Il était toujours le dernier à rentrer à la maison, tard la nuit, ou plus tôt quand il faisait orage. Le dernier à se glisser sous la couette, ses pas rapides mais doux, traversant le long couloir qui menait à ma chambre, bourdonnant une chanson dont lui seul connaissait le secret. Parfois il se permettait un détours, déconcentré par un bruit suspect duquel il tentait curieusement de trouver l’origine, les yeux grands ouverts affrontant l’obscurité. Si le bruit cachait quelque chose d’intéressant il lui arrivait de s’amuser toute la nuit, me réveillant quelques fois pour pas grand-chose, un meurtre peut-être. Et quand ma porte était fermée, le désespoir le gagnait, et faisant vibrer ses cordes vocales, il reprenait son interminable chant. Si son appel n’était pas assez puissant, je le retrouvais le lendemain, assoupi sur le canapé, l’esprit rempli de ses aventures nocturnes.
Des baisés et des caresses, je sentais ses longues moustaches frôler mes joues. Son petit nez humide effleurant mes doigts. Ses vastes yeux ronds. Son poil noir et doux. Et son petit corps sans vie, retrouvé sur le bord de la route. Une voiture, un grincement des freins, une plainte désespérée, un appel des voisins. On a retrouvé votre chat mort, désolé.