L’appel d’Hyvia

12 mins

Læm

Le vent frais me gifle le visage tandis que j’observe la nuit qui défile sous mes yeux.
Attentive au moindre détail, aussi silencieuse qu’une ombre, prête à disparaître au moindre mouvement, je suis à l’affût juché sur l’un des nombreux toits de l’impasse. En équilibre entre le bord et une fenêtre qui me sert de soutien, le moindre mouvement brusque serait susceptible de me faire chuter. À cette hauteur, cela me serait sans doute fatal. 
Mon souffle est lent et silencieux. Je sens le froid mordre chaque parcelle de ma peau à nue. 
Mes cheveux blanc comme neige sont soumis à une danse endiablé avec le vent. Je serre les dents, je souhaiterai jurer ou réagir mais n’importe laquelle de ces actions pourrait me mettre dans une situation particulièrement inconfortable. 
Si seulement j’avais pensé à attacher ma capuche avant le lever du vent. 
Mon point de vue me permet de scruter le visage de chaque personne qui entre ou sort de l’impasse. Impasse éclairé uniquement par de grandes lampes aux flammes vacillantes. Les rares passants ne perdent pas de temps et se précipitent dans l’un des bâtiment en espérant ne pas être reconnus. 
Je suis dans la contrainte de rester dans cette inconfortable position jusqu’à ce qu’il arrive, inutile de dire que cela pourrait durer de très longues heures.
Je détaille chaque visage que j’aperçois. Il est hors de question de laisser ma cible s’enfuir. La plupart d’entre eux pourraient être l’une de mes cibles. Les gens qui n’ont rien à se reprocher ne traînent pas dans un endroit comme celui-ci, le genre où même les gardes ne s’aventurent qu’en cas d’urgence. La plupart des passants sont des nobles ayant acquis leur fortune par des moyens discutables. 
L’une des portes de la rue s’ouvre dans un fracas assourdissant et vient s’écraser violemment contre le mur de l’établissement. Un rire d’Être particulièrement grâve et alcoolisé résonne dans l’impasse sans vie. Un Gnol de grande taille se faufile hors du bâtiment en tenant sous ses bras deux jeunes Êtresse. Avec son bras massif, il les attire contre son corps imposant.
En titubant, celui-ci avance vers le mur qui lui fait face. Je remarque qu’il manque de chuter à plusieurs reprises, heureusement les deux Êtresses le retiennent à bout de bras en mettant toutes leurs forces pour le maintenir le plus droit possible. 
La plus jeune des deux semble agité, son regard balaye la ruelle dans tous les sens. Elle semble particulièrement apeurée. 
La deuxième en revanche semble s’amuser de la situation. Après avoir aider le Gnol à s’assoir sur un banc, elle attrape la veste de l’Être alcoolisé. Sans perdre un instant, elle la passe au-dessus de son épaule et rejoint en quelques pas l’autre Êtresse qui l’attends quelques mètres plus loin. 
Malheureusement pour elles, le Gnol semble reprendre conscience et d’un coup il se lève et se projette sur les deux Êtresses en poussant un rugissement inquiétant. 
Ces dernières se retournent étonnées et paniquées sans savoir comment réagir, quand elles réalisent ce qui se passe il est déjà trop tard. Le Gnol attrape de sa solide poigne le cou de la plus âgée des deux. Du haut de ses deux mètres cinquante, les pieds de la jeune Êtresse ne touchent plus le sol, je remarque à la lueur des flammes chancelantes que son visage commence à tourner au bleu et son souffle se fait de plus en plus irrégulier. Ses jambes sont parcourus de spasmes tandis qu’elle tâtonne de son bras droit le visage de son agresseur. Son bras gauche tentant désespérément de libérer son cou. 
Assise sur le toit et témoin de la scène, j’hésite à descendre. Je prie un instant pour que quelqu’un arrive et s’interpose pour m’éviter de rompre ma couverture.
Malheureusement voyant que personne ne viens et sachant la situation critique, je me décide à aller les aider.
De ma main gauche j’attrape la corde qui m’a permise de monter. Je me laisse glisser le long du toit en tenant le lien pour me retrouver à l’horizontal et descendre le long du mur en rappel.
Quelques secondes me suffisent pour atteindre le sol.
Je n’en perd pas une seule de plus pour me précipiter vers les Êtresses.
Mais contre toute attente, en arrivant sur la scène de l’agression. Elles sont toutes les deux introuvable. Seul le cadavre du Gnol est étendu au sol dans une flaque de sang qui prend son départ depuis la gorge tranchée de l’Être.
Je ne peux m’empêcher de sourire en le voyant comme ça. Je remarque également que son manteau a également disparu. 
Quelques instant je reste immobile, le regard braqué sur l’entrée de la ruelle. Encore stupéfaite par les actions des jeunes Êtresse.
Je profite cependant d’être descendu pour me dégourdir les jambes, après autant de temps passer sur le toit sans bouger, retrouver le sol me fait un grand bien.
Rapidement cependant, je décide de déplacer le corps du Gnol. Si je le laisse ici, quelqu’un pourrait me prendre pour la tueuse. Et quand bien même je déciderai de le laisser ici et de remonter surveiller, la vue d’un cadavre ferait sans le moindre doute paniquer ma cible ce qui compliquerait mon objectif. 
Silencieuse et attentive au moindre bruit, je me saisis du corps en l’attrapant sous les bras et de toute mes forces, je le traîne jusqu’au bout de l’allée.
Chaque grincement ou bruit soudain me fait sursauter mais je ne m’arrête sous aucune condition.
Je parviens finalement à me glisser derrière un monticule d’objet abandonné. Je n’ai plus qu’à espérer qu’il n’attire l’attention de personne.
Calmement, je me redresse et tente de reprendre une attitude normale. Avant de sortir de la cachette que je partage avec le Gnol sans vie, je passe un coup de tissu sur mon front transpirant. 
Je m’apprête à rebrousser chemin quand un élément dans mon champ de vision met tous mes sens en alerte.
Du coin de l’œil, je perçois une grande ombre projetée grâce aux lampes.
Le souffle court, je me penche légèrement afin d’avoir un point de vue sur la ruelle. Mon cœur rate un battement et je meurs d’envie de me cogner la tête contre un mur en voyant ma cible s’éloigner.
Si la chance avait été de mon côté, j’aurai pu profité de ma hauteur en le filant de toit en toit. Il est maintenant trop tard pour cela, ma seule chance dorénavant est de n’être remarqué ni de lui, ni d’un quelconque passant. Si mon comportement semble suspect pour l’un d’eux, je pourrai dire au revoir à ma trouvaille.
Je respire un grand coup et ferme les yeux. Pour l’instant je n’ai pas d’autre choix que d’attendre qu’il quitte la ruelle. S’il me voyait ici, il comprendrait tout de suite que quelque chose cloche. Nul doute qu’il connaisse le visage de chaque personne susceptible de passer par cette ruelle.
Malgré ma cachette approximative, je garde un œil sur lui au moment où il quitte la ruelle, non sans regarder autour de lui. Hors de question de perdre sa trace. 
À peine sorti de mon champ de vision, je me lève dans un grand bon et me précipite loin du cadavre du Gnol qui me tenait compagnie. 
Rapidement, je décide de prendre quelque précaution et attache ma capuche afin de cacher au mieux mon visage. 
Je cours sans m’arrêter jusqu’au tournant de la rue au niveau de laquelle ma cible a disparu. Chaque foulée est parfaitement contrôlée pour faire le moins de bruit possible. Mon souffle est si régulier que l’effort ne m’essoufle pas le moins du monde. Je parviens au bout de la rue et me plaque immédiatement contre un mur qui fait la liaison avec le reste de la ville. 
Toujours aussi alerte, je me penche légèrement, tapie dans l’ombre, pour apercevoir la foule qui se presse dans cette partie légèrement plus fréquentable de Rosgar. 
De nombreuses lumières traversent les vitrines des tavernes, échoppe et bar à joie.
La tête baissée et les mains dans les poches de ma longue veste, je maintient une distance raisonnable avec l’homme que je poursuis. Heureusement, malgré ma tenue pour le moins atypique, je ne semble pas trop suspecte.
La plupart des gens qui m’entourent le serait tout autant que moi.
Être reconnu dans cette partie de Rosgar serait pour la plupart d’entre eux un frein à leur vie sociale et professionnelle.
Quand à moi, je préfère ne pas imaginer ce qui se passerait si j’étais découverte ici. 
Machinalement, mes mains viennent se placer au-dessus de mes dagues cachées sous vêtement. 
Je continue d’avancer, quelques fois je lève rapidement ma tête pour vérifier que mon contrat est toujours devant moi. Heureusement, il ne semble pas avoir encore remarqué ma présence. Lui même paraît réticent à l’idée de rester ici trop longtemps. Il poursuit sa route sans accorder un seul regard aux Êtres qui l’entourent. 
À plusieurs reprise, j’entends les charabias incompréhensibles de certains d’entre eux, trop amochés pour avoir une discussion normale. Parfois affalé en plein milieu de la place, à la merci des voleurs. 
Évidemment, l’idée d’aller me servir me tente plus d’une fois mais je me ressaisi. Je suis ici pour quelque chose de bien plus important. 
Petit à petit, tandis que nous nous approchons du centre de Rosgar, l’atmosphère s’adoucit. La nuit se fait plus calme et les passants plus rares. 
Nous traversons ainsi plusieurs ruelles et places, la quantité moindre d’Être croisé me force à reprendre une filature plus discrète à mon grand regret. Cachée derrière les coin de bâtiments, j’avance discrètement telle une ombre inéluctablement liée à son corps.
Finalement je vois ma cible s’engager sous une arche relié par deux grands bâtiments à l’aspect luxueux. Derrière se trouve l’une des parties les plus prisées de Rosgar, seul le seigneur peut se vanter de posséder un domicile plus grandiose que ceux-ci. Uniquement à Rosgar cela dit. D’après certains dires, les maisons de noble de Ambria seraient aussi prestigieuses que celle du seigneur de Rosgar. 
Le bruit d’une porte qui s’ouvre me sort de mes pensées juste à temps pour que je puisse voir l’Être que je file pénétrer l’un des bâtiment. 
Rapidement mais toujours aussi silencieusement que possible, je m’approche du bâtiment dans lequel l’homme a disparu. 
Après un rapide coup d’œil aux alentours, alors que je m’apprête à m’élancer contre le mur dans l’idée de l’escalader, la porte s’ouvre et dans son entrebaillement apparaît ma cible.
– Vous êtes déjà là ? dit-il en me reluquant de haut en bas avec un regard fatigué. J’espère que personne ne vous a aperçu. dis-il à voix haute en retournant à l’intérieur.
Quelques instants, je reste immobile devant la porte. Bouche bée face à ce qui vient d’arriver.
Rapidement cependant je reprend le contrôle et m’avance vers l’entrée toujours ouverte qui me tend les bras. 
Lentement, je m’avance vers la porte qui m’attends dans l’obscurité de la nuit comme les crocs d’un démon prêt à me dévorer. 
Je sers les poings discrètement et accepte de me prêter au jeu. Je connais ma cible, je saurai y faire face. 
Du haut des marches qui mènent à son domicile, son regard se pose sur moi tel une créature guettant une proie de toute sa hauteure. Ce qu’il ne sait pas, c’est que l’Êtresse qu’il observe en ce moment est une chasseuse aguerrie prête à tout pour l’empêcher à jamais de se servir de ses griffes. 
Je m’approche de la grande porte avec comme détermination la volonté de mettre fin au mal abject que l’homme qui me fait face à créer au sein de Rosgar. Pour l’instant, je me force à afficher un grand sourire séducteur. Je sais que c’est tout ce qu’il attend de ma part. 
Une fois entrée dans la luxueuse demeure, l’homme referme doucement la porte derrière moi. Je sens son regard se poser sur moi pendant de très longues secondes. 
Ce regard provoque chez moi sans que je le veuille, un tremblement nerveux à travers mon corps entier. Comment peuvent-elles seulement supporter cela ? 
Satisfait, il avance dans son entrée non sans m’avoir invitée à le suivre. 
Sans un mot, je le suis à la trace en faisant attention à garder une certaine distance avec lui. 
Les mains dans le dos, il progresse le long du couloir d’une démarche assurée, la tête haute.
Rapidement nous arrivons dans une grande pièce faiblement éclairée. La température plus fraîche ainsi que le manque de décoration me font penser qu’il ne s’agit pas d’une salle importante de sa demeure. Peut-être même ne l’utilise t-il que pour rencontrer ses travailleuses. 
Tandis que mon hôte s’avance dans le petite salon. J’en profite pour observer ce qui m’entoure. 
À ma droite, juste à côté de la porte, j’aperçois un meuble à l’aspect vieillissant sur lequel est posé un grand nombre de bougies de différentes formes et tailles. 
À ma gauche, je vois plusieurs fauteuils posé les uns à côté des autres. 
Au centre de la pièce, une petite table trône entouré d’un autre fauteuil placé face à un divan. 
Mon regard s’arrête sur ce divan. Je sens mon cœur s’accélérer en voyant mon hôte en train de m’observer en souriant depuis celui-ci. 
– Assied toi, je t’en prie. Me dit-il en désignant le fauteuil isolé. 
Sans le lâcher du regard, j’obéis. Curieuse de savoir ce qui va se passer. 
Pendant plusieurs secondes, je sens à nouveau son regard malsain et insistant se poser sur moi. Il m’observe sans parler. 
Gênée par ses actions, je me redresse dans mon siège. Il le remarque et je vois un sourire se dessiner sur son visage ridé. 
– Bien, tu n’es pas du genre facile hein. Tant mieux certains clients adorent ça, s’exprime-il en se levant de son siège. 
Lentement il s’approche de moi. Sa main se lève et je la voie s’approcher de mon visage. Par réflexe, je place ma main sur le manche de ma dague, prête à la dégainer. Heureusement pour l’homme, il ne s’approche pas plus de moi. Il se contente de m’observer en me demandant d’une voix calme. 
– Es-tu une Êtresse expérimentée ? Tout en passant ses doigts dans sa barbe mal taillé. 
Prise au dépourvu, je me contente de hocher la tête de gauche à droite. Je sens malgré moi ma main se serrer encore plus autour du manche de mon arme. Je me force garder un visage impassible. 
Ma réponse prononcée, son sourire s’agrandit plus que jamais. Avant de répondre, il prend la direction de l’entrée de la pièce. 
Quelques instant, je l’imagine fermer le verrou de la porte pour pouvoir s’en prendre en moi. 
Heureusement, il ne s’abaisse pas à cela. Du moins pas encore. J’entends un meuble s’ouvrir et en me retournant, je vois l’homme s’affairer autour du meuble sur lequel sont posé les bougies. Après quelques instants, il se relève. Dans ses bras je distingue une bouteille de Shrip. Un alcool particulièrement reconnu dans la région. 
Tout en joie, l’homme revient s’asseoir sur le divan en face de moi. Après avoir délicatement posé la bouteille sur la petite table, il se saisit de deux verre et commence à les remplir en me jetant régulièrement un regard pétillant. 
– Les clients se battront pour une fille inexpérimenté et aussi jolie, tu vas valoir beaucoup crois moi, s’exclame-il d’une voix enjoué et sans la moindre gêne. 
Les verres remplis, il m’en tend un. Je fais mine de ne pas avoir entendu l’absurdité tout juste sortie de sa bouche. 
Curieuse de découvrir enfin cette boisson, j’approche mes lèvres du verre et laisse le liquide couler dans ma bouche.
Je sens la chaleur de l’alcool se propager de ma bouche à ma gorge, poursuivant sa route jusqu’à mon estomac en prenant le temps de chauffer chaque partie traversée. Étonnement, cela me fait un bien fou. 
L’arôme et la force de la boisson me donnent un coup de booste. Je n’aurais pas pensé apprécier autant cela. 
Sous le regard perçant de l’Être, je me repositionne dans le fauteuil. Cherchant une position confortable. Je sens mon corps commencer à chauffer si bien que de grosses gouttes de transpiration commencent à se former sur mon front. Intriguée, je décide d’arrêter de boire pour le moment en replaçant ma boisson sur la table. 
Cela semble le satisfaire car il repose son verre tout juste entamé. 
Alors que je commence à accepter le fait qu’il ne soit peut-être pas aussi pourri que je le pensais, j’aperçois sa main se diriger vers son entrejambe. 
Tout d’un coup, son sourire et son regard change de manière inexplicable. Le faisant passer d’un homme excité à un homme dangereux.
De sa main libre, il pointe un doigt dans ma direction puis vers son membre sortie à l’air libre. 
– Je ne veux pas t’abimer. Montre moi ce que tu sait faire avec ta bouche, cela suffira, intime il à mon égard.
À moitié étonné, je me lève du fauteuil et lentement m’approche du divan sur lequel l’homme est vautré. La tête entre les bras. Il patiente, excité à l’idée de ce qu’il pense être sur le point d’arriver.
-Il faudra que l’on trouve un nom de scène pour toi. À moins que tu en ai déjà un ? demande-t-il toujours sans prendre la peine de me regarder. 
Malheureusement pour lui, c’est maintenant que ma compagnie cesse d’être aussi agréable. 
Je me saisis finalement de ma dague et la retire de son étuis. 
D’un coup sec, je plante d’un coup sec ma lame dans sa cuisse. Dans un hurlement incomparable, il se redresse. 
– Mais qu’est-ce qui te prend ! Tu es folle ? dit-il d’une voix emplie de colère tout en se tordant de douleur. 
Je reste impassible devant lui, tranquillement je prend le temps d’essuyer la lame sanglante sur ses vêtement. 
Je reste debout devant lui, mon arme à la main. Le voir souffrir me libère enfin du malaise qui m’habite depuis mon entrée dans sa demeure. 
Finalement, après une longue attente, il se calme et pose ses yeux énervés sur moi. Bien que de grosse larmes continue de couler le long de ses joues. 
– Tu ne te rend pas compte de ce que tu viens de faire. Dès demain, je te ferai emprisonnée, tu sera torturée, violée et ce jusqu’à la fin de tes jours ! s’écrit-il en pensant m’effrayer, ce qui me laisse même entrevoir un léger rictus sur son visage. 
Mais sans qu’il s’y attende, c’est moi qui me mets à sourire. Je prends le temps de m’asseoir à côté de lui. Je l’observe dans les yeux et calmement je lui réponds. 
– Exactement la même chose que si j’avais accepté de travailler pour vous en somme ? 
Une expression d’incompréhension s’étale sur son visage. Quant à moi, je me relève brusquement, d’un mouvement agile sous son regard apeuré par mon calme apparent. 
– Oh et j’ai oublié de vous dire, j’ai déjà un nom de scène. 
Je ne sais pas si c’est mon sourire ou le résultat d’une réflexion de sa part mais un voile ténébreux passe à travers son regard. Ses lèvres se mettent à trembler et je sens la peur grandir en lui. 
Fière, je me penche vers lui jusqu’à ce que nos visages se retrouvent à quelques centimètres l’un de l’autre. 
– On m’appelle le corbeau. je lui susurre en souriant. 
L’effet est immédiat, comme si la douleur de son entrejambe avait disparu, il s’éjecte du sofa et s’écrase par terre. Une expression de terreur grandissante sur le visage. 
– Non non non, répète il en commençant à ramper pour augmenter la distance qui nous sépare. Bientôt sa voix se fait moins clair, mélanger à ses larmes. 
Mais je gagne facilement du terrain. Lorsqu’il se retrouve bloqué contre l’un des murs de la pièce, le désespoir prend possession de lui. Il se jette à mes pieds et en gardant le visage contre le sol il s’écrit:
– Je vous donnerai tout ce que vous voulez, vous aurez toute ma fortune, je fermerai mon bar ! Je vous le promets. 
D’un coup sec, je le repousse. Il se retrouve sur le dos, le visage recouvert de morve. Son regard me supplie de le laisser vivre. 
Je m’agenouille à ses côtés et tendrement lui tapote l’épaule. 
– Mais si je vous tue, j’aurai tout ce que je veux. Ne recule pas devant ton destin. 
Les yeux plein de larmes, il pose son regard dans le mien. Sans doute à la recherche d’une faille à exploiter. Je décide de profiter de ce moment de calme pour passer à l’acte. 
D’un coup sec, je tranche de ma lame la gorge ridée de l’homme. Déversant un flot de sang continu sur le sol de la pièce.
Avant de ranger mon arme, je donne un coup de manche le plus fort possible sur le crâne de ma victime. Le bruit de craquement me signale la réussite de l’action. 
Je relève mon arme et l’essuis à nouveau sur les vêtements du cadavre avant de la ranger dans son étui. 
Quelques instants j’observe le corps sans vie. Il méritait de mourir. Rosgar se portera mieux sans lui. 
Je souris en voyant le signe sur son front. Formé de sang frais, un corbeau aux ailes déployées se distingue sur son crâne. Les gens sauront. Ils sauront que la route du corbeau est parsemée de sang et de cadavres. Et que rien ni personne n’est à l’abri de sa lame.

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1 Commentaire
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Mke Mke
3 années il y a

Le fond est bien prenant, les personnages et la situation bien amenés
Il manque un peu de travail sur la forme pour que je sois complètement transporté 🙂
En tous cas continue!
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