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En amphi, elle s’assit comme à son habitude, au premier rang. Le professeur était un vieux bonhomme, l’air fatigué qui présenta son cours en littérature française, une des matières communes avec les lettres modernes. Il s’occupait d’une partie du trimestre sur la question des récits de voyage en Orient, depuis l’Anabase de Xénophon – à propos de la retraite des mercenaires spartiates du prince perse Cyrus le jeune contre son frère Artaxerxès II suite à la mort du premier, qui aurait voulu être un usurpateur – jusqu’au Tigre bleu de l’Euphrate de Laurent Gaudé, à propos d’Alexandre le Grand. Autant dire que le projet était ambitieux.
En sortant de cours, Mahaut l’attrapa, alors que Clotilde aurait voulu l’éviter.
« Alors, ça t’a donné aucune idée ce cours ?
— Pas spécialement.
— Le voyage. Le voyage en orient. C’est hyper courant. J’ai fait mes recherches cette nuit, Nerval a écrit Voyage en Orient, Hugo Les Orientales, Gauthier Le Roman de la momie et Flaubert Salambô. Je sais, les deux derniers c’est pas de la poésie. Mais y a un lien. Le voyage en orient est un moteur de l’imagination. Au Moyen-Âge, c’est le voyage en Terre sainte, avec Napoléon, la mode de l’Égypte, avec Champollion, puis fin XIXème Sumer avec les archéologues allemands. Rimbaud a failli crever en Éthiopie. Tu m’as parlé de Ginsberg et Kerouac, et ils se sont penchés sur le bouddhisme. Comme ton Pound qui met du chinois dans ses Cantos. D’ailleurs, t’aurais pu me dire que c’était un facho.
— Ce n’est pas très utile pour notre exposé.
— T’aurais pu le dire quand même. J’ai pas forcément envie de le citer comme ça, sans contextualiser.
— Et pour le jazz ?
— C’est là le plus beau. Y a aussi une veine orientale dans le jazz. Apparemment, t’as un truc qui s’appelle des mesures asymétriques, c’est pas hyper courant en musique occidentale, mais ça l’est en musique orientale.
— Je vois très bien ce que c’est, je t’ai dit, je suis pianiste.
— Et ben, t’as Dave Brubeck qui en utilise dans Take five avec du cinq temps par mesure, ou Blue rondo a la turk. Rien que le titre, ça évoque la Turquie, et c’est sur neuf temps. Et puis Miles Davis et Coltrane ont joué d’une façon qui s’appelle modale…
— Je sais ce que c’est.
— Ben voilà, ça sonne pas comme du jazz habituel, c’est plus oriental. Tu la vois la partie pour notre exposé ? »
Clotilde voyait très bien les choses s’imbriquer petit à petit pour l’exposé. Elle voyait aussi que Mahaut travaillait et qu’elle n’aurait donc pas tout à faire pour décrocher une bonne note. Ce qui était une bonne nouvelle. Et alors que Mahaut continuait à parler un peu emballée, Clotilde ne l’écoutait plus, comme hypnotisée. Elle se contentait de la regarder, fascinée par ce qu’elle voyait, comme si tout à coup, le temps s’était ralentie. Elle était habillée un peu différemment, avec une mini jupe à carreaux, du genre des écolières anglaises, et un t-shirt Nirvana. Clotilde se sentit alors décalée, n’ayant enfilé ce matin là qu’un simple jean et un gros pull irlandais vert bouteille. Quand soudain, Mahaut dit :
« T’en dis quoi ?
De quoi ?
De rappeler ton prof de piano pour lui demander de l’aide sur le jazz avec ta définition cheloue. Quitte à faire ça, autant demander son avis à quelqu’un qui s’y connait »
En effet. Et cela faisait longtemps que Clotilde n’avait pas vu Monsieur Kermarrec. Ça lui ferait plaisir. Et puis, elle avait besoin de discuter. Avec quelqu’un qui n’était pas ses parents.
Partie 1- Impossible d’écrire l’ensemble du message.
J’ai lu. Il y a mille informations dont je ne doute pas de la véracité et qui satisfont tout à fait ma curiosité toutefois et malgré une histoire plutôt prenante je ne suis pas très fan de l’écriture. Tu m’as précisé qu’il s’agissait d’une nouvelle c’est la raison pour laquelle l’intrigue avance vite. Je ne suis pas spécialement inspirée par ce type d’écriture. Je préfère savourer lentement les étapes d’une histoire et j’aime aussi qu’on me laisse imaginer plusieurs pistes pour le dénouement. Désolée ce n’est peut-être pas ce que tu voulais entendre… Mais autant être honnête puisque c’est bien mon avis que tu veux. Et cela n’engage que moi. Je suis persuadée que cette histoire va enthousiasmer beaucoup de mes camarades compte tenu de ce que je lis depuis que je suis sur wikipen.fr. Dans mon cas le style, les tournures, la musique des mots sont très importants parfois autant que l’intrigue. Enfin et même si j’adore apprendre toujours plus il me semble important de ne pas donner trop d’informations, ne dit-on pas : "Trop d’informations nuit à l’information". D’autre part on ne doit avoir l’impression que ton esprit brillant étale ses connaissances. Pour info j’ai aimé lire certains auteurs contemporains pour le plaisir de me détendre puis j’ai cessé de les lire lorsque les informations prenaient le pas sur l’histoire.
Je comprends tout à fait ce que tu dis.
ça part parfois en cours magistral, alors je bosse un peu à diluer les infos. Ado, j’aimais bien les romans de Bernard Werber pour ça (j’ai arrêté d’en lire quand un premier chapitre m’a spoilé la fin, j’en relirai peut-être pour voir)
L’idée c’est un peu aussi de retranscrire les conversations d’étudiants, surtout les séances de travail. Faut peut-être que je laisse ça prendre plus de temps.
Comme je t’ai dit, c’est une nouvelle, qui ne demande qu’à être développée.
Coquille : "Je comprendS" attention aux touches avec tes doigts et aux notes sur l’écran avec tes yeux ?
Petite anecdote.
Quand j’écrivais mon mémoire de Master, je devais imprimer les différentes versions pour vraiment arriver à me relire.