Depuis un an c’est moi le psychiatre et quelquefois il y a des trucs marrant dans les observations comme
Fait peur
A mit le feu à une poubelle car son date Tinder n’est pas venu
A fait une tentative de suicide avec une infusion de laurier rose
OK ça ce n’était pas drôle mais félicitons l’idée, ce mec est un génie quand même !
Moi la seule TS que j’ai faite, j’avais 15 ans, j’ai pris 3 Doliprane je peux vous dire que je n’ai pas eu le même résultat.
Moi : Aucune conséquence
Patient : 3 semaines en réanimation
Il gagne.
Ces patients je les retrouvais tous les mercredis au groupe de parole du service. Et il s’est avéré que le patient qui fait peur était surtout inadapté. Par exemple, une fois il a levé la main pour poser une question fort intéressante : “ Mais madame, c’est quoi un anus ?” alors que nous ne parlions pas du tout d’anus mais visiblement on en revient toujours au trou de balle.
Le groupe de parole c’est aussi l’occasion pour les patients de reparler de ce qu’ils ont fait en crise avec du recul. Et il y en a un qui nous a raconté son aventure.
Le patient VS une caissière
– Donnez-moi la caisse !
– Euh… Non
– D’accord merci quand même.
Des fois, même souvent, les patients en ont marre de l’HP du coup ils fuguent. Et moi j’habitais juste en face de l’hôpital donc quand je sortais de chez moi je me retrouvais souvent face à face avec un patient qui se barrait. Et moi je savais qu’ils n’avaient pas le droit vu que j’étais leur médecin, mais en même temps je n’étais pas en train de travailler donc un peu la flemme. Donc ma technique consistait principalement à faire semblant de pas les voir. Sauf une fois.
Alors pour contextualiser j’étais sortie avec la psycho du service, et j’étais tranquillement en train de rentrer avec 4g dans chaque bras “L’abus d’alcool est dangereux pour la santé” et je tombe nez à nez avec mon patient chouchou. Alors arrêtez de mentir les soignants, vous avez tous votre patient chouchou avec qui vous êtes un peu plus sympa qu’avec les autres. Bref, je ne pouvais pas utiliser la technique habituelle étant donné qu’on s’était presque rentré dedans, je vous rappelle j’étais bourré et lui avait fumé son poids en cannabis. On s’est donc assis sur un banc, lui racontant des trucs qui n’avaient aucun sens, moi essayant de garder la face pour qu’il ne capte pas que j’étais encore plus fracassée que lui.
J’aime votre plume intelligente dévoilant avec légèreté l’envers de votre décor et des cabossés de la vie…
Instants de vie qui peuvent paraître incongrus et qui pourtant existent. De la légèreté et de la drôlerie dans ce texte qui sont un plaisir à lire.