Une fois… alors que ma mère me contait de nouvelles histoires comme chaque soir, cette fois-ci, une en particulière attisa ma curiosité.
Elle narrait l’histoire d’une grande masure au centre d’une lande où vivait un homme, un vieil homme… seul. Il pouvait chauffer sa maison grâce aux marchands de bois qui paissaient rarement autour de cette demeure et encore moins dans cette lande.
Une vieille légende locale effraie la plupart des habitants de la région… il n’est là que légende, mais pourtant…
Cette histoire ancestrale dirait que chaque soir au coucher du soleil, au moment où l’astre stellaire n’est plus visible que de moitié, au moment où les couleurs flamboyantes s’épousent avec l’obscurité et la noirceur de la nuit, au moment où le temps n’est plus que figé,au moment où les deux corps célestes se croisent, au moment où l’eau et le feu se nouent. Cet instant… au cœur des landes, un chant lointain se fait entendre… il apporterait calme et mort à qui l’entend.
Ce soir-là, alors que le vieil homme toussait fort, les couleurs du ciel flamboyantes venaient de s’épouser avec la noirceur de la nuit… et au loin, un chant tourmenté résonnait dans la lande.
Le vieil homme fatigué, observait par le petit cadre de la fenêtre le crépuscule ainsi que la direction du chant…
Il était épuisé mais il se prit d’un besoin de sortir de sa demeure.Plus il marchait et plus il souffrait. Et ainsi… le chant continuait …
Un marcheur qui passait non loin de là, entendit lui aussi le chant, il n’y prêtait guère attention jusqu’au moment où il vit l’astre stellaire visible que de moitié… Le marcheur prit peur, il lâcha son bâton qui l’aidait à avancer jusque-là, mais ce dernier ne lui serait bientôt de plus aucune utilité. Dans sa précipitation le marcheur trébucha sur une vicieuse racine, il se cogna, ce qui lui fit perdre la vie. Et ainsi… le chant continuait …
Le vieil homme trouva le bâton du marcheur et l’empoigna, il était un certain appui sur lequel il pouvait s’accrocher, le minimum d’aide qu’il puisse recevoir dans sa douleur. L’homme était décidé, il se devait d’aller vers ce chant lointain qui ne faisait qu’amplifier…d’ailleurs, ne serait-il pas en train de changer, on dirait que les basses du chant sont plus douces… l’homme fut soulagé il sentit un petit brin d’espoir dans ces douces basses… il avançait encore. Et ainsi… le chant continuait…
Plus loin, une petite fille passait sur un des sentiers traversant la lande, elle sautillait comme sa joie pouvait l’exprimer, elle semblait simplement rentrer chez elle, et peu importe ce que faisait cet enfant de l’autre côté de la lande.
Le chant n’était point au silence, mais la fougue enfantine empêcher probablement la jeune fille de l’entendre. Jusqu’à ce qu’impromptue elle sorte du petit chemin qui semblait simplement la garder en vie,ou plutôt loin de ce chant…
Là, en sortant du sentier, pourtant si banal, la petite pouvait maintenant entendre ce chant qui se faisait doux, elle venait de perdre toute énergie, et la voilà figée, et déprimée, à regarder l’horizon lointain, là où les deux corps célestes se croisent, et la voilà déjà tombée, elle était bien en dehors du sentier et elle était à terre dans sa grande tristesse. Et ainsi… le chant continuait…
Le vieil homme souffrait fortement, il ne tenait plus debout, mais il savait bien au fond de lui qu’il ne devait pas tomber, pour rien au monde il n’abandonnerait. De plus le chant se mélodisait, il commençait à devenir plus doux, ceci soulageait et réchauffait un peu le vieux cœur endolori par l’âge, et qui ne fonctionnait plus très bien.
Il continuait son chemin à travers la lande, bien que douloureux, il n’abandonnait pas, et ne quittait jamais des yeux son objectif. Il regardait au loin, et le temps n’était plus que figé, mais lui ne devait point l’imiter. Et ainsi… le chant continuait…
Non loin de là, était une femme avec son petit garçon, ils semblaient insouciants et heureux à deux, ils marchaient et souriaient ensemble. Ils devaient sûrement discuter de tas de choses. Ce petit homme semblait aimer sa mère plus que tout…
La maman de l’enfant détourna le regard un instant pour apprécier la vue grandiose qu’offrait cette lande, comme ce grand spectacle de la danse entre le feu et l’eau qui se nouent.
Il ne suffit que d’un instant d’inattention pour que le petit garçons’intéresse à une petite pierre sur le bord du sentier, puis à une autre, et encore une qui l’amena directement vers un rocher plein des même pierre, et le voilà qu’il était loin… sa mère ne l’avait pas vu partir, et elle ne le reverra plus…Et ainsi… Le chant continuait.
Le vieil homme arrivait enfin à son but, le chant était doux et agréable à écouter, et là en haut de ce petit monticule, se tenait une femme mystérieuse tout de blanc vêtu, avec des cheveux écourtés et d’un blond céleste, et cette douce voix mélodieuse et envoûtante, fit tomber l’homme au sol, il était certes à terre,mais il avait réussi, et le voilà qui s’endort, là, bercé parle doux chant céleste, jusqu’à ce qu’il close ses yeux… Au moment où l’astre stellaire disparaît, au moment où les couleurs sombres de la nuit règnent, ou moment où le temps reprend son court, au moment où les deux corps célestes se tournent le dos, au moment où l’eau et le feu se libèrent, c’est cet instant au cœur des landes… Et ainsi… le chant s’arrêta…