Le Conte de la Sorcière des Bois 49. Le bois essaimé en bûches

10 mins

Au sortir des Gorges, la bise soufflant du nord terrassa le brouillard et Nellis sentit les courants de magie s’ébattre. Chacun portait son lot de séquelles. La peau à vif, chair de poule, ampoulée, pensées en ébullition constante. Le froid libéré les engloutit, mais la chaleur des retrouvailles maintenait leurs pieds alertes et leurs consciences à flot.

Les terres au-delà des Gorges offraient un paysage aussi nu et dépravé qu’un faune. Les intempéries l’avaient depuis des lustres dépouillé de sa flore, les cavalcades du vent furieux et les glissements de terrain coutumiers dans ce pays soumis aux caprices du Seratusor, le grand mont couronné de fumées, volcan de son état, tyran de ces contrées, et dont le cratère constituait l’apanage des démonifées : Morbani, nom honni et maudit depuis tant et plus de générations. Seul un lichen gris poussait sur la roche et la terre n’enfantait que des arbustes rabougris et laids chargés d’épines. Aucun chant d’oiseau, pas le moindre brame ou rugissement dans le lointain. Un désert gelé s’étendait à perte de vue de sous leurs pieds jusque loin au-dessus de leurs têtes. Un désert sombre et laid, nourri par une lumière morne, inhospitalière, que dispensait un astre pâle constamment voilé. Les nuées orageuses s’élevaient en colonnes monstrueuses qui dévoraient les montagnes aux corps déformés, tordus par les mains d’un ciel cruel. Certains mastodontes de roc et de terre se présentaient les tripes à l’air. Tous se prosternaient devant la magnificence ombrageuse du Seratusor. Les éruptions successives avaient gravement mutilé le volcan, lequel évoquait un ogre bouffi avachi dans son lit, effroyable avec son florilège de rides et de cicatrices. Le Seratusor portait en toute circonstance un diadème noir de nuages infâmes repus des cendres crachées par son estomac en fusion. Il évoquait un roi d’antan, grisé par l’âge et corrompu par l’orgueil. Son crâne trépané s’ouvrait sur la gueule de Morbani, le royaume des démonifées, parangon de déchéance enrobé de triomphe. Lien entre ciel et terre, le vieil empereur vomissait sa rancœur à l’encontre des dieux. Sa haine retombait ensuite sous forme de pluies noires et acides qui, à l’image d’une horde de vers, se faufilaient dans la matrice du monde pour la ronger ; tel l’esprit qui engendre la sorcière. Tout le poids de la malédiction pesait sur l’horizon sinistre. Son aura ténébreuse imprégnait chaque molécule d’air, la moindre goutte d’eau, la plus infime particule de terre. Tel était l’héritage du Fléau Suprême d’Antan, dont nos aventuriers lorgnaient dorénavant avec dégoût l’antique nid.

Après un univers privé de formes, contempler les montagnes, aussi nues et laides soient-elles, revigorait les cœurs balbutiants. Ils avaient frôlé la mort au point de sentir son haleine. Le tambourin de poitrine et les caresses timides du soleil sur les contusions ravivèrent le spectre de leur volonté. Le trépas ne les effrayait plus maintenant qu’ils en avaient savouré l’avant-goût, seul l’échec et la défaite les terrorisaient.

Les ruisseaux de souvenirs remplissaient peu à peu les mémoires à mesure que les cerveaux courbaturés recrachaient le poison qu’ils n’avaient eu de cesse d’ingérer durant plusieurs jours ; quatre selon leurs calculs. Des jours seulement ? Cela ne faisait-il pas des lunes entières, voire des années plutôt ?

La nuit tombée leur permit de se raccrocher à la course du temps. La lune était presque pleine et, déjà, rosissait comme une demoiselle devant son amant. La lune de sang approchait à grands pas et il leur restait encore un long chemin à parcourir bien qu’ils soient déjà venus à bout de maints défis promis et désastres annoncés.

La troupe établit sa retraite aux abords d’une cascade vomissant une eau vert d’algue, à l’abri d’un pont de pierre naturel et nichée dans l’enfoncement du précipice enjambé par la structure. Ainsi protégés des intempéries et des bourrasques, à proximité d’une source d’eau – potable une fois purgée de ses impuretés –, ils avaient tout loisir de panser leurs plaies.

Le seul qui s’en sortait sans une égratignure, c’était Mousse-qui-pique. Le lâche salopiaud avait dormi tout du long du sommeil des braves sans que rien, pas même le tohu-bohu du combat entre démone et vampire, ne l’expulse de son petit monde de quiétude. Nellis, en l’endormant, avait certainement bien chargé la mule histoire d’éloigner tous les songes, bons ou mauvais, de sa petite frimousse. À vrai dire, elle ne s’en souvenait plus. En tout cas, notre lapin-mousse s’était réveillé avec une énergie du tonnerre, et leur avait jeté à tous un regard incrédule, se demandant bien pourquoi ils étaient autant amochés.

Le temps devait guérir la majorité des blessures infligées par les Gorges. Ce temps qui leur faisait cruellement défaut. Traître temps. Vil scélérat qui promet une éternelle attente mais qui, sous ses sourires de farceur, complote une brutale chute pour ceux qui l’écoutent.

« Nous ne pouvons prendre le risque de manquer la première nuit de la lune de sang », déclara Quo au soir du second jour de leur retraite.

La démone, dont le teint évoquait d’ordinaire les profondeurs de la nuit, arborait par-dessus un masque livide. L’hiver s’était abattu sur ses pensées. La démone broyait du noir au point de transformer son chagrin en farine. Elle était, et de loin, celle que les Gorges avaient le plus marquée à défaut de porter les séquelles les plus visibles. Changement plus impressionnant encore, et qui ne manquait pas d’en inquiéter plus d’un au sein du groupe : de grandes cornes ornaient dorénavant son crâne. D’excroissances à peine visibles parmi sa touffe de frisottis vert mousse au départ, elles avaient poussé à une vitesse folle, et après quelques jours, atteignaient désormais une dimension impressionnante. Toutes en tortillons et stries, elles évoquaient les appendices d’un bouc. Un dégradé de rouge, luminescent dans l’obscurité, les peignait. Selon l’intéressée, ces cornes ne poussaient qu’à l’approche de la lune de sang et servaient d’outil de séduction aux démons auprès des démonifées. Pour Jilam, voilà qui faisait sens à l’expression « cornes de démon », si populaire parmi les gens du bois. Associées à ses traits moribonds, ces cornes conféraient à Quo une aura à la fois vibrante et pesante. La démone faisait véritablement peur à voir, dans tous les sens du terme.

« Les portes de Morbani ne s’ouvrent que deux fois par cycle démonique : la première nuit de la lune de sang et la dernière.

Ne peut-on simplement les enfoncer ? questionna Nellis, tendue de posture et de ton.

Loin de moi l’idée de douter de ton pouvoir, très chère… » Du bout des doigts, Quo effleura son orbite borgne. « … mais les Puissances Sombres protègent Morbani. Toi-même ne saurait leur tenir tête.

Attendez voir, intervint Jilam. Si je comprends bien, ce sont ces Puissances Sombres qui recherchent Nazukahi, parce qu’elle a contracté une dette auprès d’eux. Et ce sont ces mêmes… créatures, monstres, divinités, choses, peu importe, qui ont lâché les panthères d’érèbe sur ses traces. Je veux dire, vous ne trouvez pas bizarre que Nazukahi ait trouvé refuge là où ses débiteurs règnent en maîtres absolus ?

Futé le furet, le congratula Tête-de-Pie ; ce à quoi Reyn ajouta : Les proies les plus malines savent se dissimuler sous le museau de leurs prédateurs. Nous autres, Rats Chevelus, avons l’habitude de nous terrer là où nos ennemis n’auraient jamais l’idée de nous traquer.

Comme dans un cimetière de trolls visible à des lieues à la ronde, hein ? » L’elfe esquissa un sourire de connivence avec le mortel.

La reine des Rats avaient repris du poil de la bête depuis leur installation ; elle qui avait pourtant toquée si longtemps aux portes de l’au-delà. Un miracle qu’elles ne se soient pas ouvertes. Son esprit s’était éternisé dans la nébuleuse du rêve sans fin et elle n’avait repris pleinement conscience qu’au matin de cette journée. Une fois son corps et son esprit purgés et tonifiés, Nellis s’était aussitôt attelée à irriguer d’un sang neuf les veines exsangues de l’elfe mutilée. Reyn n’en conservait pas moins de profondes séquelles qui mettraient du temps à se résorber. Outre les bandages rembourrant sa carcasse rachitique, que l’aventure et les récents évènements avaient œuvré à faire fondre, le vert feuillu de son teint s’était changé en gris morbide et sa flamboyante chevelure s’effilochait en boucles cendrées. Mais sa pire souffrance provenait de la blessure infligée à sa fierté, et cette cicatrice serait sans doute la plus persistante.

La discussion se poursuivit aux dépends de la nuit.

« Le Seratusor comporte deux sentiers conduisant à Morbani, un sur chacun de ses versants, narra Quo. Un seul est emprunté, celui qui prolonge la Route des Démons. L’ascension est relativement aisée et rapide, mais l’ennui…

C’est qu’elle grouille de démons, hein ? la coupa Nellis, la langue aussi vive qu’une serpe et acerbe qu’un serpent. Nous pouvons quand même la tenter. Il suffira de nous farder en offrandes. Rien que le temps de l’ascension. Quo, tu nous guideras. Chacun la boucle et personne ne fait d’œillade à un démon, dit-elle en zyeutant Jilam.

Le subterfuge peut en effet fonctionner, soutint la démone, une moue pensive. Néanmoins le risque est grand. Trop grand si vous souhaitez mon avis. À ce stade du périple, nous, démons, sommes éreintés par le voyage. Et plus qu’affamés. » Son unique œil glissa à son tour vers Jilam pour aussitôt s’enfuir. Le jeune homme en ressentit un certain frisson. Quo enchaîna, mâchant ses mots. « Hum… L’autre sentier emprunte le versant le plus abrupt du Seratusor. Son accès est ardu et son ascension tout autant. C’est pour cette raison qu’il est abandonné depuis des temps immémoriaux. Les démons ne l’empruntent jamais, les démonifées non plus.

Reyn ricana. « En gros, tu veux qu’on prenne la porte de derrière.

Bouah ! s’exclama Tête-de-Pie. Je préfère des jambes en copeaux qu’en gigot. Va pour ton sentier de la mort, bonne démone ! »

Mais Quo n’avait pas terminé. « Nous devons aussi parler de l’autre défi auquel nous devrons faire face avant d’entamer l’ascension de la montagne. » Elle avait déjà mentionné les épreuves qui les attendraient au terme de leur long périple, mais les récents événements avaient grandement malmené les mémoires.

« Ah oui ! Le Sphinx ! » s’exclama Silène qui jusqu’ici s’était gardée d’intervenir.

L’apparition de ces créatures mythiques étaient rarissimes, y compris au regard du monde ancien. Deux spécimens nichaient cependant sur le Seratusor et gardaient la route vers Morbani pour le compte des démonifées qui, en échange de leurs grâcieux services, les récompensaient par de grasses offrandes. Quo réitéra ses explications, y ajoutant certains détails. En résumé, l’un d’eux garde chacun son flanc de montagne. Le Sphinx interroge les visiteurs ; ceux qui répondent aux énigmes se voient accorder un sauf-conduit, les mauvaises langues sont impitoyablement dévorées.

Jilam connaissait par cœur les légendes tirées des contes qui l’avaient bercé toute son enfance. Aujourd’hui, le garçon devenu homme baignait dans ces légendes métamorphosées en réalité. « Et si on répond faux ? s’enquit-il. Ce sera fini ? Hop ! Comme ça ? D’un claquement de doigts. » Les autres l’observèrent, chacun son expression propre.

Tête-de-Pie s’ébroua. « Allons les pitres, au pire, si on répond faux, y aura qu’à passer en force. Avec l’attirail qu’on se trimballe. Une sorcière, une démone, une chamane et un lapin-mousse. Après le griffon, les trolls, les mammours et les pierres qui vous ravagent le ciboulot, votre Sphinx il fera miaou avant de détaler comme les autres lurons. »

Un silence circonspect salua sa facétie, bientôt brisé par le timbre glacial de Nellis. « La magie du Sphinx n’est pas à prendre à la légère. Ces créatures ont vu naître l’ancien monde. Certains prétendent même qu’elles ont insufflé l’intelligence au vivant. Ce ne sont pas juste de méchants bestiaux qu’on peut apprivoiser d’un bon coup de bâton.

Silène acquiesça. « Il est dit que les dieux eux-mêmes n’osent braver le terrain de chasse d’un sphinx.

Pas de souci. Il suffira de répondre à l’énigme et c’est plié. » Tous les regards se tournèrent une fois de plus vers Jilam qui rougit. « Quoi ? »

Rien, rien, marmonna Nellis.

Ton enthousiasme fait chaud à mes cœurs », s’égaya Tête-de-Pie.

Et Reyn de ronchonner : « L’optimisme des mortels…

Le véritable sage ne craint pas la question, car il connaît déjà la réponse. » Quo réfléchissait tout en fixant Jilam, non pas en face mais du même regard en coin qu’elle lui réservait depuis leur échappée des Gorges.

« Réponse ou pas, pas le choix, trancha Nellis. Faudra juste redoubler de prudence. Les sphinx ont un esprit retors.

Tu en as déjà rencontré un ? l’interrogea Silène.

Ouais. Et l’envie de récidiver cette rencontre ne me chauffe guère vu comment la dernière fois j’y ai perdu des plumes. » Écouter Nellis narrer ses moments de faiblesse suffirait à insuffler la terreur dans l’esprit d’un dragon.

« Qu’est-ce qui peut être pire après tout ce qu’on a vécu ? » Personne ne répondit à la question rhétorique teintée d’ironie de Reyn. Mais chacun songeait à la même réponse : Tout et rien, en vérité.

Ils débattirent encore, discoururent et planifièrent jusqu’au lever du jour. Les larmes vespérales de la Demoiselle de l’Aube séchèrent. Leur succéda la chevauchée dorée du Seigneur du Zénith sous sa cape de brume. Ce n’est qu’au fracas de son galop boiteux que les esprits vidés de leurs pensées s’effondrèrent enfin.

Deux jours. C’est le délai qu’ils s’octroyèrent pour panser leurs blessures et puiser de nouvelles forces. Chacun devait œuvrer en priorité à se remettre de ses épreuves s’ils espéraient tous ensemble surmonter celles à venir. À coup sûr, leurs splendides plans, élaborés au terme de vives et pesantes réflexions, ne manqueraient pas de tomber à l’eau l’un après l’autre aussitôt entamé le tourbillon d’ennuis. Personne n’était dupe. L’avant-goût des tours de Nazukahi ne leur laissait guère d’illusions quant à leurs chances de succès. Aucun ne songeait à la survie. Autant se jeter d’une falaise et prier pour faire de vieux os.

Quo, en dépit de sa mélancolie, conservait une bonne forme physique comparée à ses compagnons. Aussi se chargea-t-elle de leur guigner une pitance revigorante. Les terres desséchées par les vents irritants cavalant à travers les chenaux montagneux n’offraient toutefois qu’un choix très limité en matière de faune et une flore aussi pauvre qu’une nuit sans étoiles. Dans les crevasses et les gouffres nichaient les crapauds-roc, en constante hibernation, moins vivants que la pierre mais le cuir plus épais que le diamant. Les étangs vert d’oxyde regorgeaient de menu fretin garni d’arêtes et au goût de rouille. Voilà tout ce qu’on trouvait à se caler sous la dent ; à moins d’une fringale de chardons en salade. Les buissons rabougris ne donnaient que des épines. Le sol dur, aride et acide tuait toutes les racines. Pour boire l’eau, ivre de soufre et autres poisons sécrétés par la terre volcanique, la chauffer ne suffisait pas, les sortilèges de Nellis étaient nécessaires.

Nuit comme jour, les rêves se peuplaient de baies juteuses, de racines dodues et de champignons gros comme des pastèques agrémentés de rôti de léporursidé bien gras et de queue de castorpollux en croûte. Du moins quand ils n’étaient pas dérangés par les cauchemars.

Les plus grandes affres succèdent à la bataille. Reyn le savait mieux que quiconque. Pour le survivant, pas l’ombre d’un horizon de victoire, ni d’espoir de retraite ; la lutte se poursuit, encore et encore, contre la folie latente. L’esprit ne se répare pas comme une masure quand il est soufflé par la tempête, il doit supporter les pluies et le froid. Il pourrit dans l’œil du cyclone, survit jusqu’à épuisement.

L’elfe à la crinière cendrée guettait chez ses compagnons la ribambelle de symptômes divers et variés de ce fléau, privé de nom et pourtant universel. Jilam se révéla bien vite à ses yeux le plus touché, pour l’unique raison qu’il paraissait le moins atteint. Ses paroles et ses mimiques inépuisables n’étaient que leurres visant autant à tromper son entourage qu’à se mentir à lui-même. Les mensonges. Un univers authentique de duperie. Le garçon parlait sans arrêt au point de donner mal au crâne à Reyn, une vraie langue-de-gnome. Mais si on prenait un tant soit peu garde à ses bavardages, et qu’on excluait tout ce qui échappait à l’expression de ses sentiments personnels, il s’avérait que le jeune homme n’avait quasiment pas prononcé de vrai mot depuis que l’elfe avait émergé de sa léthargie. »

Conserver ses secrets était une chose, les laisser vous dévorer morceau par morceau en était une autre. Mais Reyn se sentait bien la dernière personne au monde en mesure d’aider le jeune homme à extirper les siens. Ses propres secrets la rongeait depuis nul ne sait, y compris elle-même, combien de lustres de lunes. L’intérieur n’était plus que pourriture. Qui imaginerait la chenille venir conseiller la feuille sur sa façon de pousser ? L’ironie de sa situation lui arrachait des crises d’hilarité constamment, et sans que cela l’aide à expulser ses émotions, qui pourrissaient en elle et lui infligeaient d’affreux maux de ventre. Elle ne pouvait s’empêcher de grimacer chaque fois qu’elle croisait le regard d’autrui, ou bien éclatait de rire sans raison apparente. Ses larmes, en revanche, demeuraient absentes. En fin de compte, rien n’avait changé.

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