Du néant au frisson. Chapitre 64.

4 mins

Eliya

Samedi 30 octobre 2021, un mois après le procès.

J’avais rendu mon appartement, et je m’étais installé chez Axel. Sans qu’il le sache bien évidemment.

Ils l’ont sorti du coma artificiel le 12 octobre. Son hémorragie a mis plus de temps que prévu à se résorber. Depuis, c’est silence radio. Il est plongé dans une sorte de sommeil, sans réveil. Les médecins disent que c’est normal, que ça prendra le temps qu’il faudra, mais qu’il finira par se réveiller un jour ou l’autre.

J’ai dû prévenir sa mère. Et j’ai pu constater que c’est vraiment la personne la plus odieuse que j’ai rencontrée. Elle m’a à peine demandé comment il allait. Elle voulait juste savoir s’il y avait besoin d’argent pour ses frais médicaux et son appart. Je lui ai répondu que non, je m’occupais de tout. Et qu’Axel avait bien fait de couper les ponts avec elle.

J’ai arrêté de voir la psy, je ne l’ai pas vu depuis le procès. Je ne m’en sentais plus capable. C’était trop dur d’envisager de me retrouver face à elle. Bien sûr, elle avait fait son métier. Mais c’était trop. Trop pour moi.

Je voyais monsieur Morov, et mon notaire. J’avais besoin d’eux sur le domaine juridique. Je devais mettre tout en place, pour que mon projet aboutisse.

J’évitais les contacts avec les autres. On était obligé cependant de se voir, pour préparer notre appel, mais je m’en foutais.

Seul Antoine continuait de m’envoyer des messages tous les jours. Comme pour s’assurer que j’étais bien en vie. Mais j’avais pris mes distances.

Le soir du procès, il m’a retrouvé à l’hôpital. Pleurant sur le lit d’Axel. Inconsolable.

Kim et lui on réussit à me résonner, au moment de l’arrêt des visites. Prétextant qu’on m’interdirait de voir Axel, si je ne respectais pas les règles. Alors je les ai suivis. Kim, nous a ramenés chez moi, et c’est là que Antoine a compris que je préparais quelque chose.

Kim nous a laissés ce soir-là, elle avait un gros spectacle. Et j’ai alors demandé à Antoine de lire ma lettre.

À la fin de sa lecture, il s’est levé et m’a pris dans ses bras. Me promettant d’être à mes côtés jusqu’à ce que je le repousse. D’être présent à n’importe quelle heure, n’importe quel jour.

Nous n’avons jamais reparlé du procès, ni même de tuer Collins, s’il s’en sortait. Je ne sais pas s’il restait sur la réserve pour moi. Pour ne pas aggraver la situation.

Quoi qu’il en soit, trois jours après le procès je ne lui ai plus donné une seule nouvelle. On se croisait à l’hôpital, mais on ne se disait rien. Il tenait sa promesse.

À vrai dire, je n’ai plus donné de nouvelles à personne d’autre. Ni à mes amies ni à mes grands-parents. Personne ne savait ce que je devenais.

Je recevais des messages tous les jours, mais personne ne savait où j’étais.

Je restais enfermé, dans l’appartement d’Axel. Je ne sortais que pour aller le voir à l’hôpital. Je profitais de cette sortie pour faire le peu de courses nécessaire pour survivre, et surtout acheter des clopes.

Voilà comment j’ai passé mon mois post-procès. J’ai fixé le plafond de la chambre d’Axel, je me suis rendu à son chevet, j’ai fait des papiers et j’ai fumais, sans jamais me sentir apaisé.

C’est justement en pensant à ça, au chevet d’Axel, ce soir-là, que j’ai compris que ma place n’était plus là.

En sortant de l’hôpital, je ne suis pas rentré directement chez lui, j’ai erré dans les rues d’Orthez, comme je le faisais quand je l’ai rencontré. Sans but précis. Je passais devant des vitrines, décoré pour Halloween. Même si cette fête n’était pas aussi répandue ici qu’aux états unis, les commerçants jouaient le jeu.

Il y avait un peu d’animation, dans les rues, malgré le froid, les gens continuaient de sortir les samedis soir. La vie ne s’était pas arrêtée.

J’ai marché jusqu’au Petit Pachira, là où j’avais rencontré Axel. Je me suis assise sur le banc en face de l’établissement. Je me suis remémoré le repas passé avec mes amies. J’avais l’impression que c’était il y a des années, alors qu’en faite ça ne fait même pas deux mois entiers que je le connais.

En faite quand j’y repense, c’est vrai. Je ne connais rien d’Axel, j’ai ouvert la porte à un inconnu, quand je fais le calcul dans ma tête nous n’avons passé que deux semaines et demie ensemble. Ça fait un mois maintenant qu’il n’a pas ouvert les yeux. Qu’est-ce que j’ai fait de ma vie ? Que diraient mes parents s’ils étaient encore là ?

Je prenais peu à peu conscience de la débandade qu’était devenue ma vie. Je suis tombée amoureuse d’un inconnu en deux semaines. Pire encore j’ai couché avec deux personnes !

Je sentais l’angoisse monter en moi, comment j’avais pu faire ça ? Ce n’était pas moi. Il fallait que je reprenne ma vie en main.

Je suis rentré chez Axel, je me suis installé à la table de la cuisine. Feuilles et stylo en main. J’ai couché sur le papier tout ce que je devais dire lui dire. Tout ce qu’il m’avait fait ressentir. Et surtout toute l’angoisse qui m’avait envahi au moment où j’ai réalisé que ça ne faisait que deux semaines. Deux semaines durant lesquels il m’avait fait ressentir des choses que je n’avais plus ressenties depuis des mois.

Je me suis ensuite couché dans son lit. Dans des draps qui ne portaient plus son odeur depuis longtemps.

Le lendemain matin, j’ai pris mon courage à deux mains, je suis descendu, dans son souterrain. Je me suis assise derrière le volant. Et j’ai démarré la voiture d’Axel.

Je n’avais rien oublié. Je me suis rendu chez mon notaire. Pour y déposer la lettre écrite hier soir et les derniers papiers demandés. J’avais glissé une note à son intention lui expliquant tout.

Puis j’ai rendu une dernière visite à Axel. Je ne pouvais pas partir sans le voir une dernière fois. Sans embrasser une dernière fois ses lèvres.

Puis j’ai quitté l’hôpital, et la ville.

La seule solution que j’avais trouvée à tous mes problèmes était de fuir. Fuir là où personne ne pourrait me trouver. C’était la seule façon d’oublier le reste. La seule façon de pouvoir vider mon esprit.

Partir.

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bbbbbbb ccccccccccccc
bbbbbbb ccccccccccccc
2 années il y a

C’est un sacré tournant!
Et pourquoi pas?

bbbbbbb ccccccccccccc
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2 années il y a

Mince, c’est déjà la fin!

DeJavel O.
2 années il y a

Oh ! Ce vide qu’elle ressent. Nous le ressentons aussi ! Magnifique !

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