Il m’accoste à un passage piéton. Il me demande mon nom, mon âge, où j’habite. Classique. Je donne quelques vérités, mais surtout, je mens. On m’a appris à me méfier, à me protéger. Il me dit que je suis belle, me fait des avances. Je dis merci. Je les décline poliment. Le petit bonhomme passe au vert, je fais un pas en avant. Il m’attrape par la taille, me plaque contre lui, m’entraîne en avant. Soudainement. Je me débats, mais j’essaye d’éviter l’esclandre. Je lui dis de me lâcher, il resserre sa prise. Je suis mal à l’aise. Non, angoissée. Il se met à me caresser, continue de me parler. Comme si j’étais un objet. Comme s’il me possédait. Il est trop près. Je finis par élever la voix, par violemment le repousser. Je fais un tour d’horizon, la foule évite consciencieusement mon regard. Je comprends qu’aucune aide ne viendra. Je panique. Je reprends ma route. J’avance vite. Il me hèle. Il me suit. Me poursuit. J’accélère encore. Enfin, j’aperçois mon salut. Le centre commercial. J’y ai rendez-vous. J’entre. Ou plutôt, je m’y précipite. Directement, je me plante près du vigile. Je repousse une montée de larmes, je tremble. De peur, de honte, de rage. J’attends, quelques instants, pour être certaine qu’il ne m’a pas suivie. Il s’est volatilisé. Pour autant, je ne suis pas rassurée. Finalement, je retrouve mon amie. Je lui dis tout, elle me demande si je ne préfère pas annuler notre sortie. Je nie, même si j’ai envie de dire oui.
Je me sens sale. Je suis dégoûtée. Mais surtout, je suis indignée.
Pendant les semaines qui suivent, je ne me sens plus en sécurité.
Le respect, avant tout… sans lui, rien ne peut être… ou si peu… si mal…
J’ai mis j’aime mais difficile avec le poids de ces mots.