoiffés de sang. Il leva la main pour leur faire signe de s’arrêter.

-Trois choses ! Calmez-vous. Il vous a fait quoi ? Il vous doit combien ?

Hujaz faisait déjà des yeux d’animal blessé en faisant trembler sa lèvre inférieure pour paraître encore plus mignon et vulnérable.

-Frérot…

-Trois choses à toi aussi : Arrête de m’appeler frérot, arrête de t’agripper à moi, je n’ai jamais dit que je payerai à ta place.

Ils furent interrompus dans leurs marchandages par une voix féminine presque aussi fatiguée que Daego.

-Bougez les mioches, pas pour vous déranger, mais je dois passer.

La griffeuse était, en effet, chargée d’une cagette entière de fruits ambrés et juteux. Elle les dépassait tous d’une à trois têtes. Elle avait la peau brune, ses cheveux étaient couleur or et lui arrivaient à la taille, elle était aussi extrêmement musclée. Son visage était carré et ses yeux étaient de couleur noisette, elle portait un bracelet de cuir noir, un t-shirt de peau et un pantalon de tissu léger.

Les enfants se séparèrent en catastrophe. Roumil lui sourit.

-Coucou Rogan!

La femme regarda et lui adressa un signe de tête en continuant son chemin.

-Je t’ai déjà dit d’arrêter de parler aux esclaves ! intervint Equil et tout le monde roula des yeux.

Même si effectivement les griffeurs et nihilistes étaient esclaves des monas et des gettos,, on leur avait bien appris qu’il fallait correctement les traiter afin d’éviter une rébellion trop violente.

Mais essaye d’expliquer cela au fils (adoptif, même s’il ne supporte pas qu’on précise ce détail) du prochain en ligne pour remplacer le chef du village. 

-Si seulement tu pouvais ressembler à ton père. Ça, c’est un homme sage ! Je l’ai déjà vu aider les esclaves et consoler les mères porteuses pendant son temps libre.

Dit Daego

-Sûr ! Suzol est vraiment un bon chef ! renchérit Hujaz, Et euh… C’est quoi les mères porteuses ? 

-Rien rien ,s’exclama Roumil, il voulait dire les euh… Berpor gueuse*!

-Pourquoi le chef consolerait des rongeurs ?

Daego ne dit rien, amusé de la situation alors que Roumil lui jeta un regard noir à travers ses paupières plissées.

Il continua.

-Enfin bref en plus, il n’a toujours pas trouvé de partenaire! Alors que les candidats sont nombreux. On le dit marié au village.

Equil rougit un peu. 

-Pourquoi tu rougis, il a plus de trente ans de plus que toi, tu sais?

Soupira Roumil ravi qu’Equil ait détourné la conversation a sa place.

Ce à quoi Equil péta un câble.

-Hey! De-De quoi tu parles ? Et toi avec Rogan hein? Cette esclave ?

Là encore tout le monde soupira. Les gettos prenait le sexe et l’apparence qui conviendraient le mieux à ceux qu’ils choisissent comme partenaire. Et cela va sans dire que Roumil devenait plus grand et plus musclé chaque jour, alors qu’Equil se transformait chaque jour en une figure plus féminine et malgré ses 15 ans elle ressemblait à une petite fille.

Suzol le déplorait d’ailleurs. Non seulement, il ne voulait pas que son fils le choisisse lui comme partenaire, mais en plus l’apparence d’Equil montrait bien que plus qu’un partenaire sexuelle ou romantique,, elle voulait rester la fille à papa pour toujours.

-Franchement,soupira Hujaz, vous êtes les deux seuls gettos du village et vous vous décidez pour un grand-père et une griffeuse. Il y a meilleur choix… dit-il en faisant un clin d’œil.

Equil s’empourpra et s’enfuit à toute jambes.

Daego regarda Hujaz avec une expression à la fois neutre et mécontente.

-Ben quoi ?

-Rien, t’es juste con. déclara Roumil avec cette même expression de neutralité mécontente.

Puis se tournant vers Daego.

-Il nous doit deux biolantes*.

-Pas pour vous, j’espère ?

-Non non! C’est pour cette alcoolo de Poljin.

Les biolantes étaient des fruits communs naturellements alcoolisés.

Daego soupira.

-Ok, allons voir Tirmone. Et ,il agrippa la fleur d’Hujaz, tu viens.

-Aïe, ouch! OUILLE! C’est sensible !

Ils marchèrent à travers les rudimentaires maisons de bois et les banderoles de linge étendu de toutes les couleurs. Le village était paisible et souvent les gardes ou autres ramenaient des animaux de toutes sortes, si plus de nourriture n’était pas un problème avec Tirmone, il fallait s’occuper de la peau ainsi presque tous les membres du village était adeptes de couture et le groupe ne faisait pas exception. Seuls Equil et Hujaz ne cousaient pas ; le premier car il n’aimait pas, l’autre, car il n’avait pas la patience. Ils saluèrent les quelques personnes a l’extérieur de leurs tente donc à peu près tout le village. Malgré la saison chaude, Marnou* était une zone* froide presque toute l’année, alors une journée chaude comme cela était une bénédiction, sauf pour les griffeurs et nihilistes travaillant en plein cagnard.

Le groupe d’enfants de 16 ans (sauf Roumil qui en avait 15) passa devant la carrière d’ailleurs, jetant des coups d’œil à ces êtres torse-nu, minant et portant des cagettes. Ce qu’on appelait la carrière étaient une mine en plein milieu du village, les plus forts minaient les cristaux magiques* et le métal au fond de la mine puis les jeunes et vieillard taillaient les blocs dehors.

-Révision surprise ! éructa Daego.

-Ho non professeur Daego est là! Fuit Hujaz ! pouffa Roumil.

Hujaz n’eut pas le temps de courir.

-Différence entre un griffeur et un nihiliste* ? Totalement au hasard… Hujaz ?

-Euh… Ha oui, les nihilistes sont noirs et blancs! Pas les griffeurs.

-Juste ! Alors autre question : quelle est ta famille ?

-Ben euh… Toi ? Et c’est tout ?

-Faux ! Je te l’ai déjà dit (Daego se massa les tempes.) nous sommes des plantes qui ont parasité un corps de griffeur ou nihiliste, donc si j’étais ton frère avant, c’est plus le cas.

-Mais… je…

-Tu as certainement eu un dysfonctionnement. Lors du parasitage, ou ton cerveau était déjà endommagé avant, j’en sais rien et je m’en fous. Écoute moi bien : Equil et Roumil sont plus frères que toi et moi vu qu’ils viennent du même champignon. Donc tu m’appelles frérot encore une fois et je ne sais pas ce que je vais faire.

Hujaz baissa les yeux devant cette humiliation presque quotidienne maintenant. Il aimait Daego comme un frère, il le traitait comme un frère,pour lui, c’était son frère. Même pour lui, cette violence quotidienne faisait partie de leur lien de frère. Ça ne voulait pas dire que ça le rendait heureux pour autant.

Roumil essaya de calmer le jeu. Il savait que raisonner Daego était futile et il était trop tendre pour recourir à la violence mais Hujaz était son meilleur ami.

-Calme Daego, calme.

Daego lui jeta un regard de ses yeux violets totalement calmes, sans aucune trace de sa colère passée.

-De quoi tu parles ? Je suis calme ?

-Toi aussi, tu dois avoir un dysfonctionnement alors… murmura Roumil surpris. 

Ce changement brusque d’humeur était quasiment quotidien mais Roumil ne s’y habituait pas.

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