Paradis

Je me remémore la caresse du soleil sur mon visage, l’odeur unique de la plage, l’air chaud et épais courant sur ma peau, la salinité de l’eau, le bruissement des feuilles des grands cocotiers, mes doigts de pieds s’enfonçant dans le sable chauffé… et je sais.

J’appartiens à cette terre qui m’a adoptée.

Je me rappelle cette sensation curieuse et familière des petites ventouses des étoiles de mer qui s’accrochent à ma paume, qui me chatouillent. La sensation râpeuse des pics qui les recouvrent. Je me souviens de ces après-midi passés à plonger, avec un masque qui prenait l’eau pour les dénicher.

Je songe au bonheur que ça me procurait.

C’était des petits rien qui ensoleillaient nos journées. Une glace à la coco, un soleil de plomb, une eau translucide, un sable brûlant sous nos pieds et de faire du beach-volley. C’était nos peaux bronzées qu’on affichait avec fierté. C’était ces instants infinis, comme suspendus du temps, où s’entremêlaient éclats de rire et conversations. C’était ces gens, ces paysages, cette ambiance, ce patrimoine. C’était un petit bout de paradis.

C’était ça, ma vie.

Je me souviens de rires, de soleil, de câlins, de conversations, de plage, d’humidité, d’amitié, d’entraide, de blagues, de joie, de bonheur.

Je me souviens d’amour et de chaleur.

C’est vrai. On allait rarement au cinéma, il n’y avait qu’une fois par an le cirque et une espèce de mini fête foraine. A Noël, on décorait pas vraiment la maison, on avait juste le sapin et deux-trois décorations. Pour Pâques, ma mère cachait les œufs en chocolat dans le jardin, mais si on les trouvait pas rapidement, il fondaient et on avait les doigts collants. Pendant les grandes vacances, on partait pas à Disney Land, on allait juste rendre visite à nos grands-parents.

Peut-être que les enfants du continent avaient tout ça, et sans doute plus encore. Mais nous, on avait la plage. Pour chacun de ces événements, et tout le temps. Et franchement, c’était bien suffisant.

Il n’y avait pas de meilleure vie. Ou peut-être que si. Mais je m’en moque.

Moi, j’étais heureuse.