J’appuie sur l’interphone : Dr. Marie-Chantal Mercier-Gallois, Chirurgienne orthopédique.
1er étage à droite me répond-elle. Au clic, je pousse la porte de cet immeuble cossu des hauts de Lausanne et me dirige vers l’escalier. A droite il y a plusieurs portes sans nom et j’attends. Finalement un visage apparait. Tu n’entres pas me dit-elle ? Je l’embrasse, un peu intimidé. Elle est grande, parle beaucoup, répond à son téléphone portable. « Mon fils fait des crises d’anxiété quand il est chez son père, il m’appelle toute les 10 minutes et je dois absolument répondre ». Je la sens très occupée, peut-être pour cacher son trouble. Sa jupe en cuir noir, est très serrée, sa chemise aussi, de même que sa coiffure emprisonnée dans un chignon. Son grand corps massif, presque lourd, est comme corseté. Ses mains sont fortes et fines à la fois, les doigts longs, les ongles manucurés. Elles sont constamment en mouvement et particulièrement expressives. Ses yeux bleus, très vifs, vont de la cuisine à mon sac Migros. « Tout est là » lui dis-je, « je peux commencer à cuisiner si tu le souhaites ? ».
« Ouvrons avant une bouteille de blanc » me répond-elle. Nous nous installons dans le séjour. La vue sur le lac est magnifique.
« Tu sais » me dit-elle en tirant longuement sur sa cigarette, « Je n’invite jamais quelqu’un chez moi pour une première rencontre. Je t’ai trouvé atypique, et l’idée que tu fasses la cuisine m’a beaucoup plu ».
Nous vidons la bouteille de Scheurebe très rapidement. Elle m’explique qu’elle l’a trouvée dans la cave de son mari dont elle est séparée depuis peu. « Jacques est rentré de vacances il y a un mois avec une Thaïlandaise, elle a 20 ans de moins. Ils veulent se marier ».
Elle me montre une caisse contre un mur : « C’est ma dernière acquisition, une œuvre d’un plasticien polonais. Tu m’aides à la sortir ? ». Je fais sauter les clous avec un couteau et sort le tableau emballé dans des sacs en plastique que je m’apprête à arracher. « Les sacs font partie de l’œuvre ! » me dit-elle en retenant mon bras.
J’ouvre une deuxième bouteille de Kerner et me dirige vers la cuisine.
J’émince les oignons que je fais revenir dans l’huile d’olive, ajoute une cuillère à soupe rase de farine que je fais brunir, mouille avec du vin blanc, remue, assaisonne et ajoute les moules.
« Dans 8 mn c’est prêt » lui dis-je.
Elle m’apporte mon verre de vin. Je l’embrasse sur la joue.
Je remue les moules une dernière fois, y ajoute du persil haché et le jus d’un citron.
J’apporte la marmite à table, le cendrier est plein, les verres vides.
Les moules sont bonnes mais justes cuites, nous compensons en ouvrant une bouteille de rosé de Haute-Provence.
Marie-Chantal parle beaucoup, j’ai la tête qui tourne un peu. Je relance la conversation, m’intéresse à ce qui l’intéresse, nous parlons beaucoup d’elle, de sa séparation, des hommes qu’elle impressionne trop, de sa solitude, de sa peur de vieillir seule. Elle se rapproche avec les mots mais reste à distance. Son corps citadelle empêche toute manœuvre d’enveloppement, réduit à néant toute prise d’assaut.
« Je vais te laisser » lui dis-je. Elle m’accompagne jusqu’à ma voiture et me serre très fort dans ses bras. Je l’embrasse sur la joue.
L’autoroute est déserte, il me faut 45 minutes pour retourner chez moi à Genève.
Je m’apprête à me coucher lorsque le téléphone sonne. « C’est moi » dit-elle « Je suis dans un taxi, donne-moi ton adresse, j’arrive ! ».
Il est plus de 2h du matin lorsqu’elle me rappelle. Le taxi s’est perdu. Je sors en peignoir pour aller la chercher. Elle ne parle plus et a l’air fatiguée. Nous nous couchons, elle reste habillée.
Je l’embrasse et commence à enlever ses vêtements, couches après couches. Son corps est dense et très musclé. Elle n’a pas de ventre. Ses fesses et ses cuisses sont hottentotes. Elle porte à hauteur des hanches un collier africain en grosses perles, c’est un « Baya » sur lequel est écrit « Je n’attends que toi, je veux te baiser comme jamais, champion, goûte à ma moule ».